Jusqu'à présent, 25 % des sociétés du S&P500 ont publié leurs résultats pour le Q4 2023, 71 % de ces mêmes sociétés ont battu les attentes. On est très content de le savoir. On a un peu eu tendance à oublier que la plupart des analystes avaient revu leurs attentes au raz des pâquerettes, histoire de ne pas être déçu. Mais pour être franc, tant que c’est une bonne nouvelle, le marché se fout totalement de ce genre de considérations. Nous sommes dans un bull market séculaire, L’IA va nous amener au ciel pendant les 12 prochains mois. Et après on verra. Hier on a battu de nouveaux records historiques et dans les prochains jours, on va aller chercher les 5'000 et puis c’est tout !

L’Audio du 30 janvier 2024

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On SAIT

Oui, bien sûr on sait que les valorisations ne sont « pas cadeau ». Oui, on sait que les Magnificent Seven sont responsables de la hausse de ces 12 derniers mois à eux tout seuls et qu’ils n’ont pas le droit de se rater cette semaine. Oui, ON SAIT que la FED n’est pas encore convaincue de baisser les taux en mars parce que les chiffres économiques sont contradictoires – et cela, même si Goldman Sachs vient de répéter qu’ils sont convaincus que la FED baissera les taux en mars et que le ralentissement du marché du travail va RAPIDEMENT se faire sentir pour permettre cela – Oui ON SAIT que les valorisations sont complètement irréelles, mais comme on est super-confiant pour l’avenir, il n’y a pas de raison de se poser des questions. La croissance économique est à sont top, l’intelligence artificielle va nous TIRER le marché à la hausse.

Il y a même BlackRock qui vient d’upgrader les actions américaines estimant que l’IA allait permettre de voir la continuité du bull market pour encore 6 à 12 mois. Et si BlackRock vous dit que le marché va monter et que Goldman Sachs vous dit que les taux vont baisser, sans être complotiste, vous pouvez déjà vous dire que les 5’000 points sur le S&P sont une évidence et même pas une probabilité. Hier le S&P500 a terminé au plus haut de tous les temps à la veille des publications trimestrielles des 5 plus grosses boîtes du monde, à la veille d’un meeting de la FED qui pourrait être le dernier avec des taux aussi élevés et à trois jours des publications des chiffres de l’emploi pour le mois de janvier. À ce stade-là, ça n’est plus du courage ; c’est de la conviction. On SAIT qu’on va aller plus haut. ON SAIT que l’économie va cartonner et ON SAIT que tout va bien se passer sur ABSOLUMENT tous les sujets macro-économiques et micro-économiques.

L’infla-quoi ?

Depuis plus de deux ans, nous étions devenus totalement obsédés par l’inflation. Il était impossible de passer un ordre de bourse sans faire une révision complète du sujet et en parler sans arrêt, tout le temps et en permanence. Oui, parce que tout le monde avait son opinion sur l’inflation et la FED en avait fait son cheval de bataille. Mais là, depuis quelques jours, on ne parle plus que de baisse des taux et des records historiques. L’inflation semble être passée au second plan et même si le pétrole frise les 80$ plus personne ne bronche.

Les Américains sont en train de débattre pour savoir s’ils doivent bombarder les positions Houthis directement et ou si ça n’est pas plus simple de bombarder directement l’Iran. Certains Sénateurs sont d’ailleurs en train de pousser dans ce sens. Ce qui aurait encore une fois des conséquences désastreuses sur le Moyen Orient et sur les cours du pétrole. Mais tout le monde s’en tape. On est juste hyper-impatient de voir les chiffres des Magnificent Seven qui vont sûrement nous montrer la voie. On est ultra-convaincu que si les cinq qui vont publier cette semaine ne déçoivent pas, la route sera tracée dès vendredi, on pourra parler de nouveau « millier » sur le S&P.

Bref, hier on a battu des records et ce soir, il y a Microsoft et Google et demain, il y a la FED.

En Asie

Ce matin l’Asie est en baisse un peu partout. Hong-Kong est sur la première marche du podium avec une baisse de près de 2%, pendant que la Chine recule de 0.6% et que le Japon oscille entre rouge et vert. Le pétrole revient (pour le moment) à 77$ – en attendant que les Ricains déclarent la guerre à l’Iran (ou pas). L’or est à 2050$ et le Bitcoin frise les 43’500$.

Pour le reste et mis à part le fait que BlackRock est chaud-bouillant sur les actions américaines, il y a quand même deux-trois déclarations qui ne sont pas très encourageantes et motivantes pour la suite des évènements. Alors oui, je le reconnais, ça n’est pas très important puisque tout le monde se fout des mauvaises nouvelles, mais il faudra tout de même retenir que Jamie Dimon, le patron de JP Morgan est revenu sur le devant de la scène pour mettre en garde le marché et le monde entier, parce qu’il pense que la dette du gouvernement américain pourrait devenir un énorme problème très rapidement. Il parle de rébellion parmi les créanciers du gouvernement et que, selon lui, la dette US est une falaise et que nous sommes en train de rouler à 100 km/h en direction de cette falaise.

Mais heureusement tout ira bien dès ce soir

Il y a aussi le stratégiste de Mizuho qui pense que le chômage va exploser d’ici la fin de l’année et qu’il devrait atteindre les 6 ou 7% très rapidement. Ensuite le « hard-landing » sera inévitable. Alors oui, quand on regarde ce qui se passe du côté de certains analystes qui essaient de tirer la sonnette d’alarme, on peut se dire que l’on est quand même vachement résilient et que plus rien ne nous fait peur. Et on aura bien raison. De prime abord, le marché attend juste de savoir si les Magnificent Seven vont décevoir ou pas – même si à priori, on est déjà plutôt convaincu que ça sera du « OU PAS » et que tout va bien se passer. Et une fois que l’on saura que Microsoft et Apple vont bien aller chercher 4’000 milliards de capitalisation boursière, la FED pourra faire ce qu’elle veut avec les taux, les marchés monteront quand même au firmament.

Je l’ai déjà dit dans cette chronique : la confiance est à son top et rien ne semble pouvoir nous arriver. Les indicateurs contrariants tels que le Greed and Fear, le put/call ratio ou encore la volatilité (l’indice VIX), montrent clairement que nous sommes hyper-confiants (peut être trop confiants), mais l’optimisme dans lequel nous sommes nous permettra toujours de dire que « oui, le Greed and Fear à 77, c’est beaucoup, mais on peut encore monter de 23 points avant de voir les 100 !!! »

Les autres nouvelles

Autrement on retiendra que Musk a annoncé qu’ils avaient implanté la première puce Neuralink dans un cerveau humain et qu’une fois que le patient aura totalement récupéré, il pourra interagir avec un pc ou smartphone en utilisant cette puce. En gros, il pourra scroller sur Tik-Tok sans utiliser les mains. Un petit pas pour l’homme mais un pas de géant pour les réseaux sociaux. Pendant que Musk fait joujou avec le cerveau de ses clients, Dan Ives de chez Wedbush a publié un rapport dans lequel il explique ce que – selon lui – Tesla doit faire pour corriger le tir. Un des points principaux serait que Musk se concentre à 100% sur la gestion de Tesla. Je crois que l’on peut déjà dire – en suivant le compte « X » de Musk, que ça n’en prend pas le chemin. Du coup, les deux autres choses à faire ne sont pas si importantes.

Et puis, en attendant Microsoft et Google ce soir et Pfizer ce matin, on va encore se gaver d’un discours de motivation, puisque Jon Wolfenbarger, un vétéran qui est dans le marché depuis 30 ans, s’attend à ce que les actions s’effondrent et à ce que l’économie américaine bascule dans une récession prolongée. Il a mis en évidence plusieurs indicateurs économiques qui annoncent un ralentissement, ainsi qu’une détérioration des bénéfices, des actions surévaluées et une « exubérance irrationnelle » similaire à celle de la bulle technologique du début des années 2000. Et ce qui fait le plus peur c’est que je suis assez d’accord avec lui. Mais ce qui fait encore plus peur c’est qu’on le qualifie de « vétéran avec 30 ans d’expérience » et que je suis là depuis 33 ans…

Les chiffres du jour

Pour aujourd’hui, en plus de toutes les publications trimestrielles – comme Microsoft Google et AMD, nous aurons également le PIB en France – alors que Macron a prévu ENCORE une fois de se barrer du pays pour aller se promener en Suède avec Brigitte. Comme à chaque fois que le pays est à feu et à sang, le Roi se barre. On ne sait jamais. Il y aura aussi le PIB en Europe et puis le Consumer Confidence et les JOLTS aux USA. On notera aussi que les « experts » sont très inquiets du déroulement des élections américaines cette année. Il est vrai qu’il y a de quoi être terrorisé.

Actuellement, les futures sont inchangés et demain sera une autre chose, mais soyez sûrs que tout aura changé et que l’on sera très excités en attendant la FED de demain soir. Passez une excellente journée et soyez prêts à parler Intelligence Artificielle avec les chiffres de Microsoft de ce soir.

À demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

“The most important thing is to try and inspire people so that they can be great in whatever they want to do.” —Kobe Bryant