La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

La publication cette semaine des indicateurs ISM a montré que les Etats-Unis, qui en étaient épargnés jusqu’à présent, sont touchés par le ralentissement mondial. L’indice manufacturier a pris à revers les analystes, en perdant 1,3pts en septembre, pour s’établir au plus bas depuis 2009, à un niveau (47,8) indiquant sans ambiguïté une contraction de l’activité. La baisse de l’indice services a été encore plus marquée: 3,8pts, à 52,6, un plus bas depuis trois ans. On voit donc se profiler le spectre d’une transmission graduelle du marasme manufacturier, victime de la guerre commerciale et de la baisse du commerce mondial, au secteur des services – et donc à l’ensemble de l’économie domestique. Un ralentissement américain, s’il était avéré, aurait évidemment des conséquences globales négatives.

Avec la peur de voir le cycle d’expansion actuel arriver à son terme, les marchés sont de plus en plus sensibles aux signaux fournis par les indicateurs avancés. Ainsi, la corrélation entre les évolutions des actions et celles du PMI manufacturing retrouve un niveau connu lors de la crise de 2015, qu’avait causé le ralentissement chinois. Selon nous, si l’environnement fait face à des fortes pressions récessives (tensions commerciales, qui entrainent une baisse des échanges, ralentissement structurel de la Chine, baisse de la consommation de biens industriels et montée des contraintes environnementales), des éléments de soutien sont cependant présents.

L’absence de pressions inflationnistes suscite une stimulation monétaire quasi-permanente qui évite l’émergence des crises. En outre, la proximité de la présidentielle américaine devrait inciter le président à une désescalade des tensions et à prendre des mesures visant à embellir son bilan économique.

Brexit: accord d’ici le 31 octobre?

Mr Johnson a soumis cette semaine une proposition qui, selon lui, pourrait satisfaire les demandes européennes (éviter une frontière physique entre les deux Irlandes, tout en protégeant le marché unique) sans limiter les ambitions britanniques de pouvoir nouer librement des alliances commerciales, ni séparer l’Irlande du Nord du UK. L’Ulster resterait soumis aux règles de l’UE jusqu’en 2025, date à laquelle l’assemblée régionale devra voter pour prolonger ou abroger cet alignement. Il serait intégré dans le régime douanier du UK, ce qui impliquera des moyens de contrôler les mouvements des biens passant la frontière avec le Sud. M. Johnson compte sur des avancées techniques pour que ces contrôles ne s’effectuent pas à la frontière même.

Même si elle veillera à apparaitre la plus constructive possible, l’UE devrait botter en touche, tant sur le droit de véto de l’assemblée régionale que sur les hypothétiques moyens techniques de contrôle invisible des frontières. On notera d’ailleurs l’opposition des partis (hormis le DUP) et des milieux d’affaires Nord-Irlandais à ce plan, qui implique en pratique deux nouvelles frontières.

Le contexte politique régnant au UK ne plaide pas pour des concessions de l’UE. D’une part, la stratégie de Mr Johnson pourrait bien être de tenter de lui faire porter la responsabilité de l’échec des discussions, dans la rhétorique agressive qui vise à rattraper les électeurs du Brexit Party. D’autre part, la puissance retrouvée du Parlement après la décision de la Cour constitutionnelle, pourrait conforter l’UE dans l’idée que le hard Brexit n’aura pas lieu le 31, le risque personnel que prendrait Mr Johnson serait trop élevé s’il ne se soumettait pas au Benn act, et que les vraies négociations ne prendront place qu’après les élections. C’est essentiellement le premier ministre qui a la main pour les semaines à venir (est-il prêt à proposer un deal acceptable par l’UE? va-t-il braver les Communes dans le cas inverse?). Au-delà, les élections prendront le relai.