Si j’avais été payé 1’000$ chaque fois que j’ai écrit : « on attend tel ou tel chiffre qui DEVRAIT nous permettre d’y voir plus clair et de mieux comprendre le plan de marche de la FED », je crois que j’aurais arrêté de travailler depuis longtemps et que j’aurais pris ma retraite sur une île paradisiaque à compter les coquillages. Pourtant, nous y voici encore. La journée d’hier aura été une de ces journées qui ne sert à rien parce que TOUT LE MONDE attend le CPI de cette après-midi pour savoir si la FED va encore monter les taux une dernière fois ou est-ce que ça sera définitivement officiel qu’il n’y aura plus JAMAIS de hausse des taux… Et puis après, on attendra le prochain chiffre.

L’Audio du 14 novembre 2023

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Il y a toujours un prochain chiffre

Oui, parce qu’il ne faut pas se leurrer et il faut arrêter de croire que Powell a noté dans son agenda : « ne pas oublier de checker le CPI du 14 novembre pour savoir si j’arrête définitivement de monter les taux ». Une fois que ce dernier aura été annoncé et que l’ensemble de la communauté des analystes financiers, des économistes et des autres experts de la finance auront donné leurs avis sur les chiffres de cette après-midi. On va se caler dans notre chaise de bureau avec le petit cintre derrière pour accrocher la veste du costard et on va se plonger dans la liste des PROCHAINS chiffres économique pour savoir lequel va nous donner la réponse définitive que nous attendons. La réponse qui nous dira où sera le S&P500 le 14 novembre 2024 !

Ce qui est le plus phénoménal dans cette attente et ce suspense insoutenable qu’on dirait que c’est Hitchcock qui a écrit le scénario, c’est que l’on pense VRAIMENT que CE CHIFFRE va nous permettre immédiatement de SAVOIR ce que la FED va faire ensuite. Surtout que la quasi-totalité de ce que nous avions PRÉVU au sujet de la FED, nous nous sommes magistralement gourés. Mais c’est bien, on est motivé. Même si on est tout le temps à côté de la plaque, on veut toujours croire que l’on peut faire mieux. On peut rêver.

Bref, on a attendu le CPI.

Une journée dans une salle d’attente

Le fait d’attendre le CPI a donc permis aux marchés US de ne RIEN faire. Le Dow Jones montait de 0.16% et nous offrait notre première Death Cross sur l’indice historique américain. Le S&P était en baisse de 0.08% et le Nasdaq reculait de 0.22%, même avec Nvidia qui alignait sa 10ème séance de hausse consécutive et qui se rapprochait de ses plus hauts historiques. Un tel alignement de séances haussières n’était plus arrivé depuis 2016. Mais ça n’a pas suffi pour faire monter le Nasdaq qui – pour une fois – ne montait pas le lundi.

En Europe, on était un peu plus enthousiaste – pour des raisons que j’ignore – mais la plupart des indices terminaient en hausse que ça soit à Paris, Francfort, Milan ou même Zürich ! On attend donc les chiffres de l’inflation pour le mois d’octobre et ces derniers sont censés nous changer la vie. Le Core CPI devrait être le même que le mois dernier et le CPI tout court devrait sortir à 3.3% contre 3.7% parce que le pétrole a baissé. Si ces chiffres ne montrent pas de « mauvaise surprise ». On va pouvoir clairement commencer à garantir avec certitude que la FED ne montera pas les taux en décembre non plus. Pour le moment, il y a encore 27% des gens qui pensent que cela pourrait se produire. Mais on a le sentiment que si le CPI sort « en ligne avec les attentes » – on va pouvoir commencer à se dire que Powell pourrait commencer à pivoter lors du meeting de décembre et qu’en janvier, il sera dovish. Il faut dire que l’on interprète TELLEMENT bien son comportement depuis 2 ans que ça serait QUAND MÊME surprenant que l’on se goure.

Bref, on a attendu le CPI.

La réflexion est sur la table

Et comme il n’y avait pas grand-chose à dire, à raconter et que l’on a principalement passé notre temps à ATTENDRE, il y a eu deux-trois commentaires qui auront au moins égayé la journée. On commencera par l’analyse de la Death Cross sur le Dow Jones. Donc, en général – pour ceux qui ne savent pas – lorsque la moyenne mobile des 50 jours passe sous la moyenne mobile des 200 jours, on considère que c’est un signal de « tendance négative à venir » sur l’indice concerné. Pour le moment, les deux moyennes se trouvent plus ou moins au même niveau et il y a déjà deux camps qui s’affrontent : ceux qui pensent que C’EST UN SIGNAL BAISSIER et ceux qui pensent que ça n’est PAS UN SIGNAL BAISSIER (parce que la moyenne mobile des 200 jours, elle ne pointe pas vers le bas. On voit qu’on est vraiment super occupé en attendant le CPI, parce que pour se lancer dans des débats pareils, sachant qu’à la fin, ça marche une fois sur deux – faut vraiment s’ennuyer profondément.

Pendant que les « experts en analyse technique » débattaient sur l’avenir des moyennes mobiles dans la finance moderne, il y avait une tripotée de « gourous » qui étaient de sortie. Tout d’abord il y a eu les gars de Goldman Sachs qui – après avoir annoncé la veille qu’il n’y aurait pas de récession – sont venus nous prévenir que le S&P500 allait monter de 8% en 2024 et que ça allait bien se passer parce que l’économie et l’emploi allaient faire tout ce qu’il faut pour que ça fasse plaisir à la FED et puis qu’en plus – comme c’est une année électorale, ça va rigoler. Surtout quand tu te dis que l’on va avoir droit à un affrontement entre un futur repris de justice en combinaison orange et un vieillard grabataire qui ne sait plus comment il s’appelle et qui est terrorisé par les marches d’escalier. God Bless America – ils vont en avoir besoin.

Prévisions ou prédictions toujours…

Et puis, toujours au même chapitre, il y a le CIO de Universa Investment – Mark Spitznagel – connu comme étant un des Hedge Fund Manager des plus négatifs – qui a même Nassim Taleb à l’advisory board de son fonds. Spitznagel a déclaré que – selon lui – un KRACH MONSTRUEUX se rapprochait à toute vitesse. En effet, selon lui la « bulle du crédit américain » va bientôt finir par nous exploser en plein visage et que ça sera très très moche. Selon lui, le krach de 29 c’était les vacances à côté de ce qui nous attend. Il n’a pas précisé la date de l’explosion, mais disons qu’il avait l’air plutôt convaincu de ses dires. Encore un « Bear » de plus. Par contre, moi je suis short sur le S&P500, alors si on pouvait se dépêcher un peu, je suis preneur.

Et puis il y a aussi eu l’UBS qui a annoncé que selon eux les taux allaient baisser de plusieurs pourcents en 2024 – trois très exactement – ils estiment que la FED va devoir intervenir parce que l’économie va ralentir et que le PIB va friser la récession. Je ne sais pas qui il faut écouter ce matin, mais on a connu des commentaires plus joviaux. Peut-être qu’il faut attendre les chiffres du CPI de cette après-midi pour que l’humeur soit un peu plus légère – une fois que l’on aura la certitude que la FED ne montera plus jamais les taux et que l’on pourra se concentrer sur le PPI de demain qui va sûrement – lui aussi – nous changer la vie.

L’Asie ce matin

La plupart des actions asiatiques sont légèrement en hausse récupérant une partie de leurs pertes récentes alors que les investisseurs sont en position « brace-brace-brace » en attendant, je vous le donne en mille : l’inflation américaine. La Chine est toujours à la traine avec des chiffres économiques qui sont toujours très très moches. Le pétrole est à 78.53$, l’or est à 1947$ et le Bitcoin est à 36’500$.

Pour le reste, il me semble inutile de vous raconter que tout le monde est dans les starting-blocks pour le CPI – que l’Asie attend de voir ce que va donner la rencontre en Xi-Jinping et Biden – pendant que Taïwan n’arrête pas de crier à l’aide pour ne pas se faire envahir par la Chine. Le conflit entre Israël et le Hamas n’intéresse plus les marchés, ni le pétrole. Emirates commande des Boeing comme si ça ne coûtait rien et on attend les premiers chiffres des Retailers qui pourraient nous donner le ton sur la consommation américaine. Il y a d’ailleurs plusieurs articles qui reviennent sur le fait que de plus en plus d’Américains sont dans une situation plus que délicate en ce qui concerne leur endettement et que c’est pareil pour le gouvernement. Nous sommes mardi matin et sans accord de la part des politiciens américains, le gouvernement sera fermé vendredi soir. On n’en parle pratiquement pas et les « spécialistes » pensent qu’ils vont à nouveau botter en touche pour repousser ça en janvier – c’est vrai qu’il n’y a vraiment pas de quoi s’exciter avant les fêtes non-plus…

Chiffres

Côté chiffres économiques du jour – mis à part le CPI qui est notre obsession – il y aura le PPI en Suisse, un discours de notre génial patron de la BNS, le ZEW en Allemagne et en Europe, ainsi que le PIB européen. Et puis, je ne sais pas si je vous ai dit, mais il y aura le CPI aux USA.

Pour le moment les futures sont en baisse de 0.01% – c’est de la folie – et moi je vous retrouve demain pour parler du CPI. Non, parce que je ne sais pas si je vous ai dit, mais.. Enfin, bref, aujourd’hui, il y a le CPI.

À demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

“In the end, it’s not the years in your life that count. It’s the life in your years.” —Abraham Lincoln