Incroyables. Stratosphériques. Historiques. Pour évoquer les derniers résultats trimestriels de NVIDIA(1), qui ont dépassé de loin des attentes déjà élevées, les qualificatifs emphatiques sont légion. Pourtant, au cours de la séance qui a suivi, le titre a peu à peu effacé tous ses gains engrangés à l’ouverture, clôturant proche de ses niveaux d’avant publication.

Par Enguerrand Artaz, Fund Manager et Olivier de Berranger, CIO

 

Enguerrand Artaz - LFDE
Enguerrand Artaz, Fund Manager

Cela a entraîné une baisse généralisée des actions du secteur technologique. Certes, il s’agit sans doute essentiellement d’un réflexe de marché classique consistant à ‘’vendre la nouvelle’’ et à prendre des profits. Néanmoins, il est notable de constater que ces excellents résultats n’ont pas alimenté l’euphorie autour de l’intelligence artificielle, comme cela avait été le cas pour ceux du 1e trimestre. Après s’être longtemps concentrés sur une seule thématique, faisant fi de l’environnement macroéconomique et monétaire, il semble que les marchés aient changé de focale.

Il faut dire qu’après un premier semestre de surprenante résilience, l’horizon économique paraît nettement moins limpide. En Chine, la rechute du secteur immobilier, qui affecte désormais certains des acteurs du secteur jugés les plus solides, fait craindre un impact durable sur la croissance potentielle chinoise, et, dans le pire de cas, une contagion plus large via le canal du shadow banking(2). En zone euro, les chiffres macroéconomiques ne cessent de décevoir et de se dégrader, à l’image des derniers indices PMI qui ont retrouvé leurs plus bas niveaux – hors épisodes de confinement sanitaire – depuis la crise des dettes souveraines de 2011-2012. De plus, plusieurs pays importants de la zone – Allemagne et Pays-Bas – sont désormais en récession. Enfin, aux Etats-Unis, la consommation pourrait connaître un net ralentissement dans les prochains mois.

Olivier de Berranger
Olivier de Berranger, CIO

Après avoir longtemps fait preuve d’une remarquable résistance, le consommateur américain devra en effet faire face à plusieurs vents contraires. Tout d’abord, le surplus d’épargne accumulé pendant la crise covid est à présent intégralement consommé. De plus, la faiblesse du taux de constitution d’épargne depuis près de deux ans n’a pas permis de reformer de nouvelles réserves. Ensuite, le moratoire qui aura duré près de trois ans sur la dette étudiante arrive à son terme et la Cour suprême a rejeté le projet d’annulation partielle porté par Joe Biden. Autrement dit, dès le 1er septembre 2023, 43 millions d’Américains devront de nouveau rembourser mensuellement leur prêt étudiant. Un impact significatif sur leur budget. Enfin, le relai de consommation porté par le crédit commence à flancher. Les taux sur les cartes de crédit se sont en effet envolés à plus de 22%, entraînant une hausse rapide des défauts de paiement sur ces crédits court terme à la consommation. Cela finit par impacter négativement les ventes, comme l’a souligné l’enseigne de grande distribution Macy’s lors de la dernière publication de ses résultats trimestriels.

Les marchés actions viennent de connaître un rallye de près d’un an alimenté essentiellement par une hausse des valorisations, dans un contexte macroéconomique et monétaire complexe qui a été largement ignoré. Dans cette continuité, il semble assez logique que, malgré la santé incroyable de certains géants du secteur technologique, les investisseurs passent du zoom au grand angle pour considérer le tableau d’ensemble.

 

Rédaction achevée le 25.08.2023

(1) Les valeurs citées sont données à titre d’exemple. Ni leur présence dans les portefeuilles gérés, ni leur performance ne sont garanties.
(2) Financement de l’économie en dehors du canal bancaire

 


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