Le Bitcoin a chuté d'environ 25% au cours des dernières semaines, repassant sous sa moyenne mobile à 50 semaines et générant ainsi un sentiment nettement plus pessimiste sur le marché.
La question qui occupe tous les esprits est de savoir si nous entrons dans un marché baissier ou s’il ne s’agit que d’une correction classique au sein d’un marché haussier encore intact.
Les signaux structurels plaident contre un top de cycle
Les sommets historiques, comme celui de 2021, étaient caractérisés par des survalorisations extrêmes. Aujourd’hui, le marché est très loin d’une telle situation. Le MVRV Z-Score n’est pas en zone d’euphorie mais à des niveaux modérés, davantage compatibles avec un profil de milieu de cycle. Le ratio RHODL reste également très en-dessous des niveaux typiques observés lors de fins de cycle.
Les données on-chain montrent des fondamentaux haussiers
Le Bitcoin continue de s’échanger au-dessus du prix réalisé des détenteurs à long terme – une caractéristique des phases précoces de marché haussier. Le retest de la base de coût des détenteurs à court terme ressemble davantage à un shakeout qu’à une rupture structurelle. Par ailleurs, les taux de funding n’indiquent pas de phase de surchauffe mais plutôt un refroidissement des positions à effet de levier excessif. Le comportement du SOPR ne témoigne ni de prises de bénéfices extrêmes ni de pertes réalisées sous le coup de la panique.
Les signaux macro restent favorables
La liquidité globale (M2) est de nouveau en hausse depuis 2023, un facteur historiquement favorable au Bitcoin. Parallèlement, l’indice du dollar américain évolue dans un environnement plus faible, ce qui bénéficie généralement aux actifs risqués. Le portrait global de la situation ressemble davantage aux phases de 2016 ou 2020 qu’à la fin de cycle de 2021.
Les parallèles historiques confortent cette thèse
Lors des cycles précédents, des baisses parfois importantes ont précédé des périodes de croissance massive. En 2016, deux corrections d’environ 40% avaient eu lieu, tandis qu’en 2020 un krach d’environ 60% avait été suivi de rallyes massifs. Le schéma actuel s’apparente davantage à un mouvement de reset au sein d’un cycle haussier toujours en cours. Les données actuelles évoquent donc moins la fin d’un cycle que la correction d’une tendance haussière encore intacte.
La baisse des cours n’a pour l’instant pas modifié la structure du marché dans son ensemble. Ni les indicateurs de valorisation ni les données on-chain ne présentent les caractéristiques typiques d’une phase terminale. Le facteur clé reste que les gros détenteurs ne basculent pas en mode distribution. Tant que la structure de marché reste au-dessus des niveaux fondamentaux clés, cela plaide davantage pour une correction de milieu de cycle que pour un renversement de tendance.
Le Bitcoin chute, mais sans capitulation
La forte baisse du cours du Bitcoin depuis son record historique du début octobre a porté les pertes réalisées à un niveau jamais vu depuis le krach FTX de 2022.
Selon Glassnode, ce sont surtout les investisseurs à court terme qui alimentent les ventes, de nombreuses positions étant clôturées à perte. C’est le signe d’une demande marginale et d’une forte incertitude.
Parallèlement, le BTC est temporairement passé sous les $81’000, soit une chute d’environ 36% par rapport à son précédent sommet.
La macroéconomiste Lyn Alden invite toutefois à ne pas paniquer prématurément. Selon elle, le cycle actuel n’a pas connu la phase d’euphorie classique, rendant improbable une «grande capitulation». Plutôt qu’un schéma de quatre ans dicté par les halvings, elle voit le marché davantage influencé par les conditions macroéconomiques et l’intérêt des investisseurs, et n’attend de nouveaux sommets qu’en 2026 ou 2027 au plus tôt.
Les données de CryptoQuant montrent par ailleurs que les ventes à court terme ont souvent marqué des points bas locaux dans l’historique du Bitcoin, à condition que le cours revienne rapidement à sa base.
Du côté des ETF, la nervosité est palpable. Selon Bitfinex, les sorties record de plus de $3.7 milliards en novembre sont toutefois considérées comme un rééquilibrage tactique plutôt qu’une fuite structurelle de capitaux. Les détenteurs institutionnels restent focalisés sur le long terme, tandis que des voix influentes comme Samson Mow rappellent qu’il ne peut y avoir de vrai marché baissier sans un véritable marché haussier préalable. Le trader Peter Brandt qualifie la correction actuelle de « saine », tout en avertissant que le chemin vers $200’000 pourrait prendre des années.
Michael Saylor contredit également les scénarios apocalyptiques: la volatilité a fortement diminué depuis 2020, le Bitcoin mûrit et MicroStrategy est opérationnellement en mesure d’encaisser des baisses jusqu’à 90%. Le marché oscille donc entre signaux de panique, pertes réalisées massives et contre-arguments fondés sur les données qui évoquent un reset cyclique plutôt qu’un effondrement final.
La phase actuelle ressemble moins à une fin de cycle qu’à une correction d’attentes trop ambitieuses. L’élément décisif sera de savoir si le BTC retrouve rapidement sa base de prix, ce qui déterminera si nous assistons à un point bas ou à un glissement vers une tendance macro plus profonde. Les narratifs long terme restent intacts, mais le marché passe d’espoirs aveugles à une réalité guidée par les données.