Les conséquences des défis du système bancaire américain sur le crédit privé des petites et moyennes entreprises.

Par Michael Smith, co-responsable de la dette privée américaine

 

Alors que les mesures de la Fed ont réussi à faire baisser l’inflation, sa politique en matière de taux d’intérêt a impacté le secteur bancaire. La faillite de la Silicon Valley Bank, de Signature Bank et de First Republic en sont des exemples; la hausse des taux et les craintes liées à un problème de liquidités ayant provoqué une fuite des dépôts. Il est possible que d’autres faillites bancaires continuent à se produire.

L’impact de la hausse des taux d’intérêt sur les banques américaines n’est pas négligeable et ouvre la voie à une surveillance réglementaire accrue. Un article publié récemment et intitulé «Monetary Tightening and U.S. Bank Fragility in 2023: Mark-to-Market Losses and Uninsured Depositor Runs» («Resserrement monétaire et fragilité des banques américaines en 2023: pertes dans le marché et ruée des déposants non assurés») suggère que l’impact potentiel de la hausse des taux pourrait atteindre 2 200 milliards de dollars de pertes latentes sur les bilans des banques, ce qui aurait un effet très important sur l’économie, si ces actifs devaient être évalués au prix du marché.

Les petites banques pourraient être mises à l’épreuve

Lorsque l’on examine les actifs et les passifs des banques américaines, on remarque une disparité dans l’allocation au sein de la classe d’actifs de l’immobilier commercial. En effet, les petites banques détiennent environ 29% des prêts directs relatifs à ce secteur dans leur bilan, contre seulement 6% pour les grandes banques. Mis en perspective avec les fonds propres agrégés de ces petites banques, une dépréciation de 10% des actifs d’immobilier commercial pourrait entraîner une réduction de près de 30% de leurs fonds propres, contre seulement 6% pour les grandes banques (à l’exclusion de l’impact des titres adossés à des créances hypothécaires et d’autres participations liées à l’immobilier).

L’une des façons dont les banques peuvent gérer leurs bilans en prévision d’un environnement difficile dans immobilier commercial, consiste à réduire l’activité de prêts. Nous avons déjà commencé à le constater grâce à l’Enquête sur l’opinion des responsables des prêts (Senior Loan Officer Opinion Survey) d’avril 2023 réalisée par la Fed, qui montre que plus de 45% des banques ont commencé à durcir leurs conditions de crédit, un niveau inédit depuis la Grande Crise Financière et la bulle internet (hors COVID).

Il s’agit là d’un défi important pour les entreprises de petite et moyenne taille qui n’ont pas accès à des capitaux externes, en dehors des relations bancaires traditionnelles. Alors que les financements bancaires se limitent généralement au fonds de roulement et aux prêts à court terme, combler ce vide financier pourrait nécessiter des milliards de dollars pour soutenir des activités liées à la croissance, aux acquisitions, aux achats de stocks et au financement d’équipements.

Alors que 15 des 22 secteurs comptabilisés dans le PIB réel ont enregistré une croissance en 2022, l’exercice 2023 semble porteur pour l’ensemble de l’économie américaine. Même si les difficultés économiques donnaient lieu à des contractions plus marquées, des poches d’opportunités subsisteront. Des secteurs tels que les services informatiques, la santé et les services publics verront leur demande augmenter et il sera impératif de comprendre cette dynamique de marché, ainsi que les effets macroéconomiques positifs, pour sélectionner les investissements à moyen terme. Tout le monde ne pourra pas bénéficier de conditions favorables et le crédit privé devra combler de manière sélective le vide laissé par les petites banques.

Dès lors, les capitaux disponibles pour les entreprises de petite et moyenne taille vont se rarifier, alors que les banques devront faire face à la hausse des taux d’intérêt et à la menace qui plane sur l’immobilier commercial. Cela pourrait déboucher sur un resserrement du crédit dans l’économie américaine.

Cette dynamique va offrir aux investisseurs une opportunité dans le crédit privé, qui pourrait être considérée comme un «millésime exceptionnel», en particulier pour les entreprises du segment des petite et moyenne taille, compte tenu des graves problèmes rencontrés par les petites banques.

Les États-Unis comptent environ 354 000 petits et moyennes entreprises; les petites représentant plus de 180 000 sociétés (CA de 10 à 100 millions de dollars américains). Bon nombre de ces entreprises sont familiales et font habituellement appel à des banques locales ou régionales pour obtenir des financements. Les petites banques représentent 772,3 milliards de dollars de prêts sur ce segment de marché, ce qui constitue une composante importante de l’économie américaine et des capitaux bancaires à l’échelle nationale.

Du point de vue des opportunités d’investissement, le marché des petites et moyennes entreprises est le segment le plus vivant avec plus de 2 800 opérations de fusions-acquisitions par an, entre 2012 et 2022 en moyenne; soit environ 70% du volume total des transactions sur cette période. Bien qu’il soit le plus actif, les multiples de prix d’achat sur ce segment de marché sont environ deux fois inférieurs à ceux des grandes entreprises, ce qui permet d’obtenir des niveaux d’endettement moindres. Malgré l’effet de levier plus modeste des transactions, le prix de la dette reste comparativement plus élevé que pour les grandes entreprises, avec une prime d’environ 2% supérieur par rapport à ces dernières.

L’opportunité pour le crédit privé

Avec l’amélioration des opportunités dans ces marchés volatiles, les entreprises auront besoin de partenaires financiers pour en tirer parti, au moment même où les petites banques vont se retirer. Ainsi, en ouvrant la porte au crédit privé, cette situation présage d’un «millésime exceptionnel» pour la classe d’actif.

 


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