Face aux difficultés économiques américaines, Trump n’a plus le choix, il va reprendre ses habits de pourfendeur de la Chine pour regagner le cœur… et le vote des américains.

Zoom de Wilfrid Galand, Directeur Stratégiste de Montpensier Finance

 

Le Covid-19 a mis à l’arrêt l’économie américaine: plus de 36 millions d’américains inscrits au chômage en deux mois, des ventes au détail en baisse de 16% en Avril après déjà plus de 8% en mars et des secteurs entiers à l’arrêt comme le transport aérien, avec une baisse de fréquentation des aéroports américains de plus de… 95% en avril. L’indicateur Montpensier de momentum économique américain est tombé à 8 (sur une échelle de 0 à 100), au plus bas depuis 2008.

La terrible contraction de l’activité qui s’annonce Outre-Atlantique–jusqu’à 40% au deuxième trimestre pour certains analystes-est une calamité pour Trump, lui qui a tout misé sur l’économie pour l’emporter en novembre prochain. Il sait que, depuis Nixon en 1972, aucun président n’a été réélu si le taux de chômage a progressé depuis son investiture.

Tout semblait pourtant si bien parti. Depuis le début de son mandat, le tonitruant 45ème président des Etats-Unis n’avait eu de cesse de secouer à coup de tweets rageurs et de déclarations enflammées les autorités législatives et monétaires de son pays pour accélérer la dynamique de croissance de court terme: plan massif de baisse des impôts à destination des ménages et des entreprises, allègement de la réglementation, reprise des injections de liquidités et des baisses de taux.

Et le résultat était là: 3,4% de taux de chômage, des consommateurs euphoriques et des records en cascade sur les indices actions. Evidemment tout ceci au prix d’une montée en flèche de l’endettement fédéral, au-dessus des niveaux de 2008, et de l’arrêt de la normalisation tant attendue du bilan de la Fed. Mais qu’importe puisque l’élection se présentait bien, en particulier dans les fameux «états clés»-Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie–qui décideront du vainqueur de novembre. A tel point qu’une trêve avait pu être signée en janvier 2020 avec la Chine, matérialisant le fameux accord commercial «de phase 1».

Le Covid est venu bouleverser ses plans. D’autant plus que face à lui, le candidat démocrate sera le centriste Joe Biden. Certes, l’ancien Vice-Président d’Obama ne saurait en remontrer à Trump pour l’énergie et le sens de la formule. Mais ce fils de cols blancs de Pennsylvanie ne donne pas de prise facile pour Trump: il ne représente pas l’establishment de Washington comme Hillary Clinton, ni la seule fraction sociale-démocrate «canal historique» comme Bernie Sanders, voire Elizabeth Warren.

Reste donc le recours à la Chine, premier pays frappé par le CoVid et surtout rival stratégique des Etats-Unis. Quoi de mieux que Xi et les compagnies chinoises telles Huawei comme boucs émissaires des difficultés actuelles du pays? Quoi de plus simple que d’agiter la menace d’une administration démocrate, forcément faible et conciliante pour rameuter tous les patriotes inquiets de l’avenir et qui ne veulent pas s’en laisser compter?

La mise en pratique est rapide: après avoir asséné qu’il ne faisait plus confiance à la Chine, Trump a déclaré le 14 mai qu’il «ne voulait plus parler à Xi» et menace de revenir sur l’accord commercial et de couper à Huawei l’accès à la technologie américaine.

La limite est claire: le rebond de Wall Street a ramené l’indice SP500 dans la zone 2800-2900, les électeurs n’apprécieraient pas que le «China-Bashing» se traduise par un recul boursier significatif.

 


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