La zone euro continue d’afficher une croissance marginale, reflet des tendances macroéconomiques contrastées. Le secteur des services, auparavant moteur sur la région, a enregistré sa première contraction en six mois, tandis que l’industrie manufacturière a montré des signes d’amélioration.

Europe

La France et l’Allemagne, piliers économiques de la zone, ont contribué au ralentissement, illustrant l’impact persistant de leurs fragilités. Le moral des entreprises et des consommateurs s’est détérioré pour le deuxième mois consécutif, en raison des inquiétudes liées au contexte politique, à la hausse du chômage et à la stagnation des salaires. L’inflation est finalement repassée sous l’objectif de 2% fixé par la BCE, tandis que les perspectives de croissance demeurent très prudentes.

Sur les marchés obligataires, les rendements souverains de la zone euro ont connu des mouvements disparates. Les taux allemands ont augmenté, alors que ceux de l’Italie ont reculé. Quel que soit le sens de ces mouvements, leur ampleur a été relativement faible par rapport aux mouvements aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Les Bunds à 7-10 ans ont augmenté de 6 points de base pour atteindre 2,41% en fin de mois. Les marchés de la dette à Haut Rendement ont suivi une dynamique similaire en Europe et aux Etats-Unis, avec un resserrement des spreads de crédit, bien que ce resserrement ait été moins marqué sur le Vieux Continent. Sur l’Investment Grade, le marché européen a en revanche surperformé par rapport à son
homologue américain, ce dernier ayant été pénalisé par l’impact plus important de la hausse des rendements du Trésor américain. Le rendement de l’indice corporate européen s’établit en fin de mois à 5,33%.

Etats-Unis

Aux États-Unis, l’économie continue à faire preuve de résilience, mais le sentiment de marché s’est affaibli. Les perspectives deviennent de plus en plus incertaines face à l’évolution de la dynamique commerciale. Moody’s a abaissé la note de crédit du pays de Aaa à Aa1, en mettant en avant l’augmentation de la dette et des coûts d’intérêt comme facteurs déterminants. Les dernières données montrent une inflation en légère baisse, passant de 2,4% à 2,3%, principalement en raison du recul récent des prix de l’énergie. Toutefois, malgré un indice des prix à la consommation de base stable à 2,8%, l’impact des droits de douane pourrait exercer des pressions supplémentaires dans les mois à venir. Dans ce contexte, la Fed a maintenu son taux cible inchangé, réaffirmant une approche prudente et fondée sur les données macroéconomiques, en dépit des risques croissants. Les prix du pétrole ont progressé de plus de +1% sur le mois tandis que le dollar américain a atteint son plus bas niveau depuis 2023, cédant -0,14% face au panier des principales autres devises. Les investisseurs continuent à réagir aux politiques commerciales agressives de l’administration Trump et aux inquiétudes liées à l’aggravation du déficit budgétaire. Les taux souverains américains à 7–10 ans ressortent en hausse de 24 points de base, clôturant le mois à 4,30%, ce qui s’est traduit par une pentification plus marquée de la courbe des rendements.

Sur les marchés du crédit corporate, les spreads américains se sont resserrés sur l’ensemble des segments de notation. Le Haut Rendement affiche une belle performance (+1,68 %), tandis que l’Investment Grade est resté inchangé, freiné par sa sensibilité accrue à la hausse des rendements souverains. Le segment du Haut Rendement a en outre bénéficié de la détente relative des tensions commerciales, notamment avec la Chine. Pour le moment, les investisseurs estiment que l’impact des droits de douane sur les entreprises devrait rester gérable, grâce à l’absorption partielle des coûts et à la diversification des sources d’approvisionnement. Le rendement de l’indice corporate américain s’établit à 7,18% en fin de mois.

Emergents

Les marchés émergents ont évolué en mai dans un contexte de volatilité accrue sur les marchés développés et de réallocation des capitaux. La fuite des investissements hors des États-Unis, exacerbée par l’incertitude entourant les politiques commerciales et budgétaires américaines, a en effet bénéficié aux actifs émergents. Par ailleurs, la Chine a connu une légère reprise par rapport aux difficultés enregistrées ces derniers mois, avec un rebond en mai. Celui-ci a été soutenu par des mesures de relance ciblées du gouvernement. L’Inde a poursuivi son ascension grâce à des flux entrants importants et continus sur le mois, à leur plus haut niveau depuis 2023. Dans l’ensemble, la stabilisation des devises émergentes et les politiques monétaires relativement accommodantes de plusieurs banques centrales sur la zone ont contribué à cet environnement favorable. Les échanges commerciaux dans les pays émergents ont également montré des signes de résilience, malgré les pressions extérieures, avec une demande accrue pour certaines matières premières clés.

Les marchés du crédit des pays émergents ont bénéficié de cette dynamique favorable, en partie soutenus par la progression de ces matières premières essentielles, telles que le cuivre et le pétrole. Les obligations corporate ont enregistré des performances positives, portées par un regain d’appétit pour le risque chez les investisseurs. Les titres à Haut Rendement se sont démarqués et ont affiché des gains solides grâce à un resserrement des spreads de crédit (+1,32%), tandis que le segment Investment Grade est resté stable (+0,01%). A fin mai, le rendement de l’indice des obligations des marchés émergents s’établit à 8,23%.

Entreprises en vue

Miller Homes (EU)

2025.06.18.Emissions primaires significativesMiller Homes, constructeur de maisons au Royaume-Uni, a fait état d’un solide 1er trimestre 2025. Le chiffre d’affaires ressort en hausse de 29%, à 263,9 millions de livres sterling et l’EBITDA en progression de 39,1%, à 38,1 millions de livres. Les livraisons de logements privés ont augmenté de 39%, avec une hausse du prix moyen de vente et une marge brute à 22,3%. Les ventes en état futur d’achèvement ont augmenté pour atteindre 637 millions de livres, soutenues par une croissance de 14% du portefeuille foncier détenu. La dette nette a reculé à 626,7 millions de livres, portée par une amélioration significative des flux de trésorerie, avec une génération de cash-flow libre de 42,6 millions de livres, contre une sortie de 2,3 millions de livres l’année dernière. Par ailleurs, la société a refinancé 475 millions de livres d’obligations à des conditions plus favorables, avec des spreads plus serrés, renforçant ainsi sa structure de capital et profitant d’une amélioration de ses métriques de crédit.

Organon (US)

Le management d’Organon, spin-off de Merck spécialisé dans les médicaments biosimilaires et la santé des femmes, a annoncé une réduction d’environ 90% du dividende annuel afin de soutenir la réduction de sa dette et la réalisation de l’objectif de levier financier net (<4x) d’ici la fin de l’année 2025. Bien que la société ait publié des résultats d’exploitation conformes aux attentes pour le 1er trimestre 2025 et réaffirmé ses prévisions financières pour l’exercice 2025 (chiffre d’affaires compris entre 6,125 et 6,325 milliards de dollars, avec une marge d’EBITDA ajustée de 31-32%), la réduction du dividende reste l’actualité principale, car elle devrait permettre de libérer environ 250 millions de dollars par an et offrir à Organon davantage de flexibilité pour faire face à la perte d’exclusivité du Nexplanon et à d’autres défis auxquels l’entreprise est actuellement confrontée.

Millicom (EM)

Millicom, opérateur de télécommunications présent dans huit pays d’Amérique latine, a annoncé qu’il avait conclu un accord définitif en vue d’acquérir 100% de Telefonica Moviles del Uruguay auprès de Telefonica pour un montant de 440 millions de dollars. Selon la société, cette acquisition n’augmentera l’effet de levier que de 0,1x, et Millicom reste engagée à maintenir un ratio de levier compris entre 2 à 2,5x. L’unité uruguayenne de Telefonica est le deuxième plus grand opérateur mobile du pays après Antel, et le premier opérateur privé. En 2024, Millicom a affiché un chiffre d’affaires total de 5,8 milliards de dollars et un EBITDA ajusté de 2,47 milliards, pour une marge de 42,5%.

 

Date de rédaction : 10/06/2025

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