Une nouvelle entreprise dans le domaine de la conduite autonome, et supportée par les géants automobiles, Aurora Innovation a fait son entrée sur le marché dans le cadre d'un accord SPAC avec Reinvent Technology Partners en début du mois, sous le ticker AUR sur le Nasdaq.
Par Esty Dwek, CIO
Les premiers jours de négociations ont été moins qu’idéal, mais la ruée sur les actions des voitures électriques a finalement donné le coup de pouce dont la société avait tant besoin. Que promet Aurora, quel est son potentiel de croissance et est-ce que le récent rallye est surfait?
Qui est Aurora Innovation?
Aurora Innovation est une société américaine de véhicules autonomes basée à Pittsburgh, en Pennsylvanie et à Mountain View, en Californie. La société a été fondée en 2017 et développe l’Aurora Driver, qui est un système informatique pouvant être intégré aux voitures pour une conduite autonome.
La vision de la société est ‘d’accélérer en toute sécurité l’adoption de la technologie de conduite autonome’. Elle dit construire ‘la prochaine génération de conduite autonome avec une technologie puissante, indépendante et robuste, avec le pilote Aurora au cœur de l’offre’ et s’apprête à capitaliser sur un écosystème de partenaires pour leur ‘offrir les avantages de la conduite autonome’.
La société prévoit de lancer un service d’abonnement qui fournira aux transporteurs et aux flottes une technologie de conduite autonome alimentée par son logiciel Aurora Driver. L’idée est d’aider les biens essentiels comme la nourriture, les médicaments et les fournitures à être livrés à temps, et d’offrir un mode de vie plus sûr et plus sain aux chauffeurs de camion, dit l’entreprise.
Plus important, il y a un point essentiel qui sépare Aurora des autres dans l’industrie: le modèle commercial d’Aurora est conçu autour du conducteur-comme-service et non du logiciel-comme-service. Ainsi, Aurora prévoit d’offrir aux propriétaires de flotte la possibilité d’acheter des véhicules propulsés par la technologie de conduite Aurora, de s’abonner pour utiliser son logiciel Aurora Driver, et d’utiliser ses partenaires de service pour exploiter des services de mobilité et de logistique autonomes. C’est donc tout un écosystème que vise l’entreprise.
Pas de profit avant 2024!
Aurora est une start-up, elle ne commercialise donc pas ses produits et services pour l’instant. Donc la plus grande partie de la valorisation est basée sur les attentes, et le potentiel de croissance.
Pour le moment, la société est un gouffre financier: l’année dernière, la société a dépensé 179 millions de dollars en recherche et développement et a subi des pertes totales de 214 millions de dollars. Et au cours du premier trimestre de cette année, elle a déclaré avoir dépensé près de 160 millions de dollars supplémentaires en recherche et développement. Mais jusque-là, rien d’inquiétant: Aurora Innovation est une start-up en pleine expansion et il faut dépenser pour créer un produit révolutionnaire.
Concrètement, la société prévoit de lancer son offre de camionnage commercial autonome, Aurora Horizon, d’ici la fin 2023. Ensuite, elle prévoit de lancer son logiciel de transport sans conducteur, Aurora Connect, en 2024. En d’autres termes, la société ne sera pas rentable jusqu’à 2024 au plus tôt.
Une croissance exponentielle?
Aurora prévoit donc de commencer à générer des revenus à partir d’une flotte de vingt camions qu’elle possédera et exploitera d’ici la fin de 2023, et d’atteindre l’équilibre d’ici 2027, ce qui signifie que les investisseurs devront être patients jusqu’à ce qu’ils voient l’entreprise réaliser des bénéfices. Mais c’est ainsi que fonctionne l’investissement dans une start-up, et l’environnement actuel de taux d’intérêt bas et de liquidités reste attractif pour un nom qui promet une solide croissance.
Le PDG et cofondateur, Chris Urmson, a déclaré cet automne à Business Insider qu’il anticipait un chiffre d’affaires de 622 millions de dollars en 2026, qui, selon lui, pourrait plus que tripler pour atteindre 2 milliards de dollars en 2027. En d’autres termes, l’avenir semble prometteur pour ceux qui veulent y croire, néanmoins il va falloir attendre quelques années.
Un début moins qu’idéal
Les voitures autonomes sont l’avenir, donc fournir un logiciel de conduite autonome à ceux qui ne sont pas actifs dans le domaine est clairement un bon plan. Cependant, la société a une concurrence sérieuse, les géants de la technologie tels que Argo AI, soutenu par Ford et Volkswagen, Cruise de General Motors, Waymo de Google et Tesla. Se tailler une part de marché décente ne sera pas simple. Mais la puissante compétition ne fait pas peur, car la start-up est elle-même soutenue par des noms importants tels que T. Rowe Price, Fidelity Management & Research, Uber, Paccar, Toyota et Volvo Group.
Il est vrai que l’entrée sur le marché d’Aurora Innovation a été moins qu’idéal; la flambée de son cours d’action suivant l’annonce d’une IPO à travers un SPAC a été de courte durée. La société n’a pas atteint la valorisation qu’elle espérait lors de son début au Nasdaq. Aurora visait une valorisation de 2,5 milliards de dollars et a atteint une capitalisation boursière de $1,7 seulement.
Mais la semaine dernière, le vent a tourné. La ruée sur les voitures électriques a déclenché un rallye dans les actions de la société, qui a atteint une capitalisation boursière de près de 20 milliards de dollar à son plus haut, en quelques sessions seulement.
Le dernier rallye pourrait-il aider Aurora Innovation à inverser la tendance du départ?
Le dernier rallye est clairement une bulle spéculative qui va s’estomper tôt ou tard, mais la société pourrait consolider une partie des derniers gains si elle trouve les bons mots pour réconforter les investisseurs et les syndicats, car à ce jour la sécurité est, de loin, le plus grand enjeu: ce n’est un secret pour personne que les autorités et les clients ont des inquiétudes persistantes en matière de sécurité au sujet de la nouvelle technologie, qui a causé un certains nombres d’accidents fatals. De plus, les syndicats craignent qu’elle ne supprime des emplois dans l’industrie du camionnage, qui est fortement syndiquée.
Aurora devra donc d’abord réconforter ses clients et répondre aux problèmes de sécurité – chose qu’elle a déjà commencé à faire avec la publication de son cadre de cas de sécurité et la formation d’un conseil consultatif de l’industrie. Ses partenariats avec des sociétés puissantes et le fait d’être l’un des premiers arrivés sur le marché pourraient ensuite la positionner comme un leader de l’industrie.
La vraie magie se produira quand le pilote Aurora sera branché sur le réseau mondial, dit le PDG, et quand les gens pourront finalement rouler avec un conducteur humain ou virtuel.
NB : Il n s’agit pas de recommandations d’investissement