La campagne électorale américaine entre dans sa phase décisive. Trump vs Biden, choix des équipes autour des candidats et surtout couleurs de la Chambre des Représentants et du Sénat, tous ses paramètres détermineront l’évolution du marché américain et du dollar.

Zoom de Wilfrid Galand, Directeur Stratégiste de Montpensier Finance

 

Le 26 juillet, il restait précisément 100 jours avant les élections générales aux Etats-Unis. Le 3 novembre 2020, les américains choisiront leur président, renouvelleront 100% de la Chambre des Représentants, un tiers du Sénat et quantité de postes de gouverneurs et d’élus locaux.

Le point pivot reste évidemment le choix du Président. A la traîne dans les enquêtes d’opinion–même Rasmussen, qui lui est historiquement plus favorable, le donne perdant au niveau national–Trump a pivoté dans sa gestion de la crise sanitaire en reconnaissant le 21 juillet que «la situation allait empirer avant de s’améliorer» et en recommandant le port du masque.

Parallèlement, il multiplie les prises de position contre la Chine et se pose en défenseur de l’ordre face aux débordements de certaines manifestations dans des municipalités tenues par les démocrates comme Portland. Tout reste possible mais les marchés, longtemps sceptiques quant à une possible défaite de leur «champion», commencent à intégrer sérieusement l’option Biden dans leur scénario.

A priori, Joe Biden n’a rien d’un épouvantail pour les investisseurs. Ancien vice-président d’Obama, il incarne l’aile centriste du parti Démocrate. Certes un peu plus porté sur la régulation et l’intervention de l’Etat que Trump, en particulier dans la santé et l’énergie, «Uncle Joe» n’effraie pas les marchés. Au contraire même, la perspective d’une présidence plus «classique» n’est pas pour leur déplaire.

Leur souci est ailleurs. D’abord dans la place accordée dans l’équipe gouvernementale à l’aile la plus redistributrice du Parti. Annuler les baisses d’impôts sur les bénéfices accordés par l’administration précédente reviendrait à faire baisser de 10 à 15% les bénéfices par actions des entreprises. Rien de dramatique si on s’en tient là.

Mais les «Rooseveltiens» emmenés par Elizabeth Warren veulent aller plus loin: impôt sur la fortune, relèvement radical de l’impôt sur le revenu, forte augmentation du salaire minimum et des réglementations écologiques et sociales, la coupe serait amère pour les marchés. La place de la sénatrice du Massachussets dans l’équipe pressentie sera donc déterminante pour l’humeur de Wall Street. Or on parle de plus en plus pour elle du poste de Secrétaire à l’Économie…

Le poste de Vice-Président attire également tous les regards. Kamala Harris, ancienne procureur de Californie, Keisha Lance Bottoms, maire d’Atlanta, ou Susan Rice, ancienne conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama, conforteraient le positionnement centriste d’une administration Biden. Mais d’autres noms circulent, beaucoup plus proches de la tendance Bernie Sanders à l’image de Karen Bass, la présidente du «Congressionnal Black Caucus». Réponse début août.

Cependant, alors que l’attention médiatique européenne est tournée vers la présidentielle, c’est bien autour de la couleur politique du Parlement et en particulier du Sénat, que se concentre le débat sur les marchés. La possibilité d’une « vague bleue » qui donnerait les clés de toutes les institutions de Washington aux Démocrates pourrait inquiéter fortement les investisseurs. D’autant plus que les primaires pour ces élections ont révélé un très net basculement des candidats démocrates vers la gauche, à l’image de Jaamal Bowman, soutenu par Alexandria Ocasio Cortez et Bernie Sanders, qui a défait le 24 juin dernier à New York le cacique du parti Elliot Engel, 16 mandats au compteu !

Évidemment, Trump n’a pas encore perdu et va multiplier les initiatives. Il sait surprendre et n’est jamais meilleur qu’en campagne électorale. Le jeu reste ouvert et les rebondissements seront nombreux. La convention républicaine qui devait introniser Donald Trump le 27 août a été annulée, celle des démocrates reste prévue en mode «virtuel» entre le 17 et le 20 août.

En cette fin juillet, le marché américain oscille autour de ses plus hauts récents et sera très attentif à l’évolution des évènements politiques. Le parcours du dollar qui a dérapé la semaine dernière sera aussi influencé par la campagne électorale. Souvenons-nous «du dollar Carter».

 


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