La semaine qui commence sera placée sous le signe des chiffres trimestriels. Enfin, DEVAIT être placée.... Mais avec ce qui se passe au Moyen Orient, on risque de se diriger vers une autre sorte de semaine boursière, même si, pour le moment, ça ne prend pas la direction qui nous a fait totalement flipper vendredi dernier. En effet les menaces directes faites par l’Iran ont poussé les traders à liquider les positions avant le week-end. Ce qui nous a fait nous dire « on a bien eu raison de vendre avant les attaques », samedi soir et puis ce matin, quand on arrive au bureau, que l’on voit que le baril ne baisse pas on se demande si on ne va pas pagayer dans l’autre sens…
L’Audio du 15 avril 2024
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Le son du canon aura été bref
Comme à chaque fois que l’on se retrouve avec une bonne guerre sur les bras, les experts à Wall Street nous ressortent le vieil adage : « Acheter au son du canon et vendez au son du clairon ». On ne va donc pas revenir sur l’explicatif de la chose, mais disons qu’historiquement, lors de la panique des premiers coups de feu, il faut racheter. Et ensuite, il faut vendre lorsque l’accord de paix est signé. Dans la situation actuelle, on sait bien qu’il n’y aura jamais d’accord de paix qui sera signé, mais on se contentera d’un pacte de non-agression. Du coup, on peut se demander si le fait que les Iraniens aient déclaré qu’ils n’avaient pas l’intention d’attaquer « de nouveau », peut faire effet de « fin de conflit » et de signal d’achat.
Si c’est le cas, il aura fallu être rapide à l’action, parce qu’en fait, il fallait acheter vendredi à la clôture pour revendre aujourd’hui quand tout le monde va venir racheter. Bon, pour être franc, je ne sais pas si tout le monde va venir racheter parce que la troisième guerre mondiale n’a pas commencé ce week-end, mais lorsque j’ai allumé mes écrans à 4 heures du matin, je n’aurais pas parié sur un pétrole à 85.22$ et à des futures américains en hausse après la clôture de vendredi. Alors oui, on peut être content de voir que la démonstration de force se soit limitée à un pétard mouillé et que les choses s’arrêtent-là – si elles s’arrêtent vraiment là – mais je n’aurais quand même pas pensé une seconde que ce lundi serait – au premier abord – aussi calme que celui qui semble se présenter à nous actuellement.
Pas de macro
Il reste cependant quelque chose de très intéressant à observer, c’est que pendant trois jours, on n’aura pas vraiment parlé de macro, pas parlé d’inflation, ni de baisse des taux repoussée à 2025. Mais je vous rassure, ça commence déjà à revenir, puisque visiblement, le cas « guerre totale au Moyen-Orient » a été classé sans suite par les marchés financiers qui sont déjà en train de passer à autre chose. C’est en tous les cas l’impression que ça donne. Ce matin, j’ai même déniché un stratège américain qui déclarait solennellement que le conflit entre l’Iran et Israël et les risques d’escalade qui lui sont attachés POURRAIT pousser la FED à se montrer plus « prudente » dans ses envies de baisser les taux, mais qu’en AUCUN CAS cela remettra en question le fait que les taux vont bien finir par baisser.
En revanche, ce génie de la communication n’a pas précisé quand est-ce que la FED va effectivement baisser les taux. Challenge qui était notre préoccupation principale avant que l’Iran sorte son armée de drones en plastiques qui se sont fait aplatir par la chasse israélienne. À l’heure actuelle, à l’heure où je vous parle, ON DIRAIT que l’affaire est déjà classée et qu’à moins que Benyamin Netanyahou décide d’en remettre une couche en répliquant à l’attaque de ce week-end, on a l’air (à Wall Street en tous les cas) de vouloir passer à autre chose. Le Président Biden a essayé de dissuader Netanyahou de continuer dans la voie de la contre-attaque, en lui expliquant le concept de l’escalade, mais pour l’instant ; rien n’est moins sûr.
Affaire classée ?
Toujours est-il que, pour le moment, les marchés financiers et les algos qui les dirigent, on l’air de vouloir passer à autre chose. On va donc faire comme s’il ne s’était rien passé ces dernières 48 heures et on va se reprendre la tête avec les chiffres économiques pour essayer de savoir si la FED peut et veut baisser les taux en juillet et si les chiffres de Goldman Sachs qui sortiront avant l’ouverture, peuvent nous rappeler qu’il que l’économie américaine, elle est trop forte et qu’à la fin, on va quand même aller au plus haut de tous les temps sur le S&P500 avant la fin du mois d’avril, parce qu’après y a le « Sell in May and go away » et on n’est jamais trop sûrs de l’ambiance que ça va nous apporter. Sans compter que depuis quelques jours, investir sur le « LONG TERME », c’est surtout investir jusqu’à vendredi prochain.
La semaine commence donc avec l’opportunité d’achat d’une vie sur les indices américains qui avaient largement corrigé vendredi dernier en attendant les bombardements. Et puis on va aussi se demander si ça n’est pas le moment de mettre le fonds de pension 100% en Bitcoin, puisque finalement – à force d’être ouvert le week-end – c’est un peu le seul qui s’est fait démonter sur l’effet guerre mondiale, puisque dès le décollage des drones, la crypto s’est faite allumer et se traitait même dans la région des 61’000$ pendant un moment.
Et c’est reparti
Les marchés asiatiques ont donc déjà ouvert et lorsque l’on regarde les indices, on se dit que ça va bien se passer. Hong Kong et Tokyo sont en baisse respectivement de 0.8% et de 1%. Et pendant ce temps, comme d’habitude, la Chine vivait sa propre vie et montait de plus de 1%, parce que l’on parle à nouveau de « support de la part du gouvernement », rien de bien concret, mais apparemment il y avait pas mal de fonds backés par l’état qui étaient actifs à l’achat en ce début de semaine.
Du côté du reste, on notera donc que le pétrole n’a pas bronché. Le WTI est à 85.40$, le Brent est à 90.31$ et on dirait que ce week-end il ne s’est rien passé au Moyen-Orient. Comme quoi on peut remercier l’Iran d’avoir attaqué le week-end, parce que quand on voit comment ils se sont déchainés sur le Bitcoin, ça aurait été « Bagdad » sur le pétrole. La valeur refuge éternelle est à 2374$ et on peut déjà lire ce matin qu’à ces niveaux-là, c’est l’opportunité d’une vie d’acheter de l’or, puisque maintenant, tout le monde sait qu’il va à 100’000$ – comme le Bitcoin qui va à 150’000 après le HALVING qui arrive tout soudain. À 5h59, le Bitcoin se traitait à 65’226$.
Les nouvelles du front
Pour ce qui est des nouvelles du jour, il est évident que l’ensemble de la presse revient sur ce qui s’est passé et espère que l’on va en rester là. On devrait donc pouvoir reprendre une « vie normale », si tout va bien et se concentrer intensément sur les trimestriels et les chiffres économiques. En ce qui concerne les chiffres du trimestre au-delà de Goldman Sachs dans quelques heures, il faudra noter que 10% du S&P500 sera de sortie cette semaine et on sent un peu de méfiance tout de même. Au regard des performances affichées ces derniers mois, on peut s’attendre à des analystes et un marché qui ne pardonnera que très peu la moindre marque de faiblesse. La prudence va donc rester de mise pour la première vague – après, si ça se passe bien, on va reprendre un maximum de confiance. Sur les chiffres de la semaine, on regardera attentivement Bank of America demain, ASML mercredi, Netflix jeudi, puis American Express et Procter pour clôturer la semaine.
Côté macro, ça ne sera pas les vacances non plus, puisqu’il faudra surveiller les ventes de détail qui sortiront ce lundi, Powell qui parlera demain, le Philly FED jeudi et retenez aussi qu’un total de 13 membres de la FED vont parler cette semaine, il y a en donc bien un qui va dire une connerie ou qui va déclarer « qu’ils ne baisseront pas les taux en 2024 ». Et puis, n’oubliez pas quand même que la situation géopolitique est à un niveau tellement merdique, que certains n’hésitent pas à dire que l’on n’avait pas vu ça depuis la guerre 39-45. Alors même si le marché à l’air de s’en tamponner comme du krach boursier de 1929, on n’est pas à l’abri d’un retour de manivelle quand même !
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Excellente journée à tous et à demain. Ou à ce soir !
Thomas Veillet
Investir.ch
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