De nombreux assureurs avaient déjà réduit les risques de leurs portefeuilles dans un contexte des valorisations tendues liées au cycle de crédit prévisionnel, les événements de 2020 ayant permis d’accélérer la prise de décisions profiter des dislocations de marché.

Par Étienne Comon, Managing Director, responsable assurance pour la zone EMEA, Goldman Sachs Asset Management

 

Après une année 2019 exceptionnelle pour l’économie mondiale marquée avec un bon développement des actions, deux facteurs étaient centraux lors de notre neuvième rapport mondial sur la gestion d’actifs des compagnies d’assurance («Insurance Asset Management Report»): la crainte d’un cycle économique trop long et un optimisme généralisé ont d’abord servi de toile de fond

Vers la mi-janvier, le COVID-19 avait cependant déjà commencé à rendre obsolète nos anticipations pour l’année qui débutait. La pandémie a depuis complètement rebattu les cartes et accéléré la vie, suscitant des réactions inédites par leur rapidité et leur ampleur de la part des banques centrales et des gouvernements. Les impacts sur la société, la santé publique, les économies et les perspectives d’investissement apparaissent ou sont pris en compte progressivement.

Exploiter les distorsions du marché dans la crise

Comment les assureurs mondiaux ont-ils réagi à cette nouvelle dynamique? Au paroxysme de la crise, malgré la volatilité de marché et les inconnues sur de nombreux fronts, ils ont conservé leur stratégie d’investissement à long terme, tout en profitant d’opportunités à court terme. Ces dernières années, beaucoup d’entre eux avaient déjà pris des mesures dans le but de rendre leurs portefeuilles den plus en plus défensifs en réduisant les risques, actant ainsi du caractère mature du cycle de crédit.

Tout en restant dans les paramètres de l’allocation stratégique d’actifs, les CIO ont pu tirer parti des opportunités de valeur relative découlant des turbulences continues des marchés. Ils ont ainsi pu investir dans des crédits d’entreprise de grande qualité ou réallouer de la trésorerie à court terme entre liquidités et titres de créance commerciale, et ce en amont des mesures prises par les banques centrales. Un certain nombre d’assureurs se sont également appuyés sur leur approche d’investissement mondiale pour capter le différentiel de rendement entre les marchés américains et européens au cours des mois de mars et d’avril.

La réponse des assureurs à la crise a dans un premier temps consisté à examiner leurs expositions de crédit et à modéliser l’impact potentiel du COVID-19 sur différents secteurs, entreprises et zones géographiques. En s’appuyant sur des couvertures de taux d’intérêt existantes et sur des protections du risque actions visant à atténuer l’impact des chocs de marché sur leur bilan, les assureurs ont cherché à tirer parti des dislocations de marché.

Création de valeur avec stratégie

Malgré l’émergence d’opportunités tactiques de court terme et un sentiment de marché désormais dominé par des taux «plus bas pour plus longtemps», les CIO des compagnies d’assurance continuent de considérer les obligations liquides comme le pilier de leurs portefeuilles de long terme. Pour ces portefeuilles, la crise a mis en évidence l’importance de la flexibilité et de l’agilité : la rotation au sein des portefeuilles de crédit entre les principaux marchés des changes, et la capacité à allouer entre liquidités et instruments de court terme, et le recours adroit à des produits dérivés ont permis aux assureurs de générer des gains élevés en mars et avril.

Public vers le privé

Beaucoup d’observateurs considèrent que la tendance pluriannuelle du «public vers le privé» va persister. En même temps, les petites et moyennes entreprises, qui représentent une grande partie de l’univers d’investissement privé, risque d’être durement touchées par la crise. Compte tenu des perspectives de rendement faible, la prime d’illiquidité, les avantages de la diversification, et la pression financière à l’œuvre dans les marchés obligataires figurent parmi les facteurs qui soutiennent l’intérêt des investisseurs à long terme en faveur de sources alternatives de performance et de rendement. Par exemple, les prêts directs aux entreprises, qui offrent un surcroit de rendement de plus de 150 points de base par rapport à des obligations liquides comparables (1), sont utilisés par les assureurs dans le cadre de leur stratégie d’investissement des marchés privés.

Les ETF comme outil tactique

S’agissant de la mise en œuvre, la majorité des assureurs mondiaux ont recours à des ETF pour une partie de leurs allocations aux actions et/ou aux obligations, la croissance au cours de l’année dernière ayant été principalement alimentée par l’intérêt manifesté en Europe. Les assureurs qui investissent dans des ETF fixed income les utilisent le plus souvent pour des expositions tactiques de court terme, leur efficacité opérationnelle ou la gestion de trésorerie ; autant de flexibilités qui se seront avérées particulièrement bénéfiques au cours de la récente période de volatilité.

Investissement durable: La gestion des risques de plus en plus importante

En raison de l’incertitude, les tendances à long terme, comme la mise en œuvre des stratégies ESG, sont toujours d’actualité. L’atténuation du risque demeure le principal objectif de l’intégration des facteurs ESG dans les portefeuilles des assureurs et les stratégies d’impact à l’échelle mondiale. Cela met en évidence la conviction selon laquelle la solvabilité et la valeur future d’un actif sont directement influencées par les principes ESG. Cela dit, les assureurs constatent globalement que l’accès à des données fiables et normalisées représente le principal obstacle à l’intégration des facteurs ESG dans leurs portefeuilles. En outre, malgré la prolifération de nouveaux fonds ESG sur le marché, la majorité des assureurs estiment que la disponibilité de produits conformes à leurs objectifs d’investissement est une difficulté majeure à l’implémentation efficace des principes ESG.

L’analyse des risques climatiques fait désormais partie du processus d’investissement de presque tous les CIO de compagnies d’assurance en Europe et en Asie (ainsi que de la majorité du secteur en Amérique). La grande majorité des CIO des compagnies d’assurance internationales s’intéressent aux tests de résistance climatique (stress tests) et aux analyses de scénarios afin de mesurer l’exposition de leurs portefeuilles aux risques climatiques futurs. En Europe, un quart de ces CIO utilisent cette analyse comme principal outil d’évaluation dans leur processus d’investissement.

Optimisme prudent: un chemin plus long que prévu vers la reprise

Plusieurs inconnues assombrissent toujours les perspectives d’investissement. Un certain nombre de CIO s’accordent à dire que tous les risques d’investissement ne sont pas pleinement pris en compte étant donné la nature sans précédent de la pandémie. Les effets durables sur les actions, les spreads de crédit et les défauts ne se sont pas encore fait sentir.

Alors que de nombreuses nouvelles mesures et nouvelles données sont utilisées pour comprendre les impacts structurels du COVID-19, il est admis que cette reprise pourrait prendre davantage de temps. Au-delà du scénario central d’une reprise en forme de «swoosh» ou de «V», au vu des nouvelles concernant la propagation continue du virus, il semble plus probable que le retour lent et régulier pourrait être interrompu par des épisodes de volatilité, contribuant ainsi à une reprise plutôt en forme de «W».

Malgré tous les risques encourus, les CIO sont toujours convaincus qu’ils peuvent surmonter les défis à court terme sur les marchés des capitaux dans le cadre d’une stratégie d’investissement à long terme orientée vers des rendements durables.

 

(1) Estimation de GSAM, à fin aout 2020

 


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