C’est lundi matin et il n’y a même plus de suspense. On sait que ça va aller plus haut, peu importe la raison. Il y aura forcément des mauvaises nouvelles cette semaine et c’est sûrement la raison qui nous fera trouver des excuses pour aller plus haut. En lisant la presse ce matin, je ne sais pas ce qui me frappe le plus : le fait que le Président français se foute vraiment du monde avec son nouveau gouvernement de tocards ou le fait que la hausse permanente soit devenue une évidence. On ne sait plus où est l’économie, puisque les fonctionnaires se sont fait virer et il va falloir composer avec, mais ça montera quand même, quant à ceux qui nous gouvernent, il n’y a plus d’espoir.
L’Audio du 6 octobre 2025
Morne plaine
La première chose qui frappe en allumant mon écran aujourd’hui, c’est que tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Alors bien sûr, j’ironise. Mais force est de constater que peu importe la nouvelle, les marchés montent de toutes façons, il n’y a donc pas vraiment de raisons de se prendre la tête avec ça. Il n’y a plus de raisons d’avoir peur. On sait que le marché de l’emploi est en train de partir en vrille, on sait que depuis l’avènement de ChatGPT, l’emploi s’est effondré et que le S&P500 a explosé. Mais peu importe, on s’en tamponne comme jamais. Sans compter que depuis une semaine, on ne publie plus les chiffres de l’emploi, parce que le gouvernement américain n’arrive pas à se mettre d’accord pour payer les salaires des fonctionnaires qui sont censés calculer les chiffres de l’emploi. Alors oui, on a bien vu la semaine dernière que les chiffres de l’emploi « privé » donc la version ADP, montraient que l’on ne créait plus d’emplois, mais qu’au contraire, on les détruisait. MAIS C’EST PAS GRAVE, c’est une bonne raison de baisser les taux et de faire monter les marchés au plus haut de tous les temps. Et c’est ce qu’on a fait vendredi dernier.
Plus c’est la merde, plus ça monte et si par hasard – au milieu de tout ça – il y a la moindre bonne nouvelle, c’est l’explosion totale. Et pour être franc avec vous, j’ai bien l’impression que la semaine qui commence sera du même acabit. J’ai passé deux heures à lire des articles et à regarder des graphiques qui disent tous la même chose : l’emploi est un problème, l’économie ralentit, il y a trop de spéculation dans le marché, les volumes des options explosent, la confiance est excessive, le marché est très cher, voir même TROP cher. Ce week-end encore, Moody’s tire la sonnette d’alarme : selon eux, l’économie américaine est à deux doigts de plonger dans une récession carabinée. Déjà 22 États et Washington D.C. sont en mode “faiblesse persistante” avec pertes d’emplois à la clé, et 13 autres sont à peine en train de surnager. En clair : l’économie US ressemble à une voiture en équilibre au bord d’un ravin – un si les passagers changent de place ou font mine d’éternuer, c’est le plongeon en bas de la falaise.
Usual Suspects
Et il ne faut pas aller trop loin pour trouver des responsables à cette situation :
• Les tarifs douaniers de Trump, qui foutent un bordel monstre dans les chaînes d’approvisionnement et bloquent les plans d’expansion des entreprises.
• La stagnation de la main-d’œuvre (zéro croissance cette année).
• Les coupes fédérales imposées par la fameuse “Department of Government Efficiency”, qui ont plongé Washington et ses alentours dans la pire mini-dépression régionale du pays.
Moody’s estime que si la Californie ou New York lâchent, c’est récession nationale directe. Et d’ailleurs, l’UCLA commence déjà à envisager sérieusement une récession en Californie. Tout le monde n’est pas d’accord, bien sûr, je suis même tombé sur un opposant qui manifestait pour dire que tout ne va pas si mal, puisque le PIB du troisième trimestre devrait sortir à 3.8% en rythme annualisé – pour autant que quelqu’un le calcule – et tout ça avec une consommation solide. Mais Moody’s persiste : “Ok, le PIB est joli, la consommation tient, mais le marché de l’emploi faiblit.” Pour eux, les États dépendants de l’agriculture, du manufacturier léger, du mining et du transport sont déjà dans le dur. La Nouvelle Angleterre rame comme d’habitude (croissance molle même quand tout va bien), la Géorgie surprend par sa récession liée au coût délirant de l’immobilier, tandis que la Pennsylvanie fait figure de bonne surprise grâce à l’éducation et à la santé.
En résumé :
• L’économie US, c’est un verre à moitié plein ou à moitié vide, selon où on se place
• Moody’s y voit un précipice imminent, d’autres y voient un moteur qui tourne encore.
• Et au milieu, les États deviennent des laboratoires de crise miniature : certains coulent, d’autres surnagent, et quelques-uns brillent à contre-courant.
Et pendant ce temps, les marchés sont au plus haut de tous les temps et rien ne semble pouvoir les arrêter. La semaine s’annonce encore une fois rythmée par les rendez-vous avec la Fed et quelques indicateurs économiques, même si le shutdown limite sérieusement la visibilité. Mardi, on commencera doucement avec les chiffres des anticipations d’inflation de la Fed de New York, histoire de voir si les ménages s’attendent à payer leur baguette plus cher demain qu’hier. Mercredi, place aux Minutes de la Fed : la formulation de la dernière réunion de la FED, qui nous permettra de décortiquer qui était inquiet, qui faisait semblant de ne pas l’être, et qui pense déjà à baisser les taux (Miran probablement). Jeudi, c’est Powell en personne qui montera sur scène. Et comme d’habitude, on va analyser chaque virgule de son discours pour savoir si les marchés doivent acheter, vendre… ou juste aller au Starbucks et vendredi sera ou pourrait être une journée chargée : on aura d’abord le sentiment des consommateurs du Michigan, suivi de leurs attentes pour l’avenir – en gros, est-ce qu’ils ont le moral pour consommer ou pas. Et, cerise sur le gâteau, si le shutdown s’arrête enfin, on pourrait même avoir le rapport sur l’emploi de septembre, le fameux Jobs Report, celui que tout le monde attend mais qui reste bloqué au BLS pour le moment. Mais pour être franc, quand on lit la presse spécialisée, il ne faut pas trop compter sur un déblocage de la situation, les bookmakers parient sur un Shutdown de plus de 20 jours et rien ne bouge ailleurs puisque Trump est plus préoccupé par SON prix Nobel de la Paix qu’autre chose.
En Europe suce la roue
En Europe on va faire comme d’habitude : sucer la roue des USA. Les Allemands sont presque au plus haut de tous les temps et les futures qui sont indiqués à en hausse de plus de 0.3% devraient leur permettre de passer l’épaule et puis il y a la France. Alors oui, je ne suis pas Français, je n’ai probablement pas le droit de me mêler de la politique française parce qu’il y a assez à faire avec nos clowns à nous, mais là je dois dire que l’on touche à des niveaux de conneries rarement égalés dans le monde dit « civilisé ». JE SAIS également qu’en tant que « financier » on devrait s’en foutre cordialement, puisque nous avons pu voir que moins y a de gouvernement plus le CAC40 il monte, mais là quand on voit l’annonce du clone de Macron pour présenter sa nouvelle équipe de débiles, on est quand même en droit de se demander si le génialissime Mozart de la finance qui se prend pour Napoléon et qui passe plus de temps à l’étranger qu’en France, n’a pas complètement pété les plombs. Et si c’est pas ça, c’est qu’il fait définitivement et absolument tout pour bien montrer aux Français qu’il les emmerde à niveau d’emmerdement jamais vu dans l’histoire de France.
Si l’on doit résumer la chose ; Lecornu à repris le même Ministre de l’intérieur, le même Ministre de la Justice, la même Ministre de l’éducation nationale. Ils ont réussi à mettre Roland Lescure, autre clone de Macron, a l’économie et en plus, ils sont allés récupérer l’auteur de bouquins de culs et le gars qui a coûté 1’000 milliards de dette au pays pour le mettre aux armées. Si ça c’est pas un gigantesque doigt d’honneur à la France entière, je ne sais pas ce que c’est. Bon. Je vais m’arrêter là parce que ça n’est pas mon job de parler politique française et que de toutes façons, le CAC montera quand même ce matin et puis si ça se trouve, ce joli petit gouvernement de pacotille va tomber la semaine prochaine, alors à quoi bon… Mais quand même… Faire revenir Bruno Le Maire, il fallait quand même oser. Et si on reprend la définition de la folie, qui dit que la folie c’est recommencer les mêmes choses en espérant un résultat différent : Macron est non seulement complètement taré, mais EN PLUS, complètement con.
Politique toujours
Peu importe la France, la seule chose qu’il faut retenir c’est que les marchés vont monter que rien ne peut les faire baisser. Ni la politique, ni l’économie, ni Trump, ni Powell. Rien. Je ne sais pas à quel moment, les choses vont tourner vinaigre, mais à voir le nombre d’articles un peu partout qui commencent à mettre le monde entier en garde contre un krach, j’ai bien peur que ça risque de monter encore un bon moment dans une exubérance irrationnelle des plus folles. Cette nuit au Japon, le no man’s land politique vient de se terminer et Tokyo devient un woman’ land, puisque normalement c’est Sanae Takaichi qui s’impose et s’apprête à devenir la première femme Premier ministre du Japon, une nomination qui devrait être confirmée à la mi-octobre.
Et la bonne nouvelle, dans ce monde merveilleux de bull market, c’est que Takaichi était considérée comme la plus dovish des cinq candidats en lice, et les marchés adorent ça. Elle plaide pour davantage de dépenses publiques et des allégements fiscaux, afin de soutenir une économie japonaise qu’elle juge encore fragile. Elle est aussi perçue comme LA dirigeante qui freinera les ardeurs de la Banque du Japon sur les hausses de taux. Les actions japonaises sont en train de sabrer le champage et le Nikkei explose de 4.6%. Ça
Danse tout nus sur les tables parce que Takaichi promet plus de dépenses publiques, des impôts allégés, des taux bas, et un yen faible qui booste les exportations. Bref, pour elles, c’est jackpot. Par contre, pendant ce temps, les obligations japonaises sont en train de ramer. Elles voient déjà la montagne de dettes qu’il va falloir financer, sentent le yen qui s’affaiblit et l’inflation qui va pointer son nez. Résultat : elles réclament tout de suite plus de rendement pour préparer la grosse gueule de bois qui va inévitablement se pointer. Moralité : quand la Bourse fait la fête, le marché obligataire n’est jamais bien loin pour rappeler que quelqu’un devra payer la note. On va reparler du Carry Trade. Peut-être pas tout de suite, mais on va en reparler.
Ailleurs….
Autrement, pendant ce temps, la Chine revient tranquillement au bureau dans des petits volumes et avec un marché qui monte doucement. Hong Kong subit quelques prises de profits sur la tech, le pétrole rebondit à 61.82$, l’or frise les 4’000$ et le Bitcoin est à 123’500$ après avoir touché les plus hauts de tous les temps ce week-end. Et puis non, ça n’est apparemment pas une « fake news », le Trésor Américain va effectivement émettre une pièce de 1$ frappée à l’image de Donald Trump. Entre le Prix Nobel de la paix et son effigie sur une pièce de monnaie, on craint le pire pour les années à venir.
Peu importe, ce qu’il faut surtout retenir ce matin c’est que les USA sont toujours sous SHUTDOWN, que les Japonais devrait enfin avoir une Première Ministre, que tout est dans le vert et que ça devient de plus en plus compliqué de trouver une mauvaise nouvelle capable de faire baisser le marché. On vit dans un monde d’illusion qui nous démontre que tout va bien et que même si ça ne va pas, on finira par trouver un moyen que ça aille mieux en baissant les taux. Et le pire, c’est qu’on y croit.
C’est donc un petit lundi et j’espère que demain, on aura un peu plus à se mettre sous la dent que trois politiciens qui jouent aux chaises musicales et des Présidents qui ne savent plus comment faire reluire leurs égos surdimensionnés. Excellente journée à tous, bon début de semaine et à demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
« Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. Parce que c’est un lieu où on passe. Parce que c’est un lieu qu’on partage »
Emmanuel Macron, premier clown de France