La triste réputation du mois d'octobre tient essentiellement au souvenir de deux accidents boursiers majeurs: celui de 1929 où le Dow Jones perdit coup sur coup 13% et 12% les 28 et 29 octobre, et celui d’octobre 1987 où le S&P 500 vécut ses pires séances de tous les temps en s'effondrant de 34% (intra-day) entre le 6 et le 20 du mois. On a aussi eu une correction en 1907 et celle de 2008 avec une chute de près de 30% du S&P 500.
Entre août et octobre, la saisonnalité est défavorable, mais août et septembre ont été bons, augmentant ainsi la pression sur octobre.
Pour ne pas faire durer le plaisir, nous allons commencer par la conclusion. Après 9 mois 2025 plutôt exceptionnels, une consolidation s’imposait, même si les indicateurs de momentum et de sentiment des investisseurs étaient neutres. Un optimisme prudent, mais pas d’euphorie. Pour le moment, nous maintenons notre bull market jusqu’à fin 2026 et l’engouement pour l’IA qui ne devrait pas exploser. Les baisses sont des opportunités d’achat.
Si les actions et les cryptomonnaies ne sont pas en zone surachetée ni euphorique, les métaux précieux le sont avec le «debasement trade» qui parie sur une perte de valeur du dollar. Les métaux précieux sont dans une zone très surachetée. Nous recommandons tactiquement de prendre quelques profits.
La correction de vendredi dernier repose sur le tweet de Donald Trump sur Truth Social annonçant des droits de douane supplémentaires de 100% sur tous les produits chinois déjà concernés par les taxes et un contrôle accru sur les logiciels de pointe exportés en Chine. $2’000 milliards de capitalisation boursière du S&P 500 effacée en quelques minutes. La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine semble reprendre.
Si la baisse des bourses de vendredi dernier a été de l’ordre du normal, le bitcoin a cédé dans la journée de vendredi 17%, passant de $123’000 à $104’782 à 23h18, pour remonter rapidement vers les $114’000 à minuit.
Depuis quelques semaines, la Chine durcissait sa position commerciale. Cela avait commencé avec l’interdiction à ses entreprises d’acheter des puces de Nvidia, justifiant le viol des règles chinoises de la concurrence. Un accord a été conclu entre les Etats-Unis et la Chine pour que TikTok, propriété du Chinois ByteDance, soit vendue à un consortium d’investisseurs américains proche de Donald Trump, mais il n’y encore rien de définitif, la Chine temporisant. Le problème de TikTok, c’est son algorithme qui menacerait la sécurité des Etats-Unis par la manipulation de l’information et de l’opinion publique, soit la possibilité d’amplifier certains contenus ou d’en censurer d’autres, et le transfert des données des utilisateurs américains en Chine. Qualcomm fait l’objet d’une enquête chinoise antitrust avec le rachat d’Autotalks. Dès le 14 octobre, les bateaux américains chargeant et déchargeant dans les ports chinois auront des taxes supplémentaires, en réponse aux taxes américaines pour les bateaux chinois. Mais ce qui a fait réagir Donald Trump est les nouvelles restrictions chinoises sur les exportations des terres rares, métaux indispensables aux technologies de pointe, à l’automobile, aux semiconducteurs et à la défense. La Chine compte pour 70% de l’offre de terres rares.
Le marché a aussi pris en compte des commentaires de la plus grande plateforme anglaise de trading et de services financiers disant que les cryptomonnaies ne sont pas une classe d’actifs et de l’avertissement de Jack Selby, patron de Thiel Capital (propriété de Peter Thiel, fondateur de Palantir) d’une fin sanglante de la bulle IA actuelle.
L’IA et OpenAI commencent à faire peur. Tout va vite et les investissements sont massifs. Cette domination est sans précédent à la Silicon Valley. Dans le passé, toutes les start-ups à succès ont dû faire face à la réalité à un moment donné. Pourtant certains pensent que cette fois-ci le boom actuel est d’une autre nature. OpenAI est privée. ChatGPT touche 800 millions d’utilisateurs chaque semaine et a 10 millions d’abonnés payants (3 milliards de revenus annuels). Un usage massif qui s’étend à tous les secteurs. 4 millions de développeurs travaillent au quotidien avec OpenAI. 32% des entreprises aux Etats-Unis utilisent OpenAI. Des partenariats avec des géants comme Nvidia, AMD, Oracle ou Broadcom. Microsoft détient 49% du capital de OpenAI. OpenAI a un ambitieux plan d’investissements de $1’000 milliards (3.4% du PIB US). OpenAI détient Sora 2, une application permettant de générer des vidéos. Open AI veut transformer ChatGPT en véritable plateforme générative qui est un ensemble de technologies et de services qui fournissent une base pour le développement, le déploiement et la gestion d’applications logicielles. OpenAI est la start-up la plus valorisée au monde, à hauteur de 500 milliards de dollars.
Les doutes. Cette ascension rapide suscite aussi également beaucoup d’inquiétudes. Avec certaines recherches qui ont récemment montré que l’intelligence artificielle pourrait menacer notre capacité de réflexion, et les deepfakes qui se multiplient depuis la sortie de Sora 2, face à l’arrivée de nouveaux utilisateurs. L’IA commence à peser sur l’emploi des jeunes. Les analystes cherchent à comprendre comment OpenAI va financer les $1’000 milliards d’investissements prévus. $200 milliards viendront de Nvidia, Mircrosoft ou Softbank. Et les $800 milliards restants ? C’est 10 années de cash flow libres d’Apple. Durant les 45 dernières années, les IPO dans la technologie se sont élevés à $600 milliards dont $209 milliards durant la période Dotcom 1995-2000. Par la dette ? Difficile. Donc, le compte n’y est pas. OpenAI aurait besoin de 16 gigawatts pour couvrir ses ambitions, soit 15 centrales nucléaires de 1.1-1.3 GW, coûtant chacune $15 milliards nécessitant 8 à 15 années de construction. Si OpenAI ne parvient pas à réunir les fonds nécessaires pour financer les ambitions de Sam Altman, un effet de cascade pourrait saper les fondements du marché haussier, et toucher de nombreux secteurs impliqués dans l’expansion de l’IA comme les Big Techs, les promoteurs immobiliers, les compagnies d’électricité et les fabricants de turbines à gaz. Jamais auparavant une entreprise privée n’a été aussi essentielle à la réussite du marché boursier.
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