C’est bon, tout va bien, vous poussez ressortir de chez vous. La correction est terminée et les craintes qui pesaient sur le marché comme quoi nous étions « dans une bulle » sont définitivement derrière nous. La correction est faite. Il est temps de mettre en place la bonne vieille stratégie du « buy the dip », autrement dit ; d’acheter sur faiblesse. Oui, vous avez raison, je plaisante. Mais en même temps, je ne plaisante qu’à moitié parce que lorsque l’on prend le temps de lire les commentaires de ces dernières 24 heures, on passe vraiment par tous les états psychologiques possibles et imaginables. Néanmoins, après 6 jours de baisses consécutives, le S&P500 a inversé la tendance.

L’Audio du 23 avril 2024

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Le néant

Je crois que ce lundi était une pause dans les tribulations des marchés financiers qui ne savent plus trop quoi penser. Mais dans le doute, on s’est dit qu’après une correction pareille, avec une dernière touche de violence vendredi dernier, il n’était peut-être pas complètement idiot de tenter quelque chose. Personnellement, quand je vois la volatilité des opinions et la rapidité avec laquelle nous sommes capables de tourner la veste d’une extrême à l’autre, je n’ai qu’une envie ; celle de m’asseoir sur mes mains et de regarder ce qui se passe – mais surtout une envie profonde de ne rien faire.

Lorsque l’on prend le temps de poser les choses sur la table, on se rend bien compte que nous ne savons plus à quel Saint il faut se vouer. Il y a encore 10 jours nous faisions des incantations pour savoir quand est-ce que la première des TROIS BAISSES de taux que nous attendions en 2024 aurait lieu et aujourd’hui, la majorité des experts pensent qu’il n’y aura PAS – ou pratiquement pas de baisse en 2024 – EN DIX JOURS, nous sommes passé de TROIS à rien. Et ça ne choque personne que nous soyons montés de 25% en espérant au moins 6 baisses et qu’à l’heure actuelle, tout le monde nous explique sereinement que c’est pas grave si ça ne baisse pas. Et le pire, c’est qu’hier, la société de recherche Apollo, qui avait été la première à laisser entendre qu’il n’y aurait PAS de baisses des taux cette année, a annoncé que l’inflation devrait aller en direction des 4.5% pour la fin de l’année et ils pensent qu’à ce rythme, la question à se poser, c’est de savoir COMBIEN DE FOIS LA FED VA ENCORE MONTER LES TAUX dans les prochains mois.

Pas important

Pourtant, lors du rebond de la séance d’hier, on a eu l’impression que ce genre de risque potentiel au niveau des taux n’intéressait plus personne. Le focus principal était clairement le fait qu’il FALLAIT PROFITER DU REBOND et puis c’est tout. Une des raisons pour laquelle nous n’avons pas « baissé vraiment » depuis que l’on nous a expliqué que les taux ne baisseront pas, est le fait que nous nous sommes rassurés en se disant que les chiffres trimestriels allaient cartonner et que la croissance économique était à son top. Or, sur les quelques sociétés qui ont publié ces derniers jours, on ne pouvait pas dire que c’était fabuleux. Les chiffres étaient bons, c’est un état de fait, mais l’avenir semblait un peu moins évident. Prenons Taïwan Semi’s – depuis la publication de ses chiffres trimestriels, le titre a perdu 8%. ASML qui a publié mardi dernier à perdu 10% et tout le secteur des SEMI’s s’est fait décalquer. Et par capillarité, toute la tech a cotisé.

Pourtant hier, tout le monde est revenu dessus. La plupart des composants du Philadelphia Semiconducteur Index étaient hausse, Nvidia sortait les rames et emmenait tout le monde avec elle. Mais en attendant, rien n’a changé. Les sociétés qui ont déjà publié ont estimé que la PRUDENCE était de mise et ils craignent que les choses soient un peu moins facile cette année que l’an dernier. La question que l’on peut se poser est donc de savoir si nous avons déjà « pricé » cet éventuel ralentissement ? Est-ce que la baisse de Super Micro qui a perdu 40% depuis son plus haut du mois de mars, tient compte de ce ralentissement ? Est-ce que la baisse de Nvidia – qui est à 17% des plus hauts de tous les temps – est calculée avec une précision machiavélique pour tenir compte d’un éventuel coup de frein de l’économie ? Et puis finalement, est-ce que l’économie va si bien qu’on veut bien nous le vendre, ou est-ce que personne n’ose dire ce qui ne va pas, parce que ça ne se fait pas lors des années électorales ?

Trop tôt

Il est bien sûr trop tôt pour savoir si la baisse de la semaine dernière n’est qu’une saine correction qui offre bien des opportunités d’achat. Ou si le rebond d’hier n’est qu’un « dead cat bounce » au milieu d’une correction qui ne fait que commencer. Mais la bonne nouvelle, c’est que nous allons avoir toutes les réponses à nos questions dans les jours qui viennent. Entre l’avalanche de trimestriels, le PIB Américain de demain et le PCE ensuite, je crois que l’on peut dire que l’on sera mieux informés vendredi soir que nous le sommes ce matin.

Le problème, c’est qu’entre-deux, on risque fort de se trouver dans une situation qui rappelle un peu celle d’un jeans dans le tambour d’une machine à laver en mode essorage. On ne peut pas faire de la prévision boursière parce que l’on sait tous que ça marche à peu près aussi bien que les prévisions météo qui avaient prévu du soleil et de la chaleur en avril alors que je viens de ressortir ma parka de l’hiver dernier et de commander des gants en gore-tex sur Amazon, mais disons qu’à l’heure actuelle nous ne sommes pas sereins et le rebond d’hier ne m’inspire pas plus confiance que celle que je peux porter à Joe Biden pour qu’il se souvienne ce qui s’est passé il y a 5 minutes.

À la fin on est monté

Bref, hier les marchés sont remontés et on se sentait en meilleur forme que dimanche matin lorsque les médias faisaient la part belle aux théoriciens de la répétition de la bulle internet de l’an 2000. Encore une séance de hausse et on pourra parler de records historiques à venir et du fait que l’Intelligence Artificielle, c’est l’avenir. En attendant, on va déjà se concentrer sur la journée à venir. Journée à venir qui aura le mérite d’être un peu plus intéressante qu’un lundi matin. Aujourd’hui, nous allons avoir du monde au balcon pour les publications trimestrielles et une nouvelle occasion de voir si les « autres sociétés » sont dans le même état de doute que l’était celles qui ont publié la semaine dernière.

En attendant, ce matin le Japon est en hausse de 0.4%, Hong Kong avance de 1.6% et la Chine est en baisse de 0.4%. On parle beaucoup du fait que la Chine est en train d’acheter à peu près tout ce qu’elle trouve comme matières premières, métaux précieux et tutti quanti et on commence à se demander ce qu’ils sont en train de préparer. On ne va pas spéculer, mais on dirait qu’il y a un truc de gros qui couve par là-bas. Il faudra garder l’œil ouvert et le bon. Pour le reste, le pétrole est à 82.31$ et il ne fait plus mine de monter, puisque le Moyen Orient est en paix et qu’on est à deux doigts de fusionner l’Iran et Israël tellement ils s’entendent bien. L’or est aussi en baisse parce qui pourrait avoir envie d’une valeur refuge alors que le monde entier n’est que paix et amour. Et surtout que depuis que les Américains ont viré des montagnes de cash qu’ils n’ont pas aux Ukrainiens, il ne fait plus aucun doute sur le fait que la Russie devrait déposer les armes et que Poutine va donner les clés du Kremlin à Zelensky. Le métal jaune ne vaut « plus que 2319$ ». Du côté du Bitcoin, il n’y a pas un jour qui passe sans qu’on vienne nous dire qu’il va à 150’000$ d’ici la fin de l’année. Le seul qui n’est pas au courant, c’est le Bitcoin, parce que sinon il ne serait pas à 66’000$ ce matin.

Les nouvelles ?

Dans les nouvelles du jour, on nous répète en boucle qu’il faut attacher nos ceintures pour les chiffres à venir, que l’on commence à parler un peu trop de hausse des taux en 2024, que Goldman Sachs pense que l’Intelligence Artificielle n’est qu’au début de son histoire, il vaut donc mieux vendre les bijoux de grand-maman pour racheter des SuperMicro et du Nvidia. Et puis pour le reste, on se demande bien ce que Tesla nous réserve ce soir.

La société d’Elon Musk va probablement vivre sa pire soirée de publication de ces 5 dernières années. La bonne nouvelle c’est que l’on s’attend tellement à des chiffres merdiques, que ça ne peut que surprendre à la hausse. Ça fait bientôt 10 jours qu’il n’y a que des nouvelles pourries qui sortent sur Tesla, on se demande bien ce qu’il pourrait se passer de pire. Mis à part le fait qu’ils annoncent qu’ils vont mettre des V8 sous le capot du dernier modèle de la marque et qu’ils abandonnent l’électrique pour passer à l’essence et au diesel. Ce qui ne serait pas une mauvaise nouvelle, en fait. Tout ça pour dire que ce que Tesla va annoncer ce soir sera l’axe principal de la chronique de demain.

Les chiffres

Pour ce qui est des chiffres du jour, en plus de Tesla, il y aura GM, GE, Pepsico, Lockheed Martin, Halliburton, Spotify, UPS, VISA et Texas Instruments. Côté macro, il y aura un wagon de PMI’s un peu partout dans le monde, que ce soit en Europe ou aux USA. Pour le moment les futures sont inchangés et je ne sais pas pourquoi, mais je ne le sens pas bien ce rebond.

En attendant, passez une excellente journée, moi je vais allumer le feu de cheminée et faire du chocolat chaud avec des Mashmallows dedans – ah non, trop cher le chocolat – je l’ai stocké dans mon coffre à la banque – alors tant pis je vais faire du thé devant le feu de cheminée avec un bonnet et des gants en gore-tex.

On se voit demain ! Si vous le voulez bien.

Thomas Veillet
Investir.ch

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