Une chose est certaine, définitive et officielle : chaque fois que je m’absente ne serait-ce que 2 jours, c’est le bordel total. Bon, au moins cette fois c’est dans le bon sens, mais quand même. Il faut dire que c’était un peu à prévoir ; le Président Trump manipule les marchés comme jamais et je ne suis pas loin de penser que dans quelques années, on se rappellera cette présidence comme étant celle où le Président Américain nous a le plus baladé dans tous les sens pour son plus grand PLAISIR ! Je me souviens encore du mois d’avril où la panique était à nos portes et quand les gens n’avaient qu’un mot à la bouche : « Dois-je m’inquiéter pour ma retraite »… Et puis : ABRACADABRA…
L’Audio du 14 mai 2025
Télécharger le podcast
Bull market et retour en terrain positif
Nous sommes donc tous bien d’accord, il n’y a ABSOLUMENT RIEN DE NOUVEAU dans la guerre tarifaire si ce n’est que les chiffres débiles qui avaient été annoncé il y a quelques semaines (145% et 125%), ont été ramenés à la réalité pour les 90 prochains jours. Là il ne reste plus que 88 jours et Trump a déjà dit qu’il ne ferait pas de cadeau s’il n’y a pas de « deal » – même si l’on ne sait pas trop ce qu’il aimerait vraiment comme « deal » pour être « content » – toujours est-il que le marché est donc super-heureux parce que les Américains et les Chinois discutent (ça se passe même mieux qu’avec les Européens selon le Président américain qui est toujours extrêmement volubile). Un peu à l’image du moratoire annoncé il y a un peu plus de 30 jours, les marchés ont adoré et nous revoici plus haut que lorsque le « LIBERATION DAY » nous avait détruit le moral, emmené en mode panique et nous avait fait nous poser des questions sur l’avenir de nos caisses de pension.
Pourtant que s’est-il VRAIMENT passé de concret au sujet des taxes douanières ? Y a-t-il des choses qui ont réellement changé depuis que Trump est au pouvoir ? Alors oui, bien sûr, les voitures européennes ne sont pas au mieux de leur forme, il y a bien deux-trois trucs qui dérangent et qui piquent un peu les yeux, mais l’un dans l’autre, mis à part avoir forcé les sociétés à venir publier leur Q1 2025 en précisant TOUTES (ou presque) qu’elles n’avaient aucune visibilité sur l’avenir À CAUSE DES DROITS DE DOUANE, je n’ai pas l’impression qu’il y a grand-chose qui ait changé. Alors OUIIII, bien sûr, il paraît qu’il est trop tôt pour mesurer l’impact sur les résultats des sociétés et BIEN SÛR, il faudra peut-être attendre le Q2 pour en savoir plus. Mais une chose est certaine ; les analystes ont déjà tous baissé leurs attentes pour le trimestre prochain et à voir les contrats qui ont été signés hier en Arabie Saoudite, j’ai l’impression que pour certains, battre les attentes du Q2 ne sera qu’une promenade de santé. C’est en tous les cas ce que laisse présager le comportement des marchés du monde entier. Enfin, pour autant que l’on puisse encore considérer que les marchés en question ont une réelle réflexion « logique » sur ce qui se passe. Ce dont je doute de plus en plus, je ne vous le cache pas.
Et l’inflation, c’est trop tôt aussi ?
Lors de l’élection de Donald Trump, une bonne partie des « experts en finance et en économie », nous avait expliqué que même si le Président ravageait le monde avec ses tarifs douaniers et coupait massivement dans les impôts, ça devrait pas poser de problème à l’inflation qui était totalement sous contrôle. Et, puis au moment où l’on a aperçu la touffe de cheveux orange pénétrer pour la première fois dans la Maison Blanche, nous sommes entrés en mode : « et si on s’était gouré et que les taxes douanières avaient la capacité de rebooster l’inflation ???? » La suite, on la connait. Enfin, on la connait, sauf qu’hier mon meilleur ami, le Bureau of Labor Statistics a publié un chiffre de l’inflation qui laisse encore une fois penser que cette chère inflation pourrait finalement aller de mieux en mieux. On avait déjà commencé à s’en douter lors des derniers chiffres du PCE, mais là, hier, Trump a pu commencer à boire du petit lait. Et aussi à défoncer ENCORE UNE FOIS POWELL avec son histoire de taux.
Le CPI est donc sorti à 2,3 % contre 2.4% attendu par les « experts » (encore eux). C’est le chiffre le plus faible depuis février 2021, mais pas de quoi ouvrir le champagne non plus (enfin Trump l’a déjà fait mais nous on va rester encore un peu raisonnables – Suisses, quoi). Raisonnable, parce que le core CPI, lui, est resté à 2,8 %, et derrière les apparences calmes se cache toujours la bombe à retardement : les tarifs de Trump. Pour l’instant, les hausses de prix liées aux droits de douane ne sont pas visibles — normal, elles viennent à peine d’entrer dans le pipeline comme on l’a dit – et puis à l’heure actuelle, on aime bien repousser l’échéance en disant que jusque-là ça va, mais que ça sera pire plus tard. Mais entre les loyers qui grimpent (+0,3 %), l’assurance auto qui s’envole, et les œufs qui dévissent mais restent à +49 % sur un an (!), la pression n’a pas encore disparu. Trump a levé le pied avec Pékin (90 jours de pause), mais maintient le reste. Résultat : la Fed garde ses taux hauts, les marchés repoussent les espoirs de baisse à septembre, et la vraie question devient : est-ce qu’on a calmé l’inflation… ou juste différé la suite ? Pour l’instant, le marché reste zen. Et on a toujours tendance à oublier que OUI, l’inflation baisse peut-être (légèrement), mais que l’on paie quand même le panier de la ménagère entre 20 et 30% plus cher qu’il y a 5 ans… Et vous aussi vous avez été augmentés de 30% sur 5 ans ?
Non, c’était juste pour savoir…
Inflation qui baisse ou consommateur qui flanche
La bonne… Que dis-je, l’EXCELLENTE NOUVELLE d’hier, c’est donc l’inflation qui baisse ou qui continue de baisser, c’est selon où l’on se place. La question que l’on peut donc légitimement se poser ; c’est de savoir si l’inflation baisse parce que les prix baissent ou est-ce qu’elle baisse parce que le consommateur est en PLS et qu’il se prépare à l’impact en cas de catastrophe économique. Non, parce que si c’est le second cas qui s’applique, ça veut dire que les prix baissent parce que la demande par en vrille et que les vendeurs sont obligés de baisser les prix, ce qui sous-entendrait que l’économie elle-même et la croissance de cette dernière ne serait pas tout à fait au mieux de sa forme. Mais bon, on ne va pas pinailler pour si peu et se dire que tout va bien dans le meilleur des mondes et que Trump a raison et que Powell est vraiment trop con de ne pas baisser les taux. C’est en tous les cas une hypothèse sur laquelle nous pouvons travailler. Du côté des « experts à Wall Street », on retiendra que l’on préfère être réservé sur la possibilité de voir les taux baisser, puisque le consensus reste quand même de se dire qu’IL EST ENCORE TROP TÔT POUR JUGER DE L’IMPACT DES TARIFS DOUANIERS. Rendez-vous donc le mois prochain pour mettre fin au suspense. À moins que ça soit ENCORE UN PEU TÔT. En tous les cas, en attendant, il y en a un qui n’a pas attendu pour dire ce qu’il pensait des taux et de l’attitude du « Maître des TAUX aka Jerome Powell ».
Puisque le Président s’est encore fait plaisir hier soir. Il n’a pas eu besoin de réfléchir trop longtemps. Les chiffres du CPI à peine sortis, Trump a exigé une baisse des taux immédiate. Il a carrément balancé sur Truth Social que « tout est en baisse » — essence, énergie, courses — et que Powell est « trop lent » – « Too Late Powell ». Bien sûr, Powell garde le cap, taux inchangés à 4,25 %-4,50 %, en soulignant l’incertitude sur l’emploi et les prix. Bref, Trump veut couper, la Fed temporise. L’affrontement continue et on n’est pas vraiment sûr que ça va bien se finir, sachant surtout que Powell va parler jeudi soir – encore un évènement qui va nous occuper pendant au moins cinq minutes avant de se rendre compte qu’il a encore réutilisé son discours post-FED meeting de mai.
Bye, bye SELL OFF, Bye, bye correction
Enfin, peu importe ces considérations économiques, le marché vient de repasser dans le vert pour l’année, la zone de correction est derrière nous et techniquement, si l’on prend les plus bas du S&P500 et la clôture d’hier soir, l’indice est en hausse de 22% – en résumé : nous sommes entrés dans un NOUVEAU BULL MARKET. Et sinon, le sell-off de 2025 ? Disparu. Effacé. Rayé de la carte. Après un mois d’avril aussi nerveux qu’un trader qui aurait été short sur Nvidia, les marchés se sont calmés : inflation plus faible que prévu, apaisement commercial entre les USA et la Chine, ET BAM ; FOMO again, plus jamais faible et à poil les shorts ; ce qui est un tout grand classique du monde merveilleux de la finance. Nvidia a repassé la barre des 3’000 milliards de capitalisation. Le titre a gagné 5,6 % hier pour clôturer à 129,93$. La raison ? Un combo explosif : un deal stratégique avec l’Arabie Saoudite + un marché euphorique post-tarifs. Nvidia va fournir ses super-puces GB300 pour un méga data center IA, via la start-up saoudienne Humain. 18’000 puces dès la première phase, et plusieurs centaines de milliers sur 5 ans. Pendant ce temps, AMD et Broadcom suivent la vague, et même AWS s’invite dans la partie. Interdite de vendre ses puces H20 en Chine, Nvidia planche sur une version « light » pour contourner l’embargo. Les résultats sont attendus le 28 mai, avec un léger doute sur le bénéfice par action, mais la croissance devrait repartir fort au second semestre. Pour l’instant, Jensen Huang peut remettre son blouson en cuir et dire MERCI à Trump d’avoir été jouer les vendeurs de savonnettes au Moyen-Orient. Et ça n’est pas terminé, puisque Trump continue son pèlerinage dans la région et visiblement à son retour, le Président va ramener plus de cadeaux que les Rois Mages à leur époque.
Du coup, Wall Street respire et la VIX s’effondre. Et quand je dis « s’effondre, c’est littéralement un effondrement. On vient d’assister à la chute la plus rapide de la volatilité depuis que le VIX existe. Elle est passée de 60 à moins de 20 en 21 séances. Du jamais-vu. Un peu comme si la peur avait disparu aussi vite qu’elle était arrivée. Le point de bascule, la raison ? Vous la connaissez ; Trump, les tarifs, le backpedaling et les moratoires tous azimuts. Bla-bla-bla, la Chine bla-bla-bla – meilleurs amis, bref vous avez déjà entendu l’histoire. Résultat : les marchés passent de la panique à l’euphorie. Statistiquement, on rappellera qu’un effondrement rapide du VIX a historiquement été suivi par de belles performances du S&P500 à 3, 6 et 12 mois. Mais attention : les tarifs sont toujours là, l’inflation guette, et le risque de récession reste à 35 % selon Goldman et à 40% selon les autres. En gros : on a peut-être évité la crise, mais pas encore forcément le ralentissement. Pour l’instant, Wall Street veut croire au miracle… et c’est peut-être justement ça, le plus dangereux, mais ne gâchons pas la fête et comme on dit tout le temps, tout va très bien Madame la Marquise, tout va très bien. En tous les cas, on notera qu’on entend beaucoup moins les gens qui nous expliquaient – au matin du 5 avril – que Trump était en train de « DÉTRUIRE L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE ET QU’IL ALLAIT DÉCLENCHER L’EFFONDREMENT DE L’EMPIRE AMÉRICAIN ». Alors peut-être que ça n’est que partie remise et qu’on en reparlera dans 6 mois, mais là tout de suite, Wall Street a tout pardonné et c’est « en voiture Simone » pour un nouveau Bull Market. Enfin, jusqu’à la fin des moratoires.
Le Far East dans tous les sens
Ce matin en Asie, il y a du vent et c’est du vent qui va dans tous les sens… Hong Kong et Séoul ont suivi Wall Street à la hausse (+1,5 %), portées par Nvidia et le méga-deal saoudien, pendant que le Japon glissait à cause d’un yen qui se renforce, plombant les exportateurs. La journée avait pourtant commencé en hausse à Tokyo, puisque l’on continuait de parier sur un avenir rose une fois qu’un deal sera signé pour les exportateurs de voitures – on y croit de plus en plus. Pourtant, tout s’est dégonflé avec l’inflation japonaise qui tape les 4% et qui laisse à penser que la BOJ va bien devoir faire quelque chose – elle parlera le 20 mai. Pour l’instant, l’euphorie post-tarif Trump-Xi commence déjà à faiblir : le marché veut voir la suite des négociations, pas juste un 90 jours de pause. La Chine reste molle, avec des indices à plat, comme si on attendait quelque chose, mais quoi ??? En Australie, à Singapour ou en Inde : RAS, c’est morne plaine. Pour l’instant, l’Asie suit, mais ne mène pas la danse. Et clairement, tout le monde garde un œil sur la Fed, la Chine, et surtout… Trump.
Du côté de l’or on est à 3’230$, mais c’est pas grave parce que tout le monde sait qu’un jour où l’autre, il ira à 5’000$, comme me disait un trader il y a deux jours. Du côté du pétrole, le brut retrouve sa couleur noire et se traite à 63.37$ – puisque soudainement, depuis deux jours, tout le monde pense que la Chine va exploser une fois que le deal sera signé et qui dit explosion de la croissance économique dit que ça va carburer grave dans les raffineries pétrolières. Enfin, c’est ce qu’on croit depuis deux jours, mais comme les traders pétrole sont presque plus volatiles qu’un politicien français, on est à l’abri de rien. Et puis le Bitcoin se traite à 103’600$ et du coup, on reparle de l’Ethereum qui – pour une fois depuis longtemps – surperforme le roi Bitcoin, l’ETH se traite à 2’652$.
Des news, des news…
Du côté des nouvelles du jour, en dehors du mega-deal de Nvidia, on parle aussi de UnitedHealth, qui est officiellement la série noire de 2025. Après une chute de 27 % en avril suite à une révision de guidance, le géant de l’assurance santé retire carrément ses prévisions 2025. Clou supplémentaire sur le cercueil : le CEO Andrew Witty jette l’éponge, remplacé par Stephen Hemsley, ex-patron historique. Motif officiel : raisons personnelles. Motif officieux : c’est le chaos. Les problèmes dans la branche Medicare Advantage explosent : patients plus malades que prévu, coûts qui dérapent, projections bidon. Résultat : -17 % en séance mardi. Et les autres tombent avec : Humana, CVS, Cigna, tous en vrac. UnitedHealth promet un retour à la croissance en 2026… mais sans aucun chiffre. On croit rêver. Le marché n’a plus confiance, surtout depuis le meurtre choquant en décembre de Brian Thompson, dirigeant clé de l’assurance, qui a cristallisé une colère populaire violente contre le groupe. Depuis, l’image est en lambeaux. Et l’action aussi. Du côté positif de la force, on notera aussi que Coinbase va rejoindre le S&P, si on avait encore un doute sur l’acceptation des cryptos dans le monde merveilleux de la finance, il est définitivement levé. Le titre a pris 24% pour fêter ça. Il y a aussi Microsoft qui coupe dans le gras et qui vire 3% de son staff à cause de, je cite : « l’utilisation grandissante de l’Intelligence Artificielle ». On risque de l’entendre encore quelques fois celle-là… Et puis Ed Yardeni a réduit ses probabilités de voir une récession arriver aux USA – à cause du revirement de Trump – et fixe un objectif à 6’500 pour la fin de l’année sur le S&P500… Mais OÙ ÉTAIENT CES MECS LE 5 AVRIL ???
Autrement le Moyen Orient salue le Messie Trump. Le Président a donc démarré sa tournée régionale à Riyad avec un méga-package : 300 milliards de deals signés avec l’Arabie saoudite (objectif : 600 dans 4 ans), puis levée des sanctions contre la Syrie, et un gros avertissement nucléaire à l’Iran. Le nouveau président syrien, ex-islamiste repenti, promet un plan Marshall à l’américaine pour reconstruire son pays… Comme quoi même les pires terroristes repentis peuvent avoir droit à une seconde chance et ça ne fait vomir personne, puisque Trump lui dit banco. Il pousse aussi MBS à rejoindre les Accords d’Abraham avec Israël, malgré la guerre à Gaza. Côté show, Air Force One atterrit escorté de F-15, tapis lavande, drapeaux, Elon Musk au déjeuner, et Gianni Infantino pour décorer. Côté fond : Trump fait ce qu’il sait faire — des deals, du business, et du narratif musclé. Mais derrière la vitrine, la région reste un champ de mines : Iran, Syrie, Gaza, et la tension avec Israël en arrière-plan. En résumé : l’Amérique revient au Moyen-Orient… Mais c’est l’Amérique façon Trump, tout peut arriver.
Les chiffres du jour
Nous sommes mercredi – enfin je crois – et la semaine continue en attendant Too Late Powell demain soir. Côté chiffres économiques nous aurons droit au CPI allemand et espagnol et puis il y aura Waller et Daly de la FED qui vont parler au milieu des inventaires pétroliers. Côté chiffres trimestriels, ce soir c’est Cisco qui sera de sortie. Le titre a pris 20% depuis début avril et ils vont sûrement nous parler de leurs puces magiques pour le quantum computing, c’est sûrement un sujet qui peut faire parler de lui en pleine période de FOMO où le Greed and Fear Index est à quelques encablures de rentrer en zone EXTREME GREED… Après avoir tapé les 4 autour du 10 avril, nous voici à 69 ce matin. Tu parles d’un retour en grâce. Je ne suis pas loin de penser que Trump va marcher sur l’eau pour rentrer aux USA, tellement il est fort.
Pour le moment les futures sont légèrement en hausse et plus rien ne peut nous arriver, enfin, on dirait… Passez une excellente journée, content d’être de retour ! On se reparle demain matin pour voir si l’on surfe toujours sur la vague des réductions de tarifs ou si le sujet du jour est devenu autre chose !
À demain (si vous le voulez bien).
Thomas Veillet
Investir.ch
A bargain is something you can’t use at a price you can’t resist. – Franklin Jones