Ce matin nous sommes « comme un lundi », ça tombe bien parce que je viens de rendre que nous SOMMES lundi. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est toujours plus difficile d’écrire le lundi matin, parce qu’en général le marché était fermé la veille et qu’il faut se reconcentrer pour avoir des trucs à dire. En général, on se refait le bilan de la semaine et on regarde ce qui va vraiment compter ces prochains jours, mais comme là on est on plein conflit israélo-palestinien et que les marchés ne s’en préoccupent que le dimanche et le lundi matin, on fait semblant de se concentrer sur le sujet. On va donc entamer la semaine avec de la géopolitique saupoudrée avec les chiffres du trimestre.
L’Audio du 16 octobre 2023
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Mal à la tête
Le dernier chiffre macro qui a été publié aura été le CPI la semaine dernière et, pour être franc, on a connu mieux. Nous avons donc fait ce qu’il fallait pour qu’il ne nous pèse pas trop sur le moral : on a essayé de l’oublier. Les opérations militaires se poursuivant dans la bande de Gaza, les Iraniens ont tout de même réussi à déclarer que si Israël continuait de bombarder, ça allait mal se finir et comme Israël n’en a strictement rien à foutre de l’avis de l’Iran, on sait déjà que « géopolitiquement », le début de la semaine va être une promenade de santé.
Et c’est pourtant cela qui est étrange. Quand vous lisez les gros titres de la presse, vous angoissez déjà à l’idée d’ouvrir votre écran de trading parce que les futures doivent être la cave et que le pétrole doit friser les 100$… Mais que nenni. Nous sommes légèrement en hausse sur les futures et le pétrole est collé à 86$. Du coup, on a vraiment l’impression que les marchés son capables de s’immuniser contre à peu près tout. À l’heure actuelle, on se fout pas mal des déclarations politiques des uns et des autres, on a tourné la page sur le sujet de la macro – en tous cas jusqu’au FOMC Meeting qui commencera le 31 octobre et on va se concentrer sur les chiffres du trimestre, pour autant que l’Iran se contente uniquement de balancer des paroles en l’air.
Départ en douceur
Durant le week-end, il n’y a pas que les Iraniens qui ont bossé, il y aussi Biden qui brassait de l’air durant 48 heures en menaçant même d’aller visiter Israël ces prochains jours, comme si ça n’était pas assez compliqué comme ça. Et puis, comme le monde ne s’arrête pas de tourner, il y a Rite Aid, les pharmacies américaines ont qui plus de 2’000 enseignes aux States, qui se sont mis en faillite hier. Ça n’est pas que c’est hyper-important pour le marché, mais disons que ça fait partie du tissu du moment que malgré une économie qui (soi-disant) pète la santé, tout n’est pas rose aux USA.
Mais nous sommes quand même dans les starting-blocks pour la semaine, mais visiblement ça ne sera pas LA journée de la semaine. Pour le moment, on peut se raccrocher aux bla-bla de ces 48 dernières heures, noter que les faillites augmentent aux USA, que les stratégistes sont plus partagés que jamais sur l’avenir des marchés – le meilleur exemple étant les extrêmes du moment par rapport aux objectifs de fin d’année. Là tout de suite, il nous reste 52 jours de trading et quand vous fouillez un peu les objectifs de tout un chacun, vous vous rendrez compte que le plus optimistes parie sur 500 points de plus sur le S&P500 et le plus pessimiste, parie sur 500 points de moins. Nous voici donc coincé dans une fourchette de 1’000 points sur l’indice, une dette qui explose aux USA et deux guerres qui promettent de ne pas s’arrêter tout de suite. Même si Wall Street a clairement fait comprendre que tant que pétrole n’irait pas à 100$ ou que le Moyen Orient ne se challengeait pas à coup de bombes atomiques, ils feraient comme si de rien n’était. C’est en tous les cas le sentiment que ça donne.
L’Asie a quand même des doutes
Même si les marchés ont l’air de se désintéresser du conflit du moment, les indices asiatiques ne sont pas non plus au top de leur forme. Le Nikkei est en baisse de 1.9% alors qu’Hong Kong et la Chine reculent de 0.4%. La crainte d’une contagion dans le Moyen Orient est tout de même sur toutes les lèvres, même si Monsieur Blinken, chef de la diplomatie américaine – diplomatie américaine, c’est quand même un mot que j’adore – c’est comme quand on dit « médiation » dans un divorce, tu sais très bien qu’il y en a un des deux qui va se faire défoncer, mais ça donne l’impression que c’est pour le bien de tout le monde – sauf de celui qui se fait défoncer, bien sûr. Mais je m’égare. Donc Monsieur Blinken a déclaré que les pays arabes de la région lui avaient confié qu’ils ne « voulaient pas d’escalade militaire » et puis comme on sait que les pays arabes de la région sont absolument fans des Américains, on peut être certains qu’ils disent la vérité vraie.
Enfin bref, l’Asie est sous pression, les futures américains sont en hausse, le pétrole est à 86.46$, l’or est à 1932$ et on commence à voir apparaître les premiers objectifs à 2’100$ – en attendant que l’on reparle des 3’000$. Côté Bitcoin il ne se passe rien et on y reviendra quand les cryptos se réveilleront après le procès FTX.
Les nouvelles du jour
Pour ce qui est des nouvelles du jour, je vous recommande d’apprendre par cœur la liste des publications trimestrielles, parce que ça sera l’occasion d’avoir quelque chose à dire. Sauf que là, pas de bol, nous sommes lundi et il n’y pas encore de publications qui sont censées nous intéresser. C’est demain que ça va commencer à chauffer. Cette semaine on va sûrement commencer à parler un peu plus de Tesla. Tesla qui publiera mercredi soir et qui devrait peut-être nous apporter un peu de piment sur les marchés, puisque les rabais et la baisse des ventes pourrait être un problème digne d’intérêt, puisque ça ne sont pas les chiffres de Goldman Sachs et de Morgan Stanley qui vont changer la face du monde.
Du côté des chiffres de la journée, nous aurons le Trade Balance en Europe et le New York Empire State Manufacturing Index qui est susceptible de nous faire parler, mais qui a peu de chance de faire changer la FED d’avis sur les taux. Là tout de suite, j’ai le sentiment que l’on pourrait bien être parti pour une des séances les plus chiantes de l’année, mais en général, quand je pense ça, c’est le jour où le DAX se prend 2% dans les dents et que la volatilité monte à 30%, alors il y a encore de l’espoir qu’il se passe un truc d’intéressant, mais là tout de suite, j’ai quand même un peu l’impression qu’il va quand même falloir attendre demain que l’on se réveille du week-end !
Passez une excellente journée et dites-vous que jeudi, nous serons le 19 octobre 2023 et qu’il y à 36 ans c’était le Krach de 1987… Et que j’étais déjà là à regarder le marché tomber. Bon, je me vais me mettre en PLS sous le duvet et attendre que ça passe pour vous retrouver demain !
Force et courage, comme dirait l’autre !
Thomas Veillet
Investir.ch
“Live each day as if your life had just begun.” —Johann Wolfgang Von Goethe