La politique économique de l’Administration Trump s’articule jusqu’ici autour de trois réformes phares : guerre commerciale, Big Beautiful Bill et dérégulation. Mais il serait un peu court de la réduire à ce triptyque et oublier de tenir compte des effets secondaires de la politique migratoire sur l’économie.

Par Clément Inbona, fund manager et Michel Saugné, CIO

 

Clément Inbona
Clément Inbona

En affichant comme objectif d’expulser 3 000 migrants illégaux par jour, soit près d’un million par an, Donald Trump prépare un choc démographique aux ramifications économiques multiples. Lesquelles?

Aux Etats-Unis, plus qu’ailleurs, l’histoire est intimement liée aux vagues migratoires successives. D’après l’OCDE*, les habitants nés à l’étranger constituent l’un des moteurs de l’économie américaine: face aux natifs, ils sont moins au chômage, ont un taux d’emploi et un taux de participation au marché du travail supérieurs. Contrairement aux idées reçues, leur contribution fiscale nette – impôts et contributions rapportés aux prestations et aux services reçus – est positive et représente près de 1% du PIB. Cette population représente un peu moins de 20% de la population active, un niveau proche de la moyenne des pays de l’OCDE.

Michel Saugné

En 2025, l’American Enterprise Institute (AEI)**, un think thank américain néoconservateur et néolibéral sur le plan économique, estime que la politique migratoire de l’Administration Trump va conduire pour la première fois depuis des décennies à un solde migratoire négatif. Un choc pour la croissance économique en 2025, estimé entre -0.3% et -0.4% sur le PIB américain selon le scénario retenu.  Environ deux tiers de cet impact s’expliquent par le frein en termes de production, le tiers restant par la baisse de la consommation induite et par la hausse de l’épargne de précaution parmi les migrants qui restent sur le sol américain.

L’impact sur le niveau d’inflation n’est pas négligeable non plus, puisqu’il est estimé à 0.5% de hausse des prix additionnelle.

Enfin, l’impact sur l’emploi est aussi notable puisque l’AEI anticipe une baisse des créations d’emplois sur la seconde moitié de 2025, estimées de 10’000 à 60’000 selon les scénarios, contre 124’000 au premier semestre. Cela permettrait de maintenir un taux de chômage contenu, mais risque de générer des tensions salariales dans les secteurs où la main d’œuvre immigrée sans papier est la plus représentée: construction, agriculture, hôtellerie et restauration en premier chef.

Si les conséquences des mesures tarifaires, du programme budgétaire et des mesures de dérégulations semblent déjà prises en comptes par les marchés financiers, les stigmates laissés par la vague d’expulsions aux Etats-Unis pourraient être scruter par les investisseurs dans les mois qui viennent.

Rédaction achevée le 18.07.2025

* Source OCDE, Perspectives des migrations internationales 2024 – novembre 2024
https://www.oecd.org/fr/publications/2024/11/international-migration-outlook-2024_c6f3e803.html

** Source AEI, Immigration Policy and Its Macroeconomic Effects in the Second Trump Administration – juillet 2025
https://www.aei.org/wp-content/uploads/2025/07/Immigration-Policy-and-Its-Macroeconomic-Effects-in-the-Second-Trump-Administration.pdf?x85095


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