Je ne sais pas si ça va être comme ça jusqu’aux élections, mais une chose est sûre ; les USA n’ont pas l’intention de nous laisser tranquille pendant les week-ends. La semaine dernière Trump se faisait tirer dessus et marquait des points décisifs pour la victoire finale et ce dimanche, le Président grabataire en activité a donc décidé de se retirer de la course à la présidence, comme le prévoyait la moitié des médias américains. Nous voici donc replongés dans la campagne présidentielle américaine, afin d’essayer de deviner ce que cela pourrait avoir comme conséquences sur le marché. Pourtant, il va vite falloir passer à autre chose.

L’Audio du 22 juillet 2024

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Bye, bye…

Donc Joe Biden a renoncé à briguer l’investiture démocrate pour la campagne électorale. Il abandonne la course à la présidence avant que ça commence et même si la nouvelle n’est pas une surprise, au vu des sondages et de ses multiples conneries à répétition à chaque sortie en public, il va falloir composer avec. Entre hier soir et ce matin, Wall Street s’est plongé dans les archives politiques pour essayer de trouver quelque chose de comparable afin de connaître les conséquences que cela pourrait avoir sur le marché.

Spoiler alerte : il n’y a rien de comparable. Bien sûr on peut se baser sur le renoncement de Lyndon Johnson en 1968, mais franchement, il n’y a rien de comparable, ni le moment choisi pour renoncer, ni la raison, ni l’effet de surprise, ni le tissu économique de l’époque par rapport à ce que nous vivons aujourd’hui. Ce que l’on sait c’est que nous sommes en terre inconnue et que n’importe quoi pourrait se produire. Pour le moment, les futures sont légèrement en hausse, ce qui laisserait supposer que Mister Market est bien trop occupé à calculer quel effet ça fera quand Trump sera Président pour la seconde fois, pour prendre le temps de paniquer à l’annonce de la renonciation de Biden. La seule chose qui semble préoccuper le marché, serait le fait que cette situation inhabituelle nous plonge dans l’incertitude. Et en général, les marchés n’aiment pas trop l’incertitude.

En mode RàF

Bon. Pour l’instant, les marchés n’ont pas l’air d’en faire tout un pataquès et la seule question à laquelle il va falloir répondre rapidement, c’est de savoir qui aura le ticket Démocrate pour affronter Trump. À priori, Kamala Harris devrait faire l’affaire, puisque selon les sondages, c’est celle qui a le plus de chance de perdre contre Trump et de garder suffisamment de sièges au Capitole pour que les Démocrates ne soient pas humiliés pendant les deux prochaines années. Si l’on se base sur les sondages du moment, la meilleure candidate pour affronter Trump a 40% de chances de battre l’ancien Président. Et pendant ce temps-là, les Républicains demandent la démission de Biden – puisque s’il n’est pas capable de faire campagne, il n’est pas capable d’être Président. On sent tout de suite que les quatre prochains mois démarrent sur des bonnes bases, fondées sur le respect et l’amour de son prochain.

Toujours est-il que nous allons rapidement devoir passer à autre chose parce que nous n’aurons probablement pas les réponses désirées dans les trois jours et entre-deux, il y a une grosse semaine qui s’annonce. Grosse semaine, parce qu’il va falloir gérer une avalanche de publications trimestrielles, que ce soit aux USA ou en Europe, que dans ces publications, nous aurons de très gros noms susceptibles de faire bouger les indices et remettre en question la performance à venir de certains secteurs, je pense entre-autres au secteur du luxe et à celui de la Tech. Sans oublier que Tesla et Google vont ouvrir les feux pour la catégorie des « Magnificent Seven » et qu’en ce qui concerne Tesla, on va dans l’inconnu le plus total si l’on écoute les experts ça peut aller de merveilleux à complètement pourri.

Et puis l’inflation

Et puis, il ne faudra pas oublier que nous allons également devoir nous repencher sur le thème de l’inflation et de la baisse des taux à venir. Car même si cette dernière est quasiment actée dans la tête des traders, un chiffre du PCE en fin de semaine qui nous mettrait le doute pourrait également nous compliquer la tâche au milieu de nos certitudes. Pour le moment, la FED ne dit plus rien parce qu’elle entre gentiment dans sa « black période » en amont du FOMC Meeting de la semaine prochaine, mais on sait de source sûre que la plus grande peur de Powell est de baisser les taux trop tôt et de se mordre les doigts en décembre quand l’inflation ne sera plus sous contrôle, ni transitoire et repartira à la hausse. Mais en même temps, attendre trop longtemps et laisser plonger l’économie en récession n’est pas non plus une idée que le motive à se lever le matin.

La semaine sera donc épique et d’ailleurs on devrait même pouvoir dire que les deux prochaines semaines seront épiques, puisque la dernière semaine de juillet ne sera pas plus relaxante que celle que nous vivons actuellement. N’oublions pas non plus que les mesures qui seront mises en place à l’arrivée au pouvoir de Trump seront plus que probablement des mesures que l’on pourra qualifier d’inflationnistes et qu’elles vont tomber pile-poil quand l’inflation arrivera à nouveau à 2%. Je serais Powell, je démissionnerais, je partirais pêcher là où il n’y pas de réseau, histoire de ne plus penser à cette équation à multiples inconnues qu’il doit résoudre en moins de deux trimestres.

En Asie et au Moyen Orient

Du côté de l’Asie, le Nikkei continue de creuser et recule encore de 1.2% ce matin. Hong Kong est en hausse de 0.8% et la Chine baisse de 0.7%, malgré le fait que la Banque Centrale chinoise vienne baisser les taux dans l’espoir de booster le recovery qui n’a de cesse de montrer l’extensivité de ses limites lors des dernières publications économiques. Et puis, même si l’on sait bien que tous les regards sont tournés vers Washington, il faut tout de même rappeler que durant le week-end Israël a répliqué à une attaque de drones sur Tel-Aviv en rasant le port d’Hodeida au Yémen en guise de représailles. Le port, qui était aussi une réserve de carburant est toujours en feu. Les rebelles Houthis qui sont responsables de l’attaque de drones et qui détiennent également le port d’Hodeida ont déjà menacé Israël d’une « terrible vengeance » à venir. L’ensemble de ces évènements éminemment sympathiques et qui démontre encore une fois tout l’amour entre les peuples de la région, ne font que de mettre de l’huile sur le feu et créer de nouvelles tensions sur le baril. Baril qui est d’ailleurs remonté à près de 83.10$. Une belle cassure au-dessus des 85$ serait sûrement une belle nouvelle pour l’inflation de ces prochains mois.

Pour le moment, l’or est à 2’406$ et le Bitcoin s’échange à 68’000$. Il ne reste donc plus qu’à se plonger dans les nouvelles du jour pour y trouver de quoi s’occuper en ce lundi matin qui n’est que politiques et théories autour de la renonciation de Biden. On signalera d’ailleurs que depuis que l’annonce a été faite, les politiciens du monde entier félicitent Joe Biden pour son courage, son leadership et son bilan sans tache de 4 ans de présidence. À voir le déferlement de compliments à son sujet, on pourrait presque croire qu’il est mort. Oui, parce que l’on sait tous que dès qu’un politicien décède, soudainement tout le monde le trouvait parfait, fantastique, merveilleux et charismatique. Bon, s’il était vivant, on n’aurait jamais voté pour lui, mais quand il est mort, ça change tout. Dans le cas présent, Biden est vivant, mais on est en train de l’encenser comme s’il était mort. La ligne entre les deux est vraiment ténue.

Les nouvelles du jour ex-Biden

Alors je vous préviens tout de suite, j’ai galéré pour trouver des choses à dire EN DEHORS de l’affaire Biden, mais on notera quand même que certains médias reviennent sur l’indicateur « Warren Buffet ». Indicateur qui dit que quand la capitalisation des actions américaines dépasse le PIB américain de plus de 150%, c’est très moche pour l’avenir des actions. Et que là, on vient de passer la barre des 200% avant la « correction de la semaine dernière ». Autant dire que ça n’augure rien de bon. Peut-être que le fait que la volatilité soit remontée à 16.5% est aussi un signe que les tensions sont un peu plus présentes et que le risque devient difficilement gérable. On a également eu droit à un speech de Mark Spitznagel qui estime que la récession se rapproche de plus en plus et que les marchés pourraient perdre 50% de leur valeur. Précisons au passage que Spitznagel avait déjà tiré la sonnette d’alarme en janvier 2023. On sait qu’il est très juste pour prédire les krachs, mais pas toujours très bon en termes de timing.

Dans les bonnes nouvelles que l’on aime entendre, il faut aussi retenir que Goldman Sachs – dans son podcast de la semaine dernière – a affiché ses doutes par rapport à ce que pourrait réellement rapporter – à terme – les investissements dans l’IA. La banque d’affaire et son invité, Daron Acemoglu, professeur au MIT, ont estimé que les investissements gargantuesques mis en place ces derniers mois risquent de faire exploser la concurrence et de faire pression sur les marges et va finir par générer des revenus dérisoires par rapport aux attentes. Pour le moment on parle d’investissements de 1’000 milliards et qu’à peine 25% de ces 1’000 milliards seraient rentables. L’impact sur le PIB devrait être au maximum de 0.9%. Pas de quoi se rouler par terre, mais en revanche, de quoi se poser des questions sur la croissance future du secteur. Pour ceux que ça intéresse, l’étude du Professeur Acemoglu est disponible ici : Goldman SAchs Report

Chiffres du jour

Côté chiffres du jour, mis à part les ventes de détail en Allemagne, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. En revanche, côté chiffres du trimestre, on attendra Verizon, NXP et SAP. Ça n’est pas non plus Byzance, mais ça va monter en puissance dans les jours à venir. Pour le moment, les futures sont en hausse de 0.3% et on commence à se dire que la renonciation a du bon, même si Trump est inflationniste. Et puis, comme Jim Cramer a annoncé hier que dorénavant, la théorie de la Trump trade était terminée, au vu de son track record, on peut dire que ça devrait encore durer un peu.

Passez une excellente journée et on se voit demain, comme d’habitude ! Que la force soit avec vous et aussi un peu avec Kamala Harris.

Thomas Veillet
Investir.ch

“The greatest gift is the ability to forget – to forget the bad things and focus on the good”

Joe Biden