La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

La victoire sans appel de Boris Johnson lève l’incertitude qui avait empoisonné depuis 3 ans la première phase du dossier du Brexit. En éliminant l’espoir d’un retour en arrière, elle apporte une clarification salutaire. Les acteurs politiques pourront, de part et d’autre, se concentrer sans arrière-pensée sur l’avenir, permettant ainsi au dossier d’avancer plus rapidement. L’accord de sortie devrait donc être signé par les Communes – peut-être dès cette semaine – et rentrer en application le mois prochain, évitant toute perturbation immédiate dans les échanges économiques. Mais cette sortie du UK est aussi l’entrée dans la phase cruciale de négociation de l’accord commercial futur, lequel n’est que très vaguement dessiné dans les termes du divorce, et le délai imparti aujourd’hui semble bien court pour les centaines de traités différents à renégocier (Boris Johnson souhaite le limiter à fin 2020 mais il dispose d’options pour l’allonger de deux ans).

Ayant accepté le backstop Nord-irlandais, la position de négociation du UK (qui n’est pas très forte au regard du poids relatif des exportations réciproques) est encore affaiblie. La menace du no-deal va nécessairement réapparaitre, car c’est une arme centrale pour le UK (même si l’UE n’y a jamais vraiment cédé, elle a permis à Boris Johnson d’amender l’accord de sortie), avec toujours des probabilités objectives assez faibles, mais suffisantes pour créer des turbulences. S’il faut se réjouir de la baisse de l’incertitude, il faut également considérer que le Brexit conduira très certainement à une dégradation de la position économique au UK et à une fragilisation interne de l’union avec les écossais et les irlandais.

La Fed baisse le rideau jusqu’en 2020

Tant que des signes concrets et persistants de hausse de l’inflation ne seront pas visibles, la Fed maintiendra sa position de taux actuelle, c’est-à-dire des Fed funds dans l’intervalle 1,50%-1,75%, ce qui correspond à des taux réels légèrement négatifs. Jerome Powell a donc inscrit dans la durée la série de baisses préventives réalisées cette année. On notera d’ailleurs que cet avis est devenu quasi unanime au sein du FOMC: alors que les «dots» de la dernière réunion montraient un groupe important qui attendait des taux supérieurs à 2% l’année prochaine (donc des hausses de taux), on voit cette fois-ci un retournement complet, avec la totalité des participants sous 2% fin 2020, un élément à l’effet évidemment dovish : avec l’affaiblissement du lien entre inflation et chômage, la politique monétaire américaine est conduite à ignorer les signes traditionnellement avant-coureurs de l’inflation (chômage, activité, …) et maintient la stimulation jusqu’à l’obtention effective de l’objectif d’inflation.

Un élément jouant à l’opposé est le fait que le communiqué de la réunion a paru moins circonspect sur les perspectives économiques. Enfin, Jerome Powell a donné des indications sur la réflexion en cours pour remédier aux turbulences observées sur le marché monétaire. Il pourrait s’agir d’une modification de la supervision bancaire, de la mise en place de facilités de refinancement (repos) ou d’une meilleure coordination avec le Trésor.

Big deal !

Une communication laconique de Donald Trump, qui annonçait la signature rapide de l’accord de phase I déjà présenté, a redonné confiance aux marchés. Il comprendrait l’annulation des droits nouveaux et 50% de réduction de ceux existants. L’approche des élections pèse certainement lourd dans le choix stratégique américain, qui ne peut risquer un ralentissement marqué en 2020, alors que des pressions de fin de cycle apparaissent.