Les inquiétudes persistantes concernant la dégradation des perspectives de croissance, l’inflation record et la future disponibilité du gaz naturel ont pesé sur les marchés, et les investisseurs se sont réfugiés dans les actifs les moins risqués.

Europe

2022.07.14.Publication de notationsLa zone Euro est désormais aux prises avec une inflation élevée, un affaiblissement de son économie et une crise russoukrainienne qui se prolonge. Les dernières données montrent que la croissance économique s’est fortement détériorée enjuin. Les indices PMI manufacturiers ont fait état de la première contraction depuis 2020 de la production industrielle et des nouvelles commandes dans la zone, ce qui reflète une forte baisse de la demande. La situation économique en Europe semble plus fragile qu’aux Etats-Unis, notamment avec un risque croissant d’arrêt complet des flux de gaz russe
vers l’Allemagne, et l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN qui ajoute aux tensions avec la Russie. La BCE tente de faire face aux pressions inflationnistes, mais elle doit aussi s’assurer que les spreads de crédit souverains des pays périphériques n’explosent pas au point de précipiter une nouvelle crise des obligations souveraines européennes. Sa marge de manœuvre est en conséquence relativement réduite.

Les inquiétudes persistantes concernant la dégradation des perspectives de croissance, l’inflation record et la future disponibilité du gaz naturel ont pesé sur les marchés, et les investisseurs se sont réfugiés dans les actifs les moins risqués. Le rendement du Bund allemand à 10 ans s’est éloigné du sommet de 1,926% atteint à la mi-juin pour clôturer le mois à 1,33%, en progression de 21 points de base par rapport au mois précédent. Les spreads de crédit corporate se sont considérablement élargis, en particulier sur les actifs obligataires les plus risqués, tel que le Haut Rendement. Dans ce contexte, le rendement de l’indice corporate européen termine le mois en forte hausse de 189 points de base, à 7,34%.

Etats-Unis

Aux Etats-Unis, les inquiétudes concernant le ralentissement de l’économie, dû en grande partie au resserrement monétaire agressif, continuent de dominer le sentiment du marché. L’imminence d’une récession, qui résulterait du choix de la Fed de se concentrer davantage sur les risques inflationnistes que sur la croissance économique, préoccupe grandement. La hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant a commencé à peser sur les perspectives des consommateurs américains. Le moral de ces derniers a atteint son niveau le plus bas depuis des décennies. Les marchés obligataires, tout comme les marchés actions, ont connu un mois difficile. La volatilité des taux d’intérêt est un thème majeur sur les marchés obligataires cette année, et le mois de juin a connu les niveaux de volatilité les plus élevés à ce jour. La Fed a relevé ses taux de 75 points de base le 15 juin. Le rendement du Trésor à 10 ans a cependant plongé d’une quarantaine de points de base au cours des deux semaines suivantes, à cause des craintes croissantes de récession. Il clôture finalement le mois à 3.01%, en hausse de 17 points de base par rapport à fin mai

Les obligations d’entreprises ont sous-performé par rapport aux obligations d’État, notamment en raison de la détérioration des perspectives des bénéfices. Les spreads de crédit à Haut Rendement ont augmenté de 150 points de base et talonnent les spreads européens d’une cinquantaine de points de base seulement. Les volumes de nouvelles émissions sur le marché primaire ont fortement diminué par rapport à 2021 et demeurent faibles. Le fait que les entreprises n’aient pas de besoin pressant d’emprunter sur le marché à l’heure actuelle demeure un point positif dans cet environnement difficile. De nombreuses entreprises ont en effet saisi la fenêtre d’opportunité de 2021 pour se préfinancer et/ou se refinancer. La liquidité est généralement bonne et les coûts d’intérêt en termes de ratios de couverture des intérêts (ICR) demeurent faibles à ce stade. Le rendement de l’indice corporate américain a clôturé le
mois en hausse, à 8,16%.

Marchés émergents

Dans les pays émergents, les craintes de récession globale continuent de dominer les marchés. La lutte contre l’inflation demeure également un problème mondial, avec des perspectives de hausses de taux plus importantes que prévu. Les indices PMI manufacturiers se sont cependant améliorés en Chine, en Colombie, au Mexique et en Hongrie et sont restés à des niveaux solides dans la plupart des autres pays émergents, ce qui contraste avec les États-Unis et l’Europe. Contrairement aux autres pays, notamment développés, la Chine a l’intention de poursuivre son assouplissement monétaire. Les autorités cherchent en effet à contrer le ralentissement économique et à stabiliser le secteur immobilier.

Les spreads de crédit sont restés sous pression au mois de juin dans les pays émergents. La recherche de qualité de la part des investisseurs et les inquiétudes croissantes ont provoqué un élargissement que l’on pourrait juger disproportionné des spreads des crédits sur le Haut Rendement. Les fondamentaux du crédit restent toutefois bons, malgré l’impact potentiel de l’inflation sur les bénéfices. Les flux de capitaux dans les marchés émergents ont été négatif sur le mois, à -4 milliards de dollars. Ils ont cependant été favorables à la dette (+6,6 milliards de dollars), contre -10,5 milliards de dollars pour les
actions. Le rendement de l’indice corporate émergent s’établit en fin de mois à 12,34%.

Entreprises en vue

Cheplapharm (EU)

Cheplapharm, société pharmaceutique spécialisée dans la commercialisation de médicaments de marque hors brevet ou de niche, a publié de solides résultats pour le 1er trimestre 2022. Le chiffre d’affaires publié a augmenté de 16,4% en glissement annuel pour atteindre 289 millions d’euros, tandis que l’EBITDA a augmenté de 7,4%, grâce notamment aux acquisitions. La génération de flux de trésorerie a été robuste et le levier net s’établit à 4,7x. La société avait prévu une introduction en bourse au 1er trimestre 2022, mais a dû la reporter en raison de la volatilité des marchés boursiers résultant des incertitudes macroéconomiques et politiques. Cheplapharm cherchait à lever 750 millions d’euros avec cette opération. La société va continuer à envisager une introduction en bourse à la Bourse de Francfort, ainsi que les opportunités de croissance par fusion et acquisition.

Belden (US)

Belden, le fabricant américain de câbles de signaux et de produits de connectivité, a tenu sa journée de présentation aux investisseurs en juin. Pour les années à venir (2022-2025), la direction de Belden a réitéré son objectif d’amélioration des marges d’EBITDA de 30% et de maintenir un faible ratio d’endettement net (maximum 1,5x). En termes de chiffre d’affaires, Belden s’attend à générer une croissance organique supérieure au PIB sur la période, grâce à des tendances telles que la numérisation, l’automatisation et la durabilité. La société a également réitéré ses prévisions de résultats pour
l’exercice 2022. Enfin, l’entreprise a publié son premier ensemble de données ESG. Elle a détaillé ses objectifs pour réduire les gaz à effet de serre (scope 1 & 2) de 25% d’ici 2025, par rapport à l’année de base 2019, ainsi que la réaffectation de 90% en poids de ses déchets depuis leur mise en décharge vers les sites de fabrication et de distribution.

Energo-Pro (EM)

Energo-Pro, l’un des principaux producteurs et distributeurs d’hydroélectricité en Bulgarie, en Géorgie et en Turquie, a enregistré des résultats record au 1er trimestre 2022. Pour les trois premiers mois de l’année, la société a réalisé un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros (en hausse de 83% en glissement annuel) et un EBITDA de 60 millions (+55%). Ces deux indicateurs ont bénéficié de la hausse des prix de l’énergie et d’un effet de volume. Le ratio dette nette totale/EBITDA a atteint 3,1x à fin mars. Suite au refinancement de ses obligations non garanties de premier rang 4% 2022 en janvier de cette année, Energo-Pro n’a plus aucune dette à rembourser en 2022 et 2023.

 

Télécharger le Corporate Credit Monthly Update complet (pdf, 4 pages, en français)

Date de rédaction : 07/07/2022