Le S&P500 est au plus haut de tous le temps. Le Nasdaq aussi. Le Dow Jones n’y arrive toujours pas. Ce lundi n’aura pas été la plus grosse séance de l’année, mais pour l’instant nous sommes toujours sur des rails pour aller toujours (un peu) plus haut. On réchauffe toujours un peu les mêmes histoires ; hier l’IA était à nouveau à l’honneur après avoir marqué le pas pendant quelques semaines. Et puis on parle du bordel en France. Un bordel moins pire qu’un bordel RN, mais un beau bordel quand même. Mais autrement, pour être franc, personne n’a envie de faire les grandes manœuvres au vu de la semaine qui nous attend. Pour chauffer la salle, c’est Powell qui s’y colle dans quelques heures.
L’Audio du 9 juillet 2024
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Les lendemains d’hier pour le CAC
En France, tout le monde est content parce que le RN s’est pris une claque. Enfin, tout le monde est content sauf les 8.7 millions d’électeurs qui avaient voté pour le parti « d’extrême-droite » (même si Madame Le Pen n’aime pas trop qu’on dise « extrême-droite »). Mais peu importe, la coalition bricolée par un achalandage de gauche qui ne s’entend pas et un résidu de Macronie qui se prennent encore pour Dieu Le Père – la démission d’Attal ayant été refusée par le Roi déchu – aura tout de même réussi à faire « barrage » au RN. Le « barrage » étant à peu près le seul programme politique qui séduit les Français à chaque élection.
Le BORDEL annoncé par l’arrivée à Matignon de Bardella aura donc été repoussé à une date ultérieure et en attendant, il n’y a pas de majorité claire et tout le monde veut être Calife à la place du Calife, vu que la plupart des députés à la gauche d’Ensemble sont convaincus d’être LE PREMIER MINISTRE qui va sauver la France, monter le SMIC de 200 Euros, pourfendre les fraudeurs fiscaux, relancer l’économie, réduire l’inflation, bloquer les prix et creuser le déficit de 178 milliards supplémentaire. Tout ça sans la moindre majorité absolue. Et sans la moindre coalition avec Attal et ses lieutenants. Bref, on a évité un bordel d’extrême-droite et on va devoir gérer le bordel moins pire généré par le bricolage de gauche. Tout ça bien sûr si j’ai bien tout compris. Bien que mon avis ne compte absolument pas et ne fasse strictement aucune différence. Reste à voir ce que les marchés en pensent. Et là tout de suite, sur la séance d’hier, ça n’est « monstre encourageant ».
S&P hausse le ton
Dès les premiers échanges du CAC hier matin, on a pu sentir un certain soulagement. En effet, le monde merveilleux de la finance avait espéré une situation « bloquée » qui semblait un moindre mal face à une victoire totale d’un des deux extrêmes. L’indice parisien avait donc ouvert en hausse et, malgré la fébrilité, on pouvait trouver une lueur d’espoir dans la hausse du matin. Les choses n’ont cependant pas vraiment duré. Les intervenants se sont gentiment rendu compte que même si tout était bloqué, le NOUVEAU FRONT POPULAIRE allait tout de même taper sur le clou pour revendiquer le job de Premier Ministre, mais dans la foulée, le bon Président, spécialiste de l’emmerdement des Français et de la grenade dégoupillée dans les jambes, a décidé de refuser la démission de son clone. Dès lors, on comprenait que le choses n’allaient pas se dérouler aussi simplement que prévu.
Le CAC est reparti au Sud aussi sec et dans la foulée Standard & Poors a levé le bras pour prévenir que si le « bordel » s’intensifiait et que l’Assemblée Nationale se retrouvait bloquée, l’agence de rating se verrait obligée d’abaisser encore la note de la France, le tout en se souvenant que dès la rentrée scolaire, l’Europe allait revenir taquiner le gouvernement avec le déficit massif mis en place par Nono l’écrivain pour adultes. Bref, en conclusion de la séance française d’hier – les analystes techniques apprécieront – mais le retournement de tendance intraday et la tronche de la clôture du CAC ne laissait pas présager d’une semaine joyeuse avec de tout repos. Hier le CAC a terminé en baisse de 0.63% et je ne saurais trop recommander aux intervenants de prévoir des médicaments contre le mal de mer ces prochaines semaine.
Des records à New York en attendant le témoignage du boss (et je ne parle pas de Bruce Springsteen)
Pendant que la France finissait de digérer sa gueule de bois post-électorale à grands coups d’Alka Selzer, les USA entamaient une semaine sur les pattes arrière. Une semaine qui s’annonçait chargée en termes d’évènement macro-économiques, puisque durant les deux jours qui viennent – mardi et mercredi – Jerome Powell va se retrouver devant le Sénat et le Congrès qui vont le passer au grill pour savoir ce qu’il compte faire pour empêcher l’économie de tomber en récession tout en ramenant l’inflation dans la zone cible des 2% attendus depuis plus de 2 ans. En attendant ce double témoignage qui ne devrait pas déroger de la ligne classique qui est celle de Powell depuis trois mois avec le traditionnel communiqué de presse qui dit :
« Je suis prêt à baisser les taux, aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire, mais avant il nous faut plus de preuves comme quoi l’économie est bien en phase de ralentissement et comme quoi le marché de l’emploi est bien en train de se faire déglinguer et comme quoi l’inflation va VRAIMENT en direction des 2% »
Hier, les gens de Wall Street ont donc décidé de se concentrer sur les choses qui fonctionnent en attendant de revenir sur le sujet de l’éventuelle baisse des taux qui pourrait intervenir AVANT que le pays tombe en récession. Et ce qui fonctionne – en ce moment – c’est l’Intelligence Artificielle. Il est vrai que récemment c’était un peu moins « tendance » mais depuis hier, on semble avoir remis l’ouvrage sur le métier. Tout d’abord il faut retenir l’upgrade de l’UBS sur Nvidia. La banque suisse a augmenté son target à 150$ et s’est montrée très encourageante pour la suite. Le titre a donc pris 1.91%, entraînant avec lui à peu près tout le secteur, Super Micro en tête, puisque le fabricant de serveurs dédiés à l’intelligence artificielle a explosé de 6.3%. Et puis comme cela ne suffisait pas, il fallait aussi retenir Corning qui a fait un PROFIT WARNING à la hausse et s’envolait de 12% après avoir expliqué son implication dans l’IA. La société devrait donc annoncer des chiffres fabuleux lors de sa publication trimestrielle qui aura lieu le 30 juillet.
Records encore
En plus de cet intérêt renouvelé au sujet de l’IA, on notera qu’aux USA aussi ils ont leur serpent de mer politique, puisque le feuilleton Biden continue avec le New York Times et le Wall Street Journal qui semblent avoir décidé de joindre leurs forces pour pousser Biden vers la sortie. Il n’y a pas une heure qui passe sans une nouvelle « révélation » au sujet de la santé du Président et de sa probable incapacité à tenir son poste. Hier les journalistes étaient obsédés par la visite mystérieuse d’un spécialiste de la maladie de Parkinson, qui serait venu à plusieurs reprises à la Maison Blanche ces derniers mois. Rien n’est confirmé et rien n’est justifié non plus, pour des raisons de sécurité. Mais l’un dans l’autre, on sent tout de même que le mot sérénité n’est pas le premier qui vient à l’esprit et cela même si Biden fait la grosse voix pour dire qu’il n’y aucun problème et qu’il va battre Trump. Bien qu’au vu des sondages, s’il compte le battre, il va devoir engager un sniper pour lui régler son compte.
Le feuilleton Biden ne semble pas inquiéter les marchés mais par contre, c’est extrêmement distrayant et ça n’aide pas à rester concentré. Biden devrait parler aux Américains ce jeudi – s’il n’est pas trop fatigué – et à partir de là, nous aurons droit au second round. Et puis, pendant que le feuilleton Biden fait rage sur les chaînes d’infos, il y a un AUTRE feuilleton qui vient de nous faire un nouvel épisode, celui de Boeing. Hier un Boeing 757 a perdu une roue au décollage de Los Angeles et a pu se poser sans encombre à Denver. La roue a été retrouvé à l’aéroport de Los Angeles. On croit rêver, il n’y a bientôt plus un jour qui passe sans qu’un Boeing sème une pièce détachée d’avion quelque part sur la planète. Nous avions à peine fini de parler du nouveau procès qui s’ouvre pour eux, que nous remettons le couvert avec une roue qui avait décidé de pas aller à Denver. Ça me fait penser qu’il faut que je me renseigne pour savoir sur quel avion je vais voler pour partir en vacances et si c’est bien raisonnable de partir…
Ce matin, à l’autre bout de la planète
Du côté de l’Asie, c’est exactement comme hier. On a peur de la guerre des tarifs en Chine et ça pèse sur le marché, Hong Kong recule de 0.4% et la Chine vient juste de repasser dans le vert et au Japon, on fait comme aux States : on bat des records d’altitude, le Nikkei est en hausse de 1.5%. Le pétrole est à 82.06$, l’or se traite à 2372$ et le Bitcoin est à 57’150$.
Pour le reste, tout le monde est dans les starting-blocks en attendant Powell qui parlera à 10h du matin, heure de la Côte Est et en attendant, les futures sont légèrement en hausse. Il faudra aussi noter que le fabricant de voitures électriques Lucid a publié les chiffres de ses ventes hier. Le titre a pris près de 8% sur l’annonce d’une hausse de 71% des ventes si l’on compare à l’an dernier à la même période. Bon. Ils ont vendu 2’394 voitures. Il n’y a pas non plus de quoi se rouler par terre, mais ça suffisait pour faire monter l’action. Au chapitre « take-over », il y a Eli-Lilly qui vient d’acheter Morphic Holding pour la modique somme de 3.2 milliards cash. La prime est de 75% par rapport au prix de clôture de vendredi dernier. Ne me demandez pas ce que fait Morphic Holding, j’ai bien essayé de comprendre mais mis à part que c’est une société « biopharmaceutique », j’ai pas tout capté leur business principal. Il suffira de se souvenir que ça valait 3.2 milliards.
Le reste
Autrement, dans les autres nouvelles, on retiendra que la fusion entre Paramount et Skydance est entérinée, que le stratège de Morgan Stanley pense que le marché pourrait perdre 10% d’ici les élections américaines – lui on lui a clairement forcé la main quand il a tourné bullish il y a six semaines. Il y a aussi BCA Research qui estime que le marché va chuter de 32% en 2025 parce que la FED n’aura pas réussi à empêcher la récession et puis, dans les statistiques qui n’ont rien à voir avec le marché, Stifel pense qu’il y a 40% de chances que Biden jette l’éponge. On ne sait pas comment ils arrivent à un chiffre pareil, mais c’est écrit noir sur blanc. Pour ce qui est des chiffres du jour, il n’y a rien mis à part Powell qui va parler et ça sera largement suffisant.
Pour le reste, je n’ai plus qu’à vous souhaiter une excellente journée et vous prévenir qu’il n’y aura pas de « chronique » demain matin pour cause de déplacement dans les tréfonds de la Suisse Allemande, mais je serai de retour jeudi matin pour analyser les deux témoignages de Powell d’un coup ! Excellente journée à tous et à jeudi !
Thomas Veillet
Investir.ch
“Most investors want to do today what they should have done yesterday.” Larry Summers