La FED a baissé les taux, les marchés continuent de surfer sur la vague de la hausse et les records tombent comme des mouches dans une usine d’insecticide. Les trois indices vedettes du marché US ont battu ENCORE UNE FOIS trois records de concert. Encore une fois c’est la tech qui mène le bal. Puisque non seulement les taux baissent et vont aller encore plus bas, mais EN PLUS, la tech s’automotive, s’auto-pousse en avant en injectant son propre cash chez ses propres clients pour booster la demande. Nvidia est en train de révolutionner le monde et de le prendre à son compte et Wall Street adore. La semaine commence en fanfare et rien ne peut arrêter le bull market qui se shoote à l’euphorie.
L’Audio du 23 septembre 2025
Il y a un nouveau dealer en ville et il s’appelle Nvidia
Nous avons donc entamé la semaine avec une séance de rêve à New York avec un nouveau grand chelem des indices américains. Les trois indices majeurs – Dow Jones, S&P 500, Nasdaq – ont tous signé de nouveaux records de clôture. Troisième fois d’affilée. On se croirait revenus en 1999, sauf qu’au lieu de pets.com, on a ChatGPT et des iPhones. Il ne faudra pas chercher trop loin pour trouver LA RAISON de la hausse, puisqu’hier Nvidia a encore fait parler d’eux. Et cette fois c’est pas pour leurs chiffres du trimestre. Après avoir investi des milliards dans INTEL pour mettre la main sur la production de semiconducteurs aux USA, Nvidia vient de faire une annonce qui a le potentiel de NON SEULEMENT changer la donne, mais aussi de faire lever quelques sourcils, puisque d’une certaine manière après l’annonce d’hier, Nvidia devient son propre client.
Il est bien loin l’époque 0ù Nvidia fondait son business plan sur les cartes graphiques pour jouer à Call of Duty. Aujourd’hui, Jensen Huang construit carrément l’autoroute de l’IA. Hier, il a annoncé que sa boîte allait balancer jusqu’à 100 milliards de dollars dans OpenAI pour construire un gigantesque datacenter. Encore un. Pas en one shot : tranche par tranche, avec pour but une installation de 10 gigawatts de puissance de calcul – soit l’équivalent de la consommation électrique de New York en plein été quand tout le monde met la clim’ à fond et fait cracher l’équivalent de la banquise du Groenland en glaçons toutes les semaines.
Concrètement, ça veut dire 5 millions de GPU Nvidia déployés pour entraîner et faire tourner les prochains monstres de ChatGPT. OpenAI devient officiellement un client captif – et Nvidia un actionnaire, histoire de verrouiller la chaîne de valeur de haut en bas. Le deal, c’est la verticalisation totale : les puces, l’énergie, le cloud, les modèles, et bientôt les usages. Bref, Huang arrête de vendre des pelles et commence à creuser lui-même dans la mine d’or.
Happy chez ChatGPT
Sam Altman, lui, ne cache pas son soulagement : “Sans cette infra, on ne peut plus avancer. Les modèles sont prêts, les cas d’usage explosent, mais il faut du carburant.” Et le carburant passe par les gigawatts. Pour Altman, ce partenariat, c’est le ticket pour que l’IA passe la vitesse supérieure. Les marchés ont évidemment adoré : Nvidia a explosé de près de 4% avec un nouveau plus haut historique à la clé, et toute la galaxie du business des datacenters a suivi comme un seul homme : Vertiv +5,8%, GE Vernova +3,2%. Par contre, il y a un perdant immédiat : Broadcom -1,6%, qui espérait devenir le fournisseur privilégié d’OpenAI avec une commande de 10 milliards. Désormais, leur part de gâteau risque de se réduire.
Ce deal n’est pas isolé : Nvidia a déjà mis 5 milliards dans Intel la semaine dernière, histoire de se diversifier dans la chaîne d’approvisionnement et de montrer patte blanche à la Maison-Blanche. Parce qu’évidemment, au milieu de tout ça, il y a aussi Trump qui pousse pour une infrastructure IA made in USA et qui regarde Nvidia d’un œil méfiant, au point d’avoir déjà menacé (à moitié) de la casser en morceaux pour “favoriser la concurrence”. Autant dire que Huang marche sur un fil : partenaire stratégique de Washington d’un côté, hégémonie technologique de l’autre.
Changement de paradigme
En résumé : on est en train de vivre un point pivot dans le monde de l’IA et de la tech en général. Nvidia ne se contente plus de vendre des puces et des GPUs, elle devient le cœur nucléaire de l’économie de demain. Les risques de bulle sont bien réels, tout le monde en parle, mais à la différence des années 2000, là, il y a déjà une demande insatiable qui dépasse l’offre. Et avec 700 millions de personnes qui utilisent ChatGPT chaque semaine, la faim de calcul ne va pas disparaître demain matin. Alors bulle ou pas bulle ? Impossible à dire, mais disons que pour le moment, Nvidia est en train de poser les rails du chemin de fer de l’IA – de fabriquer les wagons et la locomotive et en plus, c’est elle qui vend les billets. Nvidia verrouille l’écosystème. Ils ne se contentent plus de vendre des chips, ils deviennent equity partners.
L’annonce de Nvidia a donc fait plaisir au secteur technologique qui s’est envolé. Le Nasdaq 100 est totalement suracheté et se rapproche des 25’000 – qu’on devrait aller chercher par principe. Le S&P500 est à 300 points des 7’000 et on se demande bien ce qui pourrait faire baisser le marché, puisqu’à l’heure actuelle, tout le monde s’accorde à dire que les taux vont baisser et que tout va bien dans le meilleur des mondes, puisque le cash ruisselle dans toute l’économie – surtout quand l’économie en question fait de la tech. Hier on retiendra encore le fait qu’Apple a pris plus de +4,3%, propulsé par la demande pour l’iPhone 17. Les investisseurs adorent, Wedbush relève son objectif et le titre passe en terrain positif pour l’année. Même chose chez Oracle : +6,3% – mais pas à cause de l’iPhone, à cause de TikTok. Après l’annonce de son implication dans la future version américanisée de TikTok, la nouvelle vedette de la tech et du software s’est envolée. Imaginez l’État US qui demande à Larry Ellison de jouer au baby-sitter et de sécuriser l’algorithme qui va sélectionner les vidéos débiles qu’il va mettre en avant pour griller le cerveau des utilisateurs, c’est que du bonheur et des milliards de revenus pour Oracle qui touche donc un nouveau jackpot supplémentaire. Bilan de la journée, le S&P 500 a déjà gagné près de 14% en 2025, +30% depuis avril, et le Nasdaq a pris l’ascenseur vers la stratosphère.
L’Europe : l’ennui provincial
En comparaison les marchés européens hier c’était une fête foraine un dimanche soir pluvieux. On avait autant envie d’y aller que d’écouter Zucman expliquer ses théories à deux balles. Paris perdait 0,3%, Francfort reculait de 0,48% et de l’autre côté du miroir, Londres avançait de 0.1% et le SMI, bien que toujours coincé au milieu de nulle part, parvenait tout de même à grapiller 0.14%.
Aucun souffle, aucun catalyseur. L’automobile s’écroule, Stellantis et Renault reculent, Porsche et Volkswagen font des profit-warnings. Bref, l’Europe reste coincée dans ses vieux démons industriels. Pendant que l’Amérique invente l’avenir avec des datacenters tous les 300 mètres, nous, on se demande encore comment sauver Volkswagen, Macron reconnait la Palestine et à en croire les médias français, il a presque marché sur l’eau en faisant ça. Le Président s’est d’ailleurs soigneusement mis en scène dans l’avion qui allait à New York faisant semblant d’écrire son discours lui-même. Même son jeu d’acteur était nul. Enfin bref, hier l’Europe c’était vraiment secondaire, le nouveau monde c’est Nvidia qui construit son infrastructure et qui donne son argent à ses clients pour les rendre encore plus dépendants…
L’Asie suit le mouvement
Ce matin, les marchés asiatiques se concentrent encore une fois sur ce qui s’est dit hier soir sur les marchés US. La région a encore de la peine à digérer le fait que Trump veuille taxer les visas pour faire venir des étrangers aux USA et on prend le temps de soupeser l’impact réel de la news. La Chine est en baisse de 1.10% et Hong Kong fait un peu mieux en ne perdant que 0.9%, mais on sent les craintes de voir les Américains se renfermer sur eux-mêmes et de développer un business unique en laissant le reste du monde au bord de la route. Le Japon ne fait rien, mais c’est surtout parce que c’est fermé pour l’équinoxe d’automne.
Pour le reste, on notera que le pétrole est à 61.94$, l’or à 3’776$ et le Bitcoin vient de passer un sale quart d’heure hier. Après avoir grimpé de 107’000 à 118’000 balles en deux semaines, il s’offre une petite sieste corrective. Rien de dramatique : c’est juste le marché qui digère les prises de bénéfices, vire les excités qui tradent avec 25x de levier, et prépare le terrain pour quelque chose de plus solide. C’est en tous les cas ce que les experts racontent.
En gros : on souffle, on purge, et on se remet en position. C’est pas la fin du monde, c’est juste un bon nettoyage, apparemment pas de raison de paniquer. Le Bitcoin est à 112’200$ et l’Ether s’est bien fait secouer depuis deux semaines et se trouve à 4’189$. Quant au rendement du 10 ans, il est à 4.15%.
La Fed : duel à OK Corral
Pas beaucoup de gras à se mettre en bouche ce matin. Tout le monde attend vendredi pour le PCE, mais en attendant – je vous l’avais dit – on va beaucoup écouter les gars de la FED qui vont parler cette semaine et ça a commencé hier avec Stephen Miran, l’homme de Trump, le « minion » fraîchement nommé par le Président qui a fait une entrée fracassante hier. Fracassante, mais sans surprise puisqu’il estime, je cite :
“Les taux sont 2% trop hauts, la Fed étouffe l’économie, je veux des baisses massives et rapides”.
Et il l’a dit cash : il ne votera jamais juste pour faire plaisir au consensus. En gros, il est venu foutre le bordel, et ça promet des réunions animées. Surtout quand le patron de la FED sera un autre homme que Powell.
À propos de Jerome Powell, lui, reste encore le maître du jeu. Il a coupé un quart de point la semaine dernière, un geste de “risk management” parce que le chômage grimpe doucement. Mais il reste prudent : inflation à 3%, croissance qui ralentit mais pas effondrée, marché de l’emploi qui résiste encore. Powell va parler aujourd’hui à Rhode Island. Et chaque mot sera disséqué comme si c’était la solution ultime pour connaître la destinée des places boursières mondiales pour les mois à venir. Et c’est d’ailleurs peut-être le cas. Le marché, évidemment, rêve d’un “Powell Dovish” qui annoncerait deux baisses supplémentaires cette semaine. Mais Powell n’aime pas offrir des cadeaux. Ni dévoiler ses plans. Et tout le monde sait qu’il se méfie d’une inflation qui pourrait repartir à cause… des fameux tarifs douaniers de Trump. Pour faire simple, si aujourd’hui vous ne devez faire qu’une chose ; c’est écouter Powell et en tirer vos propres conclusions.
Le doute qui s’installe : bull trap, survalorisation et euphorie
En l’absence d’une avalanche de news passionnantes, on notera que certaines réflexions sont en train de s’installer dans le marché et ce matin je suis tombé sur trois façons différentes de voir les choses. De la part de trois experts.
• Le premier parle de Bull trap : selon lui la « Dow Theory » signale un danger. Actuellement, les transports sont à la ramasse, alors que les indices plus globaux explosent. Historiquement, quand les trains, les camions et les avions ne suivent pas, c’est mauvais signe pour l’économie réelle.
• Le second parle de survalorisation : le S&P 500 se paie 23 fois les bénéfices futurs. On est sur les mêmes ratios qu’en 1999. Le CAPE ratio de Shiller clignote rouge vif. C’est cher, très cher. Et pourtant, les flux acheteurs continuent d’arriver. Méfiance quand même.
• Et puis, le troisième, de chez Bank of America assume une certaine euphorie : il dit texto : “La bulle a encore de la marge.” Et rappelle que les bulles historiques montaient en moyenne de 244%. La nôtre est “seulement” à +225%. Autrement dit, “profitez, il reste encore du gras à prendre !”. D’ailleurs, il n’a peut-être pas complètement tort, puisque les Magnificent 7 ou les Great Eight affichent des croissances de bénéfices bien au-dessus du reste du marché. Et Ils continuent de justifier – en partie – leurs valorisations délirantes.
Conclusion : éternelle fête ou future gueule de bois ?
Voilà où on en est. Nvidia redéfinit l’IA et verrouille le marché avec OpenAI. Powell et Miran se battent pour savoir si les taux doivent baisser doucement ou massivement. Les indices volent de record en record, malgré des signaux divergents et des valorisations délirantes. L’Europe continue de ronfler dans son coin, comme si de rien n’était. Tout le monde le sent bien, nous sommes dans un moment historique. Comme la bulle Internet, comme 2007 avant la crise des subprimes. Sauf que cette fois, la promesse est titanesque : l’intelligence artificielle qui réinvente l’économie et qui révolutionne le monde tel qu’on le connaissait.
La question n’est pas “est-ce une bulle ?”. Bien sûr que c’en est une. La vraie question est : jusqu’où peut-elle gonfler avant d’exploser ? Pour l’instant, les marchés s’en foutent. Ça monte tous les jours et comme les chiffres ronds approchent, c’est pas maintenant qu’il faut lâcher !!!
Les chiffres
Côté chiffres économiques on aura plein de PMI’s en Europe et puis aux USA on regardera le S&P Global Manufacturing PMI, le S&P Global Composite PMI et le S&P Global Services PMI. Et puis, il y aura Bowman qui parlera pour les dissidents de la FED et ceux qui lèchent les mocassins de Trump. Ensuite il y aura Bostic qui devrait plus aller dans le sens de Powell. Powell qui conclura d’ailleurs cette journée de speeches…
Dans un autre sujet, Marco et moi animerons un webinaire ce soir chez Swissquote. On va continuer notre thématique sur les DOTS et leur utilisation dans les investissements sur l’IA. ET EN PLUS, vous aurez plein de temps pour poser toutes les questions que vous n’oserez pas poser ailleurs… C’est gratuit et le lien pour l’inscription est ici :
INSCRIPTION WEBINAIRE SWISSQUOTE 18H CE SOIR
Pour le moment, les futures sont en pleine EXPLOSION de 0.01% et nous on se retrouve demain pour de nouvelles aventures qui, j’imagine, seront passionnantes, comme d’habitude. Soyez forts et espérons que Nvidia va continuer à distribuer son cash pour s’auto-propulser plus haut !
À demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
“Whenever you find yourself on the side of the majority, it is time to pause and reflect”.
Mark Twain