Claus Vorm, gestionnaire de portefeuille de la stratégie Stable Equity de Nordea, partage son point de vue sur les valeurs de croissance et explique comment les investisseurs peuvent identifier les valeurs présentant un rapport risque/rendement favorable.

Le principal défi auquel sont confrontés les investisseurs aujourd’hui est la pression d’une inflation élevée. Malgré cela, si l’on regarde les marchés à travers une lentille fondamentale, les actions restent la classe d’actifs la plus susceptible d’offrir une performance robuste capable de compenser l’inflation. Claus Vorm, gestionnaire de portefeuille, estime que les entreprises les plus performantes seront celles dont les bénéfices sont stables et les bilans solides, ce qui peut représenter une force stabilisatrice face à la faiblesse de l’économie et à la hausse des taux d’intérêt.

Dans le cadre de la stratégie Nordea Stable Equity, vous sélectionnez des actions sur une base quantitative. Quels sont les facteurs qui jouent un rôle dans cette sélection? 

Tout d’abord, nous essayons d’identifier le rapport risque/rendement des actions individuelles et nous examinons différents chiffres clés: le prix, les bénéfices, les dividendes, l’EBITDA et les flux de trésorerie d’une entreprise. Nous recherchons la stabilité. Alors que des modèles comme le Capital Asset Pricing Model partent du principe que les actions plus risquées génèrent également des rendements plus élevés, nous essayons d’identifier les anomalies du marché. Nous recherchons des rendements élevés avec un risque faible. Prenons l’exemple des actions de croissance. En moyenne, les attentes concernant les actions de croissance sont plus élevées que les rendements réels. Nous évitons donc les valeurs de croissance et nous nous concentrons sur les entreprises à faible risque absolu présentant un meilleur rapport risque/rendement. Grâce à cette première sélection, nous obtenons ensuite 350 titres défensifs, aux noms bien établis et aux résultats suffisamment transparents. Au lieu de simplement acheter ces actions dans la stratégie, nous mettons en place un filtre d’évaluation final afin d’exclure autant que possible les surprises négatives. Ce n’est qu’ensuite que nous commençons à construire le portefeuille. Le résultat est un portefeuille diversifié d’environ 100 actions.

Allons-nous assister à une rotation vers davantage de valeurs de croissance?

Les valeurs de croissance ont enregistré de mauvaises performances l’année dernière, et ce pour de bonnes raisons. Certaines d’entre elles étaient surévaluées et se trouvent aujourd’hui à des niveaux d’évaluation plus raisonnables à la suite de la correction qu’elles ont subie. Lorsque les valeurs de croissance retrouveront des valorisations attrayantes, des opportunités d’achat se présenteront dans ce segment. Je ne pense pas que cela se produise à grande échelle. D’une part, il y a de plus en plus d’entreprises attrayantes dans le style Growth, mais d’autre part, de nombreuses entreprises sont encore trop chères et le rapport risque/rendement trop faible. Cela ne signifie pas pour autant que nous parions aveuglément sur les actions Value. Nous nous intéressons à la qualité et à la stabilité. De cette manière, nous évitons de trop nous concentrer sur les actions Value.

Quelle est la composition de l’allocation sectorielle?

Le secteur des soins de santé nous semble actuellement intéressant, car il s’agit d’entreprises bien diversifiées, peu dépendantes de produits individuels. En outre, de nombreuses sociétés pharmaceutiques disposent d’un pouvoir de fixation des prix considérable. En principe, nous ne voulons pas qu’un secteur représente plus de 25% du portefeuille.

Que se passe-t-il lorsqu’un secteur dépasse 25%?

Il ne s’agit pas d’une limite stricte. Nous essayons d’identifier chaque semaine les entreprises dont la valorisation est favorable. Tant que les entreprises disposent de données solides, elles sont également éligibles pour le portefeuille. Nous veillons également à ce que les entreprises ne soient pas trop similaires ou qu’elles n’opèrent pas exactement dans le même domaine. Parfois, nous apportons également les corrections nécessaires. Lorsque les performances d’un secteur sont bonnes depuis longtemps, de petites corrections sont tout à fait normales. Certains de nos titres dans le secteur de la santé ont été réévalués. Nous avons alors rejeté les candidats dont les données étaient plus faibles et sélectionné des entreprises plus attrayantes.