George Crowdy, gérant de portefeuille au sein de l’équipe Investissement socialement responsable Monde (ISR) dirigée par Hamish Chamberlayne, examine les problématiques liées à la fiabilité et à la sécurité de l’approvisionnement en eau tout en montrant comment une meilleure utilisation des données et technologies donne une raison d’être optimiste.

La raréfaction de l’eau, la pollution généralisée et le déclin rapide de la biodiversité sont autant de signes de l’aggravation de la crise de l’eau à l’échelle mondiale. Le sixième objectif de développement durable (ODD) des Nations unies, eau propre et assainissement, vise une eau propre et accessible à tous.

Il y a suffisamment de ressources sur la planète pour fournir une eau propre, accessible à tous, mais compte tenu des pénuries physiques, d’infrastructures inappropriées et d’une utilisation inefficace, plusieurs millions de personnes meurent chaque année de maladies liées à un approvisionnement en eau insuffisant, de l’assainissement et de l’hygiène. Le déficit en eau, qui affecterait plus de 40% de la population mondiale, continuera de s’aggraver sous l’effet de la croissance démographique et du changement climatique. Pour parer à cette pénurie, il faut investir massivement dans les infrastructures et faire évoluer les comportements.

Les Objectifs de développement durable des Nations Unies incluent:

À l’horizon 2030 : améliorer la qualité de l’eau en réduisant la pollution par l’élimination des déchets et la minimisation des rejets de substances et de produits chimiques dangereux, en divisant par deux la proportion des eaux usées non traitées et en augmentant sensiblement le recyclage et la réutilisation en toute sécurité à travers le monde.

À l’horizon 2030 : augmenter significativement la gestion efficace des ressources en eau dans tous les secteurs et garantir des prélèvements et un approvisionnement en eau douce durables afin de lutter contre les pénuries d’eau et de réduire significativement le nombre de personnes qui y sont exposées.

À l’horizon 2030 : mettre en place une gestion intégrée des ressources en eau à tous les niveaux, y compris des coopérations transfrontalières le cas échéant.

À l’horizon 2020 : protéger et restaurer les écosystèmes aquatiques, notamment les montagnes, les forêts, les zones humides, les fleuves, les aquifères et les lacs.

 

Source : Programme des Nations Unies pour le développement : Objectifs de développement durable 2019

L’Occident sans eau

Aux États-Unis, la pénurie d’eau est une problématique à la fois sociale et environnementale: l’offre insuffisante fait face à une demande élevée et entraîne une hausse des factures d’eau. D’après l’organisation de surveillance Food & Water Watch, quelque 15 millions d’Américains vivraient sans eau en 2016 en raison de la hausse des prix entraînée par les pénuries. Le sud-ouest des États-Unis, déjà aride en raison de l’ «ombre pluviométrique» créée par son exposition sous le vent des montagnes Rocheuses, connaît aujourd’hui une crise qui pourrait prochainement s’étendre à mesure que les ressources d’autres réseaux fluviaux peineront à se reconstituer face à la demande croissante.

Horseshoe Bend ou « cerne de baignoire »?
La région du Horseshoe Bend, un méandre du fleuve Colorado dans l’Arizona, souffre de sécheresse depuis 19 ans, l’épisode le plus grave en 1250 ans (Image: Getty Images)

Situés dans le bassin du fleuve Colorado, les lacs Mead et Powell, qui alimentent des millions de personnes en eau potable et servent à irriguer d’immenses surfaces, s’assèchent à mesure que la hausse des températures fait baisser la teneur en eau des accumulations de neige et donc les niveaux des fleuves et des cours d’eau tributaires de la fonte des neiges. De même que l’on sait de manière quasi-certaine que le déficit en eau affecte les habitants et la production agricole de la Californie, du Nevada, de l’Arizona, du Nouveau-Mexique, du Colorado et de l’Utah, la terrible sécheresse qui a sévi en Californie de 2011 à 2017 a entraîné la mort d’environ 62 millions d’arbres sur la seule année 2016.

Inversement, le Midwest, en proie à d’importantes inondations depuis le mois de mars, est un autre exemple du changement des conditions météorologiques. Les chutes de neige tardives y ont été suivies de températures élevées, ce qui a fait fondre la neige tellement rapidement que le sol n’a pas été mesure de l’absorber. Au mois de mai, les dommages occasionnés par les inondations sur les logements, les entreprises et l’agriculture ainsi que par le déplacement des habitants ont été chiffrés à 12 milliards de dollars.

Parfois, une mauvaise nouvelle est une bonne nouvelle

Alors qu’il n’existe aucune solution à court terme aux problèmes susmentionnés, les infrastructures obsolètes et inefficaces sont responsables de la perte de milliards de litres d’eau et sur ce point, la technologie donne une raison d’être optimiste.

L’industrie de l’eau est considérée comme une sorte de «dinosaure» dès qu’il s’agit de l’utilisation efficace des données et de la technologie. Cette réputation s’explique notamment par la fragmentation importante des compagnies des eaux qui n’ont généralement pas la taille suffisante pour déployer la technologie à grande échelle ainsi que par leur résistance culturelle au changement. Autres obstacles à l’adoption de la technologie et des données, la petite taille et la nature risquée des start-up, justement spécialisées dans le développement de nouvelles technologies, dissuadent les compagnies des eaux de nouer des partenariats avec celles-ci.

Heureusement, les choses changent maintenant que les services aux collectivités et les clients résidentiels comprennent mieux les atouts des données et de la technologie. En Amérique du Nord, le pourcentage de l’eau non facturée résultant des fuites, d’une utilisation non autorisée (p. ex. vol et manipulations) et d’une facturation inappropriée peut atteindre 20 à 30%. La technologie des compteurs intelligents et de surveillance des infrastructures permet de lutter contre ce gaspillage, offrant un avantage financier aux entreprises, mais également des avantages environnementaux et sociaux.

Des scandales tels que l’eau contaminée au plomb à Flint dans le Michigan ont sapé la confiance de la population à l’égard des compagnies des eaux tout en la sensibilisant à la qualité de l’eau. Par la suite, la demande en systèmes de filtration domestiques a augmenté, ce qui a eu l’avantage de faire diminuer l’usage de bouteilles d’eau en plastique à usage unique. La sensibilisation de la population à la pénurie et à la qualité de l’eau a également contraint les municipalités et les entreprises à faire preuve d’une gestion plus responsable de l’eau. Ainsi, à Las Vegas en 2008, 70% de l’alimentation en eau servaient à arroser les pelouses résidentielles et la soixantaine de terrains de golfs que compte la ville. L’aggravation de la pénurie d’eau a conduit l’office des eaux du sud du Nevada à proposer aux propriétaires 1,50 dollar par mètre carré de pelouse remplacé par un aménagement paysager économe en eau («cash for grass»). De même, l’irrigation des terrains de golf a été limitée à 2,1 millions de gallons d’eau par acre et par an afin d’encourager, dans la mesure du possible, le remplacement du green par des aménagements paysagers désertiques.

Investir dans l’eau

Installation moderne de traitement des eaux usées (Image: Getty Images)

L’équipe ISR internationale de Janus Henderson investit dans des entreprises qui proposent des solutions aux défis environnementaux et sociaux et la gestion des ressources en eau est l’un des dix thèmes d’investissement qui guident la génération d’idées.

Actuellement, l’équipe investit dans Xylem et Evoqua Water Technologies, qui proposent des solutions permettant aux usagers résidentiels, municipaux et industriels d’améliorer la qualité de l’eau ainsi que de lutter contre les défaillances des infrastructures et les pénuries d’eau. Compte tenu de l’ampleur et de la portée des problèmes mondiaux liés à l’eau et de son impact sur la santé humaine ainsi que sur le développement social et économique, une voie royale s’ouvre, selon nous, aux entreprises qui répondent à ce besoin aussi vaste qu’essentiel.

 


Découvrez notre liste de Positive Impact Stocks (pdf, en anglais)


 


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