À l’approche des deux derniers jours de la semaine les marchés étaient courageux, mais pas téméraires. Les intervenants attendent toujours des nouvelles du côté de l’inflation et il n’y a pas un article qui ne justifie pas le marasme ambiant par le fait que l’on attend le PCE de vendredi comme étant le Saint Graal nous permettant de savoir ENFIN quand est-ce que la FED va baisser les taux. Les chiffres de l’inflation publiés au Canada et en Australie ces 72 dernières heures sont dans toutes les têtes (enfin, dans la mienne surtout) et il y a un certain niveau de stress qui nous fait nous dire : « et si ça tournait aussi dans le mauvais sens ? ». Oui, le mot attentisme était justifié hier !
L’Audio du 27 juin 2024
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En Europe
Les marchés du Vieux Continent ont tous terminé dans le rouge. L’ambiance était morose et la motivation pas très rose. Airbus continuait de peser sur le CAC40, mais ce dernier tenait les 7’600 avec un courage qu’il fallait tout de même signaler, surtout à la veille d’un week-end qui risque de secouer le pays. Peut-être pas autant que le week-end suivant, mais il faudra être courageux pour partir à la maison vendredi soir avec des expositions délirantes sur le marché français. Le débat de mardi soir n’a pas vraiment eu d’influence sur la bourse parisienne. Il faut surtout retenir que les supporters du RN pensent que Bardella était très bien, ceux qui croient que la Macronie n’est pas morte (les 12 Français qui le croient encore) pense qu’Attal est ce qui se rapproche le plus de Jésus, sauf qu’il n’a pas encore marché sur la Seine depuis le début de la campagne. Et pour terminer, la gauche estime que Bompard a été génial, mais ça c’est parce qu’ils n’ont pas encore reçu le décompte de l’URSAF de quand il sera au gouvernement. Toujours est-il que le bilan final est toujours le même ; la France a le choix entre la peste, la peste bubonique et le choléra. Vivement le 8 juillet qu’on y voit plus clair et que Macron démissionne – parce que ça, ça serait drôle.
Mis à part les considérations politiques du moment, on notera que les chiffres de la confiance des ménages sont sortis hier. En Allemagne et en France. Dans les deux cas, on sentait une vague de fatigue – pour ne pas dire de dépression – en Allemagne, cela provenait du fait que l’inflation est repartie à la hausse le mois dernier et du fait que l’équipe d’Allemagne n’ait pas réussi à battre la Suisse. Et en France, il suffit de se rapporter au paragraphe précédent ; quand tu imagines ce que sera la France le lendemain du 7 juillet, on peut avoir envie de déprimer tant les choix sont tendancieux pour l’avenir. En résumé, la séance d’hier était un peu comme la météo : déprimante et orageuse par moments.
Aux STATES
Aux États-Unis on était dans en tout autre état d’esprit. Tout d’abord, sous l’aspect politique, le débat est prévu pour ce jeudi soir. Donc on en parle, mais il y a peu de conséquences pour le marché. La plus grosse préoccupation étant de savoir comment Joe Biden, plus vieux candidat à l’élection présidentielle, dans un état physique pathétique, va faire pour tenir 1h30 debout face à Trump. Que vont-ils bien pouvoir lui injecter pour qu’il ne se fige pas et qu’il ne quitte pas la scène pour aller serrer la main à son prompteur qui sera assis dans la salle à côté de François Mitterrand. Du côté des marchés, les trois indices terminaient légèrement en hausse et la volatilité revenait légèrement en direction des 12%. Nvidia aura passé la plupart de la séance dans le rouge, mais terminait tout de même légèrement en hausse en fin de séance, comme pour confirmer son rallye de la veille. Mais là encore, personne ne voulait prendre de risques à quelques heures de la publication des chiffres trimestriels de Micron.
En revanche, du côté du reste des Magnificent Seven, c’était plutôt la fête au village et Amazon était le meneur de revue hier soir. En résumé, Bezos n’a jamais été aussi riche, puisque le titre termine au plus haut de tous les temps, affichant pour la première fois de son histoire, une market cap supérieure à 2’000 milliards. Google était à 0.11% de ses records historiques inscrits la veille et Tesla rebondissait de près de 5% après un upgrade massif de la part de Stifel, l’analyste pense que le leader mondial des voitures électriques va remonter à 265$. Apple était en hausse de près de 2% et Microsoft était péniblement dans le vert. En résumé, on est encore tendu sur Nvidia, mais le reste compense même si le mot « attentisme » n’était pas galvaudé puisque tout le monde a les yeux rivés sur le PCE de demain. Dans les envolées du jour, il y a Whirlpool qui prenait 17% pour faire suite à des rumeurs d’un éventuel take-over de la part de Bosch en Allemagne. Rien de confirmé, mais du coup, le fabricant d’électroménager tentait une nouvelle fois d’inverser la tendance baissière qui est la sienne depuis 3 ans.
Du côté de la pharma et des vaccins, Pfizer, Glaxxo et Moderna se sont toutes faites allumer parce que le Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont modifié leurs recommandations concernant les personnes à vacciner contre le virus respiratoire syncytial. Auparavant, la recommandation était de se vacciner dès l’âge de 60 ans et le CDC a décidé de mettre l’âge recommandé à 75 ans. Le calcul était vite fait et ça a coûté 11% à Moderna, 2% à Pfizer et 3.5% à GSK. Pour clôturer ce bilan, on rappelle que FedEX a fait un carton sur ses chiffres et que le titre finissait en hausse de 15.5%.
Le PCE comme cible
Pour faire simple, on y croit mais on est prudent et le PCE sera notre juge de paix. Comme à CHAQUE FOIS QUE L’ON A UN CHIFFRE ÉCONOMIQUE IMPORTANT DEPUIS LE DÉBUT DE L’ANNÉE, on croit qu’il va tout changer et nous donner toutes les réponses à nos questions, à l’heure actuelle, le sondage habituel fait auprès des stars de la finance nous dit que 61% des EXPERTS pensent que les taux vont baisser DEUX FOIS en 2024 – mais on ne sait pas quand. Mon devoir est tout de même de vous rappeler que ces sont les MÊMES EXPERTS qui pensaient que les taux allaient baisser 6 à 8 fois le premier janvier de cette année.
Pour le moment, l’Asie est aussi en mode attente, mais c’est foncièrement dans le rouge qu’ils attendent. Le Japon est en baisse de 1%, Hong Kong recule de 2% et la Chine abandonne 0.5%. Il faut dire qu’hier soir Micron a publié ses chiffres trimestriels et que ça n’a pas plu à tout le monde. Globalement, la société a fait mieux que les attentes et en termes de chiffres bruts, il n’y a pas à se plaindre, le côté intelligence artificielle va bien et on ne peut rien reprocher à Micron. CEPENDANT… Cependant, le problème se situe en aval des chiffres d’hier. Micron a également publié ses attentes pour les mois à venir et comme Wall Street a été très gourmand pour l’avenir (BEN OUI, C’EST DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, ONVA PAS FAIRE DES PRÉVISION DE MICKEY OU BIEN ???). Du coup, le « greed » de Wall Street a fait que Micron a publié des prévisions EN-DESSOUS des attentes et le résultat, vous le connaissez : Micron s’est pris 8% dans les dents after close. Nvidia baissait de 2% en sympathie et le secteur des semiconducteurs était victime d’un courant froid descendu du Nord.
Il faut dire que l’on vient surtout de nous mettre le nez dans un sujet qu’on n’a pas trop envie d’aborder, le sujet du « ET SI ON ÉTAIT TROP GOURMANDS SUR NOS ATTENTES ??? ». On ne va pas généraliser la chose, mais le marché mise tellement sur le fait que l’IA va générer de la croissance dans tous les sens que la moindre déception risque de peser lourd. Gardons ça en tête et retournons sur le ring. Sautons du coq à l’âne pour noter que le baril est à 80.69$, que l’or est à 2310$ et que le Bitcoin se traite à 61’215$. Ça n’a rien à voir avec les chiffres de Micron, mais fallait bien boucler le paragraphe.
Les nouvelles neuves
Hier soir les autorités américaines ont publié les stress tests auxquels ils ont soumis les banques. Ces derniers ont montré que les banques sont « bien positionnées » pour faire face à une récession « sévère ». Donc tout va bien. Cependant, la FED a tout de même ajouté que les minimas de capitaux nécessaires pourraient être revus à la hausse d’ici la fin de l’année à cause de, je cite : « des vents contraires qu’il y a dans le secteur ». On doit vouloir parler des 63 banques qui sont au bord du gouffre aux USA – bien que l’on ait soigneusement omis de mentionner le sujet – je n’en dis pas plus, sinon on va me traiter de complotiste. Dans les mots d’humour de la journée, il y a François Hollande qui se propose gracieusement de devenir Premier Ministre d’une coalition de gauche pour faire barrage au RN. Je trouve absolument incroyable de voir que ces mecs-là, croient encore que les gens ont envie de les voir revenir après une présidence misérable et pathétique. L’égo des politiciens français est absolument sans limite. Ils sont ridicules et en redemandent.
Du côté de chez Boeing, on continue avec les mauvaises nouvelles et on se demande si c’est pas plus simple de leur couper les ailes et d’en faire des bus scolaires, puisqu’un lanceur d’alerte a signalé aux autorités des défauts d’assemblage et de maintenance sur les Boeing 787 – après les 737, ça tombe bien – Boeing nie tout risque pour la sécurité aérienne mais promet d’enquêter sur ces allégations. Ce qui veut dire que le lanceur d’alerte sera retrouvé prochainement suicidé pendu sous un pont avec 12 balles dans le dos.
Chiffres
Côté chiffres de la journée, nous aurons les Jobless Claims, les Durables Goods, le CORE PCE (à ne pas confondre avec le PCE de demain) et puis il y aura également le PIB américain, histoire de voir s’il reste un peu de croissance et pour le moment, les futures sont en baisse de 0.3% – la faute à Micron.
Pour le reste, je vous souhaite un très bon café, que votre journée soit belle et on se revoit demain pour attendre encore un peu le PCE ensemble.
À demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
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