Et c’est reparti pour une nouvelle semaine. Une nouvelle semaine durant laquelle nous allons « attendre » des chiffres importants pour « SAVOIR » ce que va faire la FED. Oui, je sais vous aviez pensé qu’après avoir attendu les banques centrales la semaine dernière, tout serait plié et il n’y aurait plus qu’à attendre le mois de juin pour voir les taux baisser trois fois de suite comme c’était prévu. Mais en fait ; pas du tout ! La FED et ses déclarations sont déjà derrière nous. Alors oui, POUR LE MOMENT, on croit savoir que les taux vont baisser en juin parce que c’est ce que disait le DOT-PLOT de la FED, mais on va quand même attendre les chiffres du PCE de vendredi. On ne sait jamais.
L’Audio du 25 mars 2024
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Calme avant l’excitation
Il y a des lundis plus calmes que les autres. Des lundis matin où l’on se demande s’il ne serait pas plus simple de commencer directement le mardi, parce qu’il y aurait plus de trucs à dire et moins besoin de ressasser ce que l’on sait déjà. Mais c’est comme ça. Des fois, il faut quand même se remettre dans les starting-blocks en attendant le signal du départ pour une nouvelle semaine, même si l’on sait que ce qui va VRAIMENT faire bouger les marchés, ne sortira qu’en fin de semaine. Mais c’est pas grave, parce que l’homo-investissorus à cette immense capacité d’être capable de brasser de l’air en faisant croire qu’il sait quelque chose tout en attendant la confirmation de ce qu’il ne sait pas encore.
Une chose est sûre, ce matin c’est très calme et la confiance est absolue. Nous sommes au plus haut de tous les temps et lorsque l’on se plonge dans les médias du week-end, il ne fait aucun doute que personne n’a peur. Que les intervenants attendent simplement le « feu vert » pour racheter à la première occasion, à la première vague de prises de bénéfices. Mais comme il n’y a PAS DE PRISES DE BÉNÉFICES, on achète quand même. Actuellement, la question n’est même pas de savoir si les indices vont exploser d’ici la fin de l’année, la question est simplement de savoir « DE COMBIEN ILS VONT EXPLOSER ». Encore une fois, la peur de rater la suite du bull market est tellement forte qu’elle nous fait oublier le reste. Et le fait que nous sommes déjà montés de 30% en pariant sur une baisse des taux qui n’est toujours pas arrivée et qui n’est de loin pas encore confirmée.
La mémoire
La semaine dernière nous aura donc « rassurés » sur le fait que la FED a bien prévu de baisser les taux – si, c’est marqué sur le DOT-PLOT – et nous aura fait totalement oublier le fait que le DOT-PLOT n’est rien d’autre qu’un fichier excel et qu’en moins de trois minutes, la FED peut le modifier et le faire passer de : « on va baisser les taux trois fois d’ici Noël » à : « euh, en fait on parlait de TROIS FOIS d’ici Noël 2025 !!! ». Mais peu importe, je crois que jamais les investisseurs n’ont fait autant confiance à une économie et à une banque centrale qu’en ce moment. Pourtant, il y aurait de quoi l’avoir mauvaise, tant nos prévisions de ces 5 derniers mois se sont avérées être complètement à côté de la plaque.
Je ne reviendrais pas sur le fait que nous avions entamé l’année avec une conviction absolue de voir baisser les taux « au moins » 6 fois et que depuis nous sabrons le champagne parce que « normalement » ça devrait baisser 3 fois, parce qu’au-delà de ces considérations prévisionnelles qui sont extrêmement fluctuantes, les bourses mondiales sont définitivement en mode « OPTIMISTE » et il est de très mauvais goût d’oser rappeler que tout ne va pas si bien, si l’on prend le temps de creuser un peu plus loin dans les fondamentaux économiques.
Le futur
Mais peu importe, vendredi dernier le Nasdaq a terminé au plus haut de tous les temps, l’intelligence artificielle et Nvidia sont encore une fois les clés de la hausse et même les problèmes de croissance chinois et l’explosion de la dette un peu partout dans le monde ne perturbent pas le moins du monde l’écosystème du monde merveilleux de la finance dans lequel nous sommes. La hausse appelle la hausse et rien qu’à l’idée d’imaginer que le PCE qui sortira ce vendredi puisse démontrer qu’il y aurait une nouvelle embellie du côté de l’inflation, surexcite déjà les intervenants qui parient sur la hausse permanente des marchés financiers.
Oui, parce que vu l’altitude à laquelle nous nous trouvons, il est plus qu’évident qu’une correction de 5 à 10% serait somme toutes logique, mais pour l’instant on est tellement enthousiasmés par l’avenir de l’économie et des marchés financiers que l’on est incapables de prendre le moindre recul et de se dire que nous sommes déjà montés de près de 30% en pariant sur le fait que les taux allaient baisser 6 fois (au moins) en 2024. Qu’aujourd’hui nous en sommes à 3 baisses (éventuelles) et on continue de monter sans coup férir, se contentant simplement de se satisfaire du fait « qu’au moins on est sûrs que les taux vont baisser ».
Vendredi
En ce lundi matin nous commençons donc une semaine qui sera tronquée pour cause de week-end pascal et qui sera probablement axées sur les spéculations liées aux chiffres du PCE. Un chiffre légèrement en-dessous des attentes nous rassurera sur le fait que dans ces conditions – la FED n’aura pas d’autre choix que de baisser les taux – et un PCE plus fort que les attentes nous fera dire que c’est temporaire et que ça baissera sûrement le mois prochain, parce qu’il y aura CERTAINEMENT, à l’intérieur du PCE, une donnée qui laissera penser que « ça s’améliore lentement ». Ça ne sera sûrement pas le prix du cacao, mais on peut espérer que le prix du kilo de noix de macadamia baisse de 0.2% sur un mois, ce qui laissera entrevoir une embellie de plus au niveau de l’avenir des taux d’intérêts.
Tout ça pour vous dire que nous sommes lundi et que nous sommes résolument optimistes pour l’avenir, même si ce matin le Nikkei est en baisse et que la Chine et Hong Kong montent péniblement en attendant les prochaines données macro de la région qui ne manqueront pas d’être bien pourries et insatisfaisantes pour croire à la renaissance de la Chine. Nous allons occuper notre journée avec les speechs de Madame Lagarde et Monsieur Bostic, qui vont tous les deux nous donner un « preview » de leur sentiment sur l’économie et les taux des banques centrales et puis ensuite, la journée se déroulera tranquillement en attendant les premiers chiffres de la semaine qui seront vraiment intéressants, chiffres qui prendront la forme du PIB américain et qui ne manqueront de nous rassurer sur une économie US qui cartonne, comme à son habitude, bien aidée par la révolution de l’intelligence artificielle.
Là tout de suite…
La semaine a donc officiellement démarré, pour le moment le baril est à presque 82$ et refuse de baisser. L’or est à 2170$ et le Bitcoin se traite à 67’600$ – sans oublier que Madame Katie Wood a placé un nouvel objectif à 3.8 millions sur le Bitcoin. 6’500% de hausse potentielle pour ceux qui oseront être patients suffisamment longtemps. Bref, c’est lundi matin et le débat entre une possible correction et le fait de voir le Dow Jones franchir les 40’000 dès cette semaine, partage les intervenants, même si le côté bullish de la force semble nettement plus fort que le reste…
Passez une très belle journée et nous on se retrouve demain en espérant que la semaine aura VRAIMENT commencé !
À demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
“The trick is not to learn to trust your gut feelings, but rather to discipline yourself to ignore them. Stand by your stocks as long as the fundamental story of the company hasn’t changed.” Peter Lynch