La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l'Allocation chez Ellipsis AM.
Encore un vote, encore un échec. Si son enjeu effectif était cette fois assez limité, il rappelle cruellement à Mme May qu’elle n’a toujours pas de majorité aux Communes sur son projet. Elle apparait encore plus affaiblie et donc en difficulté pour obtenir la moindre concession de l’Europe. Elle représentera donc un projet quasi inchangé fin février aux parlementaires et devra l’assortir, pour leur forcer la main, d’une menace en cas de rejet : −soit d’un hard Brexit, mais cette hypothèse est peu crédible car il y a une majorité pour l’en empêcher au parlement, voire même dans son gouvernement, −soit de demander une très longue extension (ainsi que l’a révélé fortuitement un haut fonctionnaire dans un bar à Bruxelles) qui ferait planer la menace d’un abandon progressif du Brexit, et pourrait par là rallier les plus radicaux de son parti.
Des deux, la seconde solution nous semble la plus logique et les fuites qui l’ont révélée sont crédibles. Si nous croyons peu au hard Brexit (qui ne résulterait que d’un accident et d’aucune volonté des acteurs), l’approche de l’échéance pourrait tout de même créer quelques remous de marché, au regard de l’ampleur des conséquences qu’il entrainerait.
Guerre commerciale: place à la diplomatie
Le flux de nouvelles portant sur la guerre commerciale sino-américaine reste favorable. C’est d’abord l’annonce par les américains que la limite fixée initialement à début mars pour les négociations pourrait être reportée. M. Xi s’est ensuite félicité de l’avancement des discussions, indiquant qu’elles allaient se poursuivre aux US dans les semaines à venir. Si les différends entre les deux partenaires sont certainement encore importants, ils semblent désormais attachés à en éviter (ce qui est nouveau pour les US) les répercussions de marchés. Il nous semble que le principe de réalité reprend ici ses droits : le déséquilibre des échanges ne sera pas rapidement rétabli, car il est inscrit dans l’organisation industrielle des deux économies.
Il est probable que les demandes américaines de réciprocité des achats et d’accès au marché pourront être rapidement satisfaites. En revanche, les sujets comme les transferts de technologie ou les aides publiques, qui sont au cœur de la politique de développement chinoise, demanderont une négociation longue, pendant laquelle il serait inconsidéré de maintenir une attitude préjudiciable à la confiance. Nous assisterions donc à une désescalade, probablement avec le gel ou la diminution graduelle des sanctions en vigueur actuellement (pour soutenir la négociation mais également en vue des élections de 2020).
Sur l’automobile, l’enquête du département du Commerce a conclu qu’elles pouvaient bien menacer la sécurité nationale, ce qui laisse les mains libres à Donald Trump pour imposer des droits de douane, comme il l’avait fait sur les métaux. Pour autant – si tant est que l’on puisse prévoir ses décisions – la santé retrouvée des marchés et le ralentissement en cours de l’économie pourraient l’inciter à agir moins brutalement et de manière ciblée (les partenaires concernés, Japon et zone euro étant probablement enclins, dans ce cas, à offrir quelques concessions).
Le rally, jusqu’où?
Le rebond des marchés actions, particulièrement aux US (+17% depuis le point bas de fin d’année), peut sembler presque aussi exagéré que la baisse qui l’a précédé. L’évaluation que nous retenons fait ressortir une décote toujours de 5% aux US et de 9% en Europe. Cette analyse toutefois suppose la constance des estimations de résultats, alors que celles-ci sont sous le coup de révisions en baisse successives en ce moment.