La semaine dernière s’est terminée avec les chiffres de l’emploi et Nvidia qui nous a fait une cascade mémorable que l’on n’attendait plus. Et je peux déjà vous dire que l’on va reparler des deux évènements en ce lundi matin, parce qu’il faudra bien meubler en attendant les chiffres de l’inflation qui vont arriver mardi. Puis ceux des prix à la production. Une fois que ça sera fait, nous devrions pouvoir confirmer la date de la première baisse des taux promise en cette extraordinaire année 2024 qui frise la perfection.

L’Audio du 11 mars 2024

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Retour sur les chiffres de l’emploi

En ce qui concerne les chiffres de l’emploi, on ne va pas y aller par quatre chemin – tout d’abord on nous prend clairement pour des cons lorsque l’on voit les publications de ce mois et les corrections du mois dernier, mais en plus de toutes manières, les dés étaient pipés, le marché ne pouvait qu’être satisfait, peu importe les chiffres. S’ils étaient trop forts, c’était que l’économie était extraordinaire et s’ils étaient trop faibles, c’était génial, parce que la FED allait pouvoir baisser les taux.

Et c’était encore mieux que bien, puisque le nombre d’emplois créés étaient nettement au-dessus des attentes, encore une fois (bien que ça sera sûrement corrigé le mois prochain). On attendait grosso-modo 200’000 créations d’emplois et c’est sorti à 275’000. Le taux de chômage était attendu à 3.7% et il est sorti à 3.9%. Vous avez donc le « perfect mix » – plus d’emplois pour dire que l’économie cartonne et plus de chômage pour dire que l’emploi s’affaiblit quand même dans le sens de la FED. D’ailleurs je me demande si ça n’est pas directement Powell qui donne les chiffres aux autorités qui s’en occupent. Mais le plus drôle n’était même pas les chiffres du mois de février, le plus drôle c’est qu’ils ont encore réussi à réviser les emplois du mois de janvier et de décembre à la baisse.

Foutage de…

On n’en parle que très rarement, mais il faut tout de même retenir que ça fait tout de même trois ou quatre mois que les NFP’s sont nettement plus forts que les attentes et que, le mois suivant, on corrige à la baisse. Ce qui revient à dire que l’on nous donne des chiffres aujourd’hui – que nous, génies de la finance – nous prenons ces chiffres, nous les intégrons dans nos spreadsheets excel, nous les passons à l’intelligence artificielle, parce qu’on vit avec notre temps et qu’ensuite on prend une ou des décisions d’investissements. Sauf qu’en fait, comme la donnée de base est systématiquement fausse, le résultat de notre réflexion est complètement biaisé et ça n’est pas la première fois que ça arrive.

Sur le mois de janvier, on nous avait annoncé 353’000 créations d’emplois, mais là, on vient juste de ramener le chiffre à 229’000. Pour décembre, on nous avait dit 333’000 et ça sera finalement 290’000. En résumé, sur deux mois, ils se sont gourés de 167’000 emplois ou autrement dit : deux stades de foot américain. C’est pas qu’on peut les dédouaner en disant que c’est une goutte d’eau dans la mer. 167’000 Jobs à coté, sur deux mois ! Alors perso, je n’en sais rien, je ne suis pas économiste et encore moins statisticien, mais si les gars n’arrivent pas à faire leurs additions et leurs soustractions pour pouvoir publier les chiffres le premier vendredi du mois, IL NE FAUT PAS PUBLIER le premier vendredi du mois !!! Je ne sais pas moi ; on peut essayer de publier le DEUXIÈME VENDREDI du mois, histoire de voir s’ils sont moins nuls !

Mais bon, c’est pas grave, c’est DOVISH

Mais malgré ces chiffres à deux balles qui sont sortis vendredi, chiffres où les « experts » étaient faux, mais c’est même pas sûr, parce que si les chiffres sont corrigés le mois prochain, ils seront peut-être justes. Malgré ces chiffres manipulés, le marché a tout de même bien pris la chose, puisque dorénavant, on EST PRESQUE convaincu que la FED va baisser les taux en juin et en plus, main dans la main avec la BCE. Pour être franc, on est aussi convaincu que nous étions convaincus que les taux baisseraient en mars. Ce qui est déjà pas mal.

Alors le marché a plutôt bien réagi sur ces chiffres – même si l’on peut rester tout de même dubitatif – mais c’est ensuite sur Nvidia que ça s’est un peu moins bien passé. La star de ce début d’année a donc essuyé sont premier revers de ces derniers mois. Pourtant, il n’y a pas eu d’annonce, ou de gros évènement qui aurait justifié un sell-off massif. Mais Nvidia a tout de même plongé de 130 milliards de capitalisation boursière en l’espace de quelques minutes. Oui, parce que c’est un truc que j’ai oublié de vous dire : lorsqu’il s’agit de Nvidia, on ne parle plus en pourcentage ou en dollars, on parle EN CAPITALISATION BOURSIÈRE. En clair, le titre est allé chercher les 974$ – puisque l’objectif était de casser les 1040$ pour rattraper Apple – et puis tout d’un coup : rebuffade – la peur des 1’000$ sans doute – et le titre a perdu 100$ pour aller clôturer en baisse de 5.5%. Pas besoin d’être analyste technique pour vous dire que le candlestick de retournement est absolument gigantesque et immonde par la même occasion.

Et maintenant ?

Le problème avec ces titres qui sont en pleine « hype », c’est qu’il est toujours difficile de savoir si l’on peut appliquer les mêmes principes de lecture technique que l’on peut mettre en pratique sur des titres plus…classiques. Si l’on prend l’exemple de Super Micro qui s’est pris 30% dans les dents il y a quelques semaines, le retournement était méga-violent, mais le rebond qui a suivi cette espèce de capitulation était presque pire que le mouvement baissier.

En ce qui concerne Nvidia, il est difficile de dire ce qui va se passer maintenant. Ce qu’il faut savoir c’est que même durant le week-end le titre a traité activement sur les plateformes qui font du 24 heures sur 24. Alors oui, les volumes sont misérables et ça n’a rien à voir avec le marché régulier, mais il faut tout de même noter que durant le week-end, Nvidia est passée d’une baisse de 6% à une hausse de 3% avant de terminer en baisse de 2% par rapport à vendredi soir. On est clairement un peu tendu sur la valeur et on se pose des questions : est-ce trop cher ? Les valorisations sont-elles un peu exagérées ? Quelqu’un est-il au courant de quelque chose ? Nancy Pelosi a-t-elle vendu ses calls et acheté des puts ? Tous les scénarios sont dans la nature et la vie passionnant de Nvidia sera clairement une des attractions de la semaine. Encore.

Pour la suite

Ce matin le Nikkei est en chute libre après la publication du PIB. Les chiffres étant plus fort que les attentes, le marché s’attend clairement à la fin des taux zéro de la part de la BOJ. L’indice recule de près de 3%. Hong Kong remonte de 1.3% et la Chine est légèrement en hausse. Le pétrole est à 77.45$, l’or est à 2187$ et le Bitcoin se traite à 68’500$.

Cette semaine nous allons nous concentrer sur le CPI. Tout le monde a bien compris que si le chiffre de demain se contentait de NE PAS MONTER, cela devrait largement suffire au marché pour anticiper la baisse des taux dès le mois de juin. On peut discuter de la validité de ce chiffre, puisqu’un des membres de la FED a récemment déclaré que ce n’est pas LE CHIFFRE qui était utilisé pour prendre des décisions parce qu’il était mal calculé et pas assez représentatif et qu’ils préféraient le PCE. C’est d’ailleurs assez rassurant de savoir que l’on prend des décisions majeures sur l’avenir de marchés en se basant sur des données qui sont, soit fausses ou manipulées ou alors incomlètes et mal calculées. On sent vraiment que ça fait hyper-pro. Néanmoins, il va falloir se concentrer sur le sujet de l’inflation puisque l’avenir des taux en dépend, sans compter que le compte à rebours avant la FED est lancé, puisque le meeting aura lieu le 19 et 20 mars et que là tout de suite, les copains de Powell n’ont plus le droit de parler…

Les chiffres du jour

Coté chiffres du jour, il y aura le climat de consommation en Suisse et puis c’est tout, Je crois que je n’ai pas trop besoin de m’avancer en disant que l’on va parler du CPI de demain et du comportement de Nvidia avec peut-être un petit détour par le Bitcoin si ce dernier daigne nous faire un détour par les 75’000$.

Pour le reste, passez une excellente journée, un très bon début de semaine, et à demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

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