L’Allemagne revient avec deux puissants plans de relance économique.

Le premier est celui de €500 milliards sur cinq ans, annoncé par le nouveau chancelier Merz ce printemps, dédié à l’infrastructure, aux transports, à la digitalisation, à la défense et à la transition énergétique. Le second plan, privé, a été lancé la semaine dernière par 61 entreprises allemandes, initié par deux poids lourds de l’industrie allemande Siemens et Deutsche Bank, qui se sont engagées à investir €631 milliards d’ici 2028. D’autres entreprises participantes sont Airbus, BASF, BMW, Deutsche Börse, Mercedes-Benz, Rheinmetall, SAP, Volkswagen, mais le plan intègre également des sociétés étrangères comme Nvidia, Blackrock, Blackstone. Ils visent à relancer la machine économique allemande et restaurer la confiance des investisseurs.

Cette confiance retrouvée s’observe par la belle performance boursière des actions allemandes avec un DAX en hausse de 22% en 2025.

Cette initiative de l’industrie allemande intervient alors que le gouvernement allemand s’apprête à augmenter ses dépenses, rendues possibles par une récente réforme des règles d’endettement et la création d’un fonds spécial dédié aux infrastructures.

Ces deux plans allemands représentent €1’100 milliards. C’est énorme. Joe Biden avait lancé des plans de $2’000 milliards, alors que le PIB US est 6 fois supérieur au PIB allemand.

Il y a donc un nouveau partenariat solide entre le gouvernement et les entreprises privées avec un mot d’ordre «Croissance et compétitivité», ainsi qu’un assouplissement de la régulation et des tâches administratives. De la bouche de tous les dirigeants politiques et industriels, on entend «Germany is back. It’s worth investing in Germany again». La confiance et les sourires reviennent.

Deux des principaux défis pour le Chancelier Friedrich Merz seront les réformes concernant la bureaucratie et les cotisations sociales qui augmentent le coût du travail. Le chancelier Friedrich Merz a annoncé que la réforme du système social serait la prochaine priorité de sa coalition. Les premiers résultats sont attendus dans les prochains mois. En Allemagne, employeurs et salariés paient chacun la moitié des cotisations salariales à l’assurance maladie, à l’assurance chômage et aux retraites. En raison de la hausse des coûts des soins de santé, les cotisations d’assurance maladie ont augmenté de manière généralisée au début de cette année. Les cotisations à l’assurance devraient augmenter en 2026. En Allemagne, 42 % du produit national brut est consacré aux services sociaux. L’Allemagne est une société vieillissante, et la génération du baby-boom commence à prendre sa retraite. De plus, l’espérance de vie augmente. Pour financer la retraite, l’État doit cotiser davantage aux fonds de pension chaque année. Selon l’OCDE, la réforme de l’assurance sociale constitue le principal défi pour l’Allemagne. Si rien ne change, l’État devra continuer à s’endetter pour maintenir les systèmes sociaux à flot.

Face à trois impérialismes, américain, chinois et russe, l’Europe se réveille. La Pologne et les pays baltes, dans une moindre mesure la Finlande et la Suède, ont considérablement augmenté leurs dépenses militaires face au risque russe. A part l’Allemagne dans une situation financière confortable, les autres pays européens sont bloqués par une situation d’endettement et de déficits budgétaires importants. Les plans allemands pourraient indirectement tirer l’économie européenne dans son ensemble.

Mi-juillet, Jamie Dimon, PDG de JPMorgan, disait que l’Europe avait été une perdante économique et en compétitivité face aux US et à l’Asie durant ces 15 dernières années. Son PIB est passé de 90% du PIB US à 65%. L’Europe a totalement raté l’expansion de la technologie. L’Europe a de moins en moins de sociétés capables de rivaliser avec les US et l’Asie. La faute à la mondialisation malheureuse axée sur le consommateur et la désindustrialisation. Jamie Dimon fait référence au plan annuel de €800 de Mario Draghi qui avait rencontré un enthousiasme limité. Pour les faiblesses, il cite également les barrières commerciales, les marchés des capitaux, l’union bancaire, les réglementations, les régimes fiscaux et juridiques, le manque de souveraineté dans l’énergie, les métaux critiques, les satellites de communication et les services numériques.

En PIB par habitant, les pays européens sont mal placés vis-à-vis des Etats américains. Le Mississipi, l’Etat le moins riche des Etats-Unis, est proche de dépasser l’Allemagne, mais plus riche que la France, le UK, l’Italie et l’Espagne.

L’Europe a clairement accumulé un retard considérable dans de nombreux secteurs. Elle réagit, mais avec lenteur et surtout beaucoup d’idéologie.

  • En bourse, l’Europe a surperformé les US en 2025 grâce aux annonces faites sur les dépenses dans la défense et sur les plans d’investissement allemands qui sont gigantesques.
  • Cette surperformance devrait se poursuivre grâce à l’accord commercial signé entre l’UE et les Etats-Unis.
  • En Europe, on privilégie les actions allemandes.

2025.08.04.Europe

 

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