Aujourd’hui on va faire très simple. Soit on peut parler de la séance d’hier, soit on peut parler du fait que VISIBLEMENT Israël n’a pas pu s’empêcher de répliquer à l’attaque des drones en carton de l’autre jour. Cette nuit, des explosions ont été entendues en Iran et il semble plutôt clair que la réponse du berger à la bergère a été faite. Il y a quelques heures, les futures ont plongé de 0.8% et le pétrole est monté de 2%. Quand on voit l’amplitude des mouvements, on ne peut pas dire que les bourses anticipent la 3ème guerre mondiale. Le problème réside quand même dans le fait que théoriquement, les deux pays sont dorénavant ex-aequo. Sauf que…

L’Audio du 19 avril 2024

Télécharger le podcast

Pas sûr qu’on s’arrête-là

Oui, sauf que comme personne n’est d’accord sur le fait de « QUI » a commencé et d’à partir de quand on commence à compter les points, c’est toujours difficile de dire que ça va se calmer. Je suis prêt à prendre les paris que les Iraniens ne vont pas en rester là et qu’EUX aussi, ils voudront une nouvelle « VENGEANCE ». Cette nuit, avant que l’on fasse la fête aux missiles et aux bombes à fragmentation, le Président Américain avait demandé à Benyamin de privilégier la diplomatie et de ne pas faire de conneries. Si on avait encore un doute, je crois que l’on peut clairement dire qu’Israël n’en a strictement rien à taper des conseils des Américains. Quand on dit que dans un couple, la communication est importante, je crois que dans le cas présent, va falloir envisager une thérapie.

Enfin bref, peu importe ce que l’on veut ou ce que l’on peut penser de ce qui se passe au Moyen Orient, le risque d’escalade est donc monté d’un nouveau cran et le marché n’a pas trop aimé. Bon, c’est pas la PANIQUE non plus, le Nikkei a plongé de 6% sur la nouvelle et il n’est déjà « plus qu’en baisse de 2.5% ». Je l’avais déjà mentionné dans une précédente chronique ; actuellement si l’on veut appliquer la stratégie du « rachat au son du canon », il faut vraiment être sur le qui-vive et ne pas laisser passer la moindre opportunité. Il est encore un peu tôt pour voir ce qui va se passer ensuite et on ne peut pas dire que « l’after-shock » est déjà passé. Mais pour le moment, c’est pas non plus la catastrophe. Enfin, tant que les Iraniens ne répliquent pas deux fois plus fort et tant qu’on ne sait pas non plus ce qui a été détruit par les frappes de Tsahal. Une chose est sûre, c’est que le monde aurait nettement pu se passer de l’existence de Netanyahou et de son homologue Iranien dont j’ignore le nom. Si leurs parents avaient fait autre chose le soir où ils ont été conçus, je crois que personne ne le regretterait. Bien au contraire. Ceci dit, la nouvelle de cette nuit a donc un peu relégué les infos de la veille, la variation homéopathique des indices et les analyses sur l’éventuelle baisse des taux, un jour de 2025, ne fait que pâle figure face à l’actualité militaire. Actualité qui devrait nous intéresser le temps que ça durera, mais pas plus.

Quand on voit ce que la guerre en Ukraine nous intéresse à Wall Street, si les Israéliens ne rasent pas l’Iran à l’arme nucléaire, nous devrions avoir oublié leur petite partie de ping-pong à l’arme lourde dans les deux semaines à venir. Mais ça a quand même bien estompé les commentaires des banquiers centraux, les prévisions maléfiques de Taïwan Semi’s et les chiffres mezzo-mezzo de Netflix. On va en parler quand même, mais ça n’a pas la même saveur.

Ce qui s’est passé hier AVANT la crise

On va donc essayer de faire simple pour résumer une journée qui n’a déjà plus d’importance ce matin, puisque tous les experts en finance ou en quoique ce soit d’autre vont immédiatement se muer en « EXPERTS SUR LE CONFLIT ISRAELO-IRANIEN » et tant qu’on n’aura pas épuisé le sujet, on va faire comme si la baisse des taux ne nous obsédait pas et que les chiffres du trimestre n’étaient pas notre raison de vivre.

En ce qui concerne les taux, il y avait plusieurs banquiers centraux qui ont parlé hier soir et s’il ne fallait en garder qu’un seul, ça serait Monsieur Bostic. Je ne vais pas vous répéter en détail ce qu’il a dit, mais grosso-modo, ils ont tous dit (les banquiers centraux) que l’inflation était trop forte et qu’il fallait faire baisser l’inflation et que tant que l’inflation n’aurait pas baissé, il ne faudra pas compter sur eux pour baisser les taux. Je schématise, mais comme ça fait des mois qu’on en parle et qu’il y a 48h, Powell nous a fait comprendre à mots couverts qu’il s’était un peu emballé au mois d’octobre et qu’en ce qui concerne la baisse des taux, cela tenait dorénavant plus du fantasme que de la prévision économique, on ne va ruminer sur le sujet plus que cela. En gros, et pour faire simple : la baisse des taux n’est plus la préoccupation principale de la FED. La préoccupation principale, c’est de ramener l’inflation où elle doit se trouver. C’est-à-dire à la niche et proche des 2%.

Pas une époque normale

En temps normal, ce genre de déclaration de la part des mecs de la FED, aurait déclenché au moins un mini sell-off. Mais comme ça fait 5 jours que ça baisse sur le S&P500, on n’a même plus envie de paniquer et on se résout à trouver d’autres raisons de ne pas vendre. Des raisons comme la croissance économique, l’emploi qui est fort et les publications trimestrielles qui vont être excellentes. En ce qui concerne la croissance économique, les chiffres du Philly FED d’hier étaient bons et démontraient que les taux ne baisseront pas tout de suite, pendant que l’emploi selon les Jobless Claims, était toujours solide.

En ce qui concerne les publications trimestrielles, en revanche, on peut se poser des questions sur la qualité de ces dernières et surtout sur les perspectives d’avenir selon les dirigeants. En effet, à titre d’exemple, hier on pouvait retenir deux noms. Tout d’abord Taïwan Semis qui ont publié hier matin alors que j’avais déjà fini d’écrire ma chronique. TSM a publié des chiffres qui – globalement – étaient meilleurs que les attentes. Le problème se situait plus dans la « vision futur » du business des Semiconducteurs. La société taïwanaise s’est tout de même montrée très prudente sur l’avenir. La croissance du secteur est révisée à la baisse et l’on se méfie– je cite : « nous somme prudents pour l’avenir car l’incertitude liées à la macro-économie et à la situation géopolitique pourrait affecter la demande de nos produits ». En gros, ils n’ont aucune idée de ce qui pourrait se passer dans le futur, alors on va faire gaffe. Le titre a tout de même baissé de 5% et sur l’ensemble de l’indice du secteur, seules AMD et Nvidia parvenaient à terminer dans le vert et pas de beaucoup.

Binge earnings

On voit donc bien que ton est donné, les sociétés qui vont publier des chiffres exceptionnels ou tout simplement « bons », vont tout de même se montrer très prudentes pour l’avenir, parce qu’il faut quand même avouer que c’est un sacré bordel qui pourrait se retourner contre nous à la première occasion. Prenons encore l’autre exemple de la séance d’hier : Netflix. Le géant du streaming a donc publié ses chiffres. Pour le premier trimestre, Netflix a récupéré 9.3 millions de nouveaux abonnés, ce qui dépasse largement le consensus de Wall Street qui tablait sur 5.1 millions. Le chiffre d’affaires s’est élevé à 9.37 milliards de dollars, en hausse de 15 %, dépassant à la fois les prévisions de l’entreprise et le consensus des analystes. Les bénéfices du trimestre se sont élevés à 5.28 dollars par action, dépassant les attentes des analystes qui avaient parié sur du 4.5$ par action. Pour faire simple, les chiffres sont canons et Netflix et sur la plus haute marche du podium et de loin.

Sauf que voilà, après la conférence de presse, le titre s’est vautré de 5% en se basant simplement sur le fait qu’à l’avenir ils allaient bientôt arrêter de communiquer sur certains chiffres – comme le nombre d’abonnés – et l’entreprise a également fourni des prévisions pour le reste de l’année qui ont déçu les investisseurs. Comme vous pouvez donc le constater avec les quelques chiffres qui ont été publiés ces derniers jours, on n’est pas non plus en pleine euphorie pour l’avenir et si ça continue comme ça, ça va finir par peser. Surtout si le Moyen Orient part en sucette. On va se donner encore quelques jours pour voir comme ça se passe, mais il semblerait quand même que la tendance est donnée et que si le dernier trimestre de 2023 a été euphorique parce que les attentes étaient basses, aujourd’hui les attentes sont nettement plus hautes et comme les taux ne baisseront pas, le reste de l’année pourrait être un poil plus compliqué…

Pour le reste

Ce matin l’Asie est dans le rouge – je ne vais pas vous faire un dessin pour vous expliquer la raison – ce qu’il faut retenir c’est que ça a ouvert très bas et que ça a rebondi depuis. Et que les médias financiers viennent tout de même nous dire que ça baisse parce que les taux ne vont pas baisser et à cause du bordel au Moyen Orient. Au moins on se donne l’impression que l’on ne se prend pas trop la tête pour la guerre. Le Nikkei est actuellement en baisse de 2.3%, Hong Kong recule de 1.2% et la Chine abandonne 0.4%.

Du côté des matières premières, le pétrole repart à la hausse – bien sûr – le WTI est à 84.28$, mais a payé 86$ ce matin. L’or est à 2398$ et le Bitcoin est à 62’500$. Je ne vous parle même plus du Halving, tout le monde semble s’en foutre royalement. En ce qui concerne les nouvelles du jour, on ne va même pas perdre de temps, puisque sur toutes les chaînes d’infos, on ne parle plus que de la guerre en cours, la plupart des experts se sont lancés dans de longues diatribes sur ce qui s’est passé, sur ce qui va se passer et sur ce qui pourrait se passer. À la fin, ils n’en savent rien, mais le terrain est bien occupé pour le moment.

Les chiffres

Du côté des chiffres économiques du jour, il n’y aura que le PPI en Allemagne et pour les publications du jour, il y aura American Express et Procter & Gamble. Il n’y aura rien de plus after close, parce que nous sommes vendredi ! Ce qui nous fait au moins une bonne nouvelle pour la journée, même si je suis persuadé que les deux pays belligérants ne vont pas prendre la peine profiter du week-end, parce que la guerre n’attend pas.

Les futures sont donc en baisse de 0.9% et il faudra trouver le bon son du canon pour racheter au bon moment. Passez une excellente journée, que votre week-end soit magnifique et on se retrouve lundi pour parler stratégie militaire et publications trimestrielles !

À lundi !

Thomas Veillet
Investir.ch

“The intelligent investor is a realist who sells to optimists and buys from pessimists.” Benjamin Graham