Créée en 2012 par le Suisse Guillaume Pousaz, Checkout.com est devenue l’un des leaders mondiaux du paiement en ligne. Avec une levée de fonds de $450 millions réalisée cette semaine, la start-up est désormais l’une des Fintech les plus en vues au monde. A quand une IPO sur le Nasdaq?

Par Charles-Henry Monchau, CFA, CMT, CAIA – CIO de FlowBank

 

La fulgurante progression de Checkout.com

Guillaume Pousaz s’imaginait travailler dans la Banque d’investissement. Mais à 24 ans, c’est en Californie qu’il débute sa carrière professionnelle dans une société de paiements. Le genevois est tout de suite convaincu par l’immense potentiel des solutions de «online payments»; alors que le volume du commerce mondial est en train d’exploser, une plateforme de paiement en ligne permet de générer des commissions sur chaque transaction.

En 2009, il rachète une entreprise de passerelle de paiement en ligne à l’Ile Maurice avant d’ouvrir des bureaux à Singapour. En 2012, Guillaume Pousaz, alors âgé de 27 ans, décide de déménager à Londres pour lancer Checkout.com et s’attaquer ainsi au marché européen.

L’équipe fondatrice a constaté que l’ancien mode de paiement était souvent limité, voire archaïque, et certainement pas adapté au commerce international. En effet, chaque pays a ses méthodes de paiement favorites, ses réglementations changeantes et ses spécificités propres. Jusqu’alors, aucun service ne proposait une solution efficace face à cette complexité.

Très rapidement, la société reçoit les accréditations qui la certifie en tant qu’établissement de paiement officiel. Checkout.com devient rapidement partenaire de Visa, Mastercard, Union Pay, Diners et Discover.

En 2018, les choses s’accélèrent pour Checkout.com. La société compte plus de 200 employés répartis dans 8 bureaux à travers le monde. L’année suivante, 230 millions de dollars sont levés lors d’une série A qui, par ailleurs, établit un nouveau record européen. L’entreprise passe alors à plus de 500 employés et ouvre deux bureaux supplémentaires.

En 2020, Checkout.com acquiert pas une, mais deux start-ups actives dans le service des paiements: ProcessOut (France) et Pin Payments (Australie). L’entreprise a également levé 150 millions de dollars additionnels dans le cadre d’une série B, ce qui fait augmenter la valeur de l’entreprise à 5,5 milliards de dollars. Ces différents succès augmentent encore la crédibilité de l’entreprise qui parvient à grandir son portefeuille de clients. Plus de 500 commerçants ont établi des partenariats avec eux au cours des 12 derniers mois, comme Grab, Revolut, Careem, Globo, Robinhood et Klarna. La valeur totale des transactions via leur solution a augmenté de 250% d’une année à l’autre, une croissance qui a connu un coup d’accélérateur avec la pandémie.

A ce jour, Checkout.com accepte plus de 150 devises ainsi que le paiement de la plupart des cartes internationales et méthodes de paiement alternatives propres à chaque pays et région. Parmi leurs clients, on compte Samsung, Deliveroo, EasyGroup ou encore Transferwise.

La valeur ajoutée de Checkout.com: la simplification des paiements en ligne

Checkout.com offre un accès direct à tous les modes de paiement et s’adaptent aux spécificités de certaines zones géographiques. Il s’agit d’une technologie de paiement «tout-en-un» qui élimine le besoin d’intermédiaires. La société propose une plateforme intégrée unique qui offre aux entreprises une performance accrue et un meilleur contrôle grâce à des fonctions de données avancées, des outils de gestion de fraude et de risque ainsi qu’un reporting complet.

 

Le service comprend:

  • Une solution de paiement intégrée: peu importe la manière dont fonctionnent les paiements sur le site du client, la solution de Checkout.com est modulable et s’intègre parfaitement dans toutes les situations, que ce soit avec des paiement mobiles, une interface externe ou intégrée au site. Dans le cas où le vendeur ne désire par héberger le service de paiement, Checkout.com offre de le faire à sa place;
  • Rapports et données: Checkout.com permet d’avoir une vision aussi globale que détaillée sur le processus de paiement. Les informations sont facilement accessibles, et il existe même une option de reporting en temps réel pour s’assurer que tout se déroule sans problème;
  • Couverture internationale: Checkout.com traite plus de 150 devises et mène à bien des transactions dans plus de 50 pays. Cela permet de réduire les frais autant pour les fournisseurs que les acheteurs et d’établir de meilleurs taux de conversion. Toutes les principales cartes de débit et de crédit sont acceptées, ainsi que la plupart des méthodes de paiement locales et les portefeuilles numériques;
  • Protection contre la fraude: La solution fournit également des outils de pointe pour se protéger contre la fraude et s’occuper de la mise à jour des régulations, de manière à soulager l’équipe juridique. L’entreprise utilise le Machine Learning – formé sur des millions de transactions – pour les aider à détecter toute forme de paiement illicites ou frauduleux.

 

Quelle est la différence entre Checkout.com et Stripe?

Lorsque TechCrunch a posé cette question à Guillaume Pousaz, tout se résumait à une philosophie et une approche du marché différentes.

« Une fois, j’ai rencontré Patrick Collison (PDG de Stripe) et j’ai plaisanté avec lui. Je lui ai dit: « Vous avez peut-être un million de commerçants, j’en ai 1’200, mais je les connais tous par leur nom et ils traitent tous des dizaines de millions chaque année. Donc je pense que c’est juste un business différent ».

En d’autres termes, là où Stripe vise à aider tout le monde, la stratégie de Checkout.com est d’offrir un service plus complet et personnalisable à un nombre réduit de clients qui gèrent des volumes de transaction importants.

Une philosophie: le produit avant tout

Le fait que Checkout.com ne connaisse pas de problème de liquidités n’est pas dû au hasard. Depuis le début, Checkout.com est restée très prudente en ce qui concerne les dépenses opérationnelles.

L’entreprise veut rester aussi économe et conservatrice que possible et, bien qu’elle ne remette pas en cause le modèle «raise a lot, spend a lot» suivi par la plupart des entreprises à forte croissance, la jeune entreprise a adopté des principes de prudence et de frugalité. Le PDG et fondateur Guillaume Pousaz donne l’exemple: le workaholic (6 jours de travail avec un minimum de 14 heures par jour) est, paraît-il, peu enclin au matérialisme.

L’entreprise est avant tout concentrée sur le développement de ses produits. Deux tiers des employés se consacrent à l’amélioration du service alors que seulement 13% travaillent dans la vente, ce qui est plutôt faible par rapport aux normes du secteur.

Le financement d’une division de capital risque

Suivant les traces d’autres start-ups à succès comme Stripe, Checkout.com lance également son propre fond de capital-risque. Son premier investissement a été réalisé dans une société de paiement singapourienne appelée Thunes.

L’entreprise examine différentes opportunités et préfère investir discrètement, se constituant progressivement un portefeuille, surtout lorsque les fondateurs ciblés ne veulent pas (encore) vendre entièrement leur entreprise. Ils disposent maintenant d’une équipe spécialisée qui suit une trentaine de cibles d’investissement potentielles dans le domaine de la fintech.

En plus de se construire un portefeuille, la société semble également avoir une stratégie claire de «acquire to hire», avec l’acquisition de ProcessOut et Pin Payments en 2020. L’entreprise déclare qu’elle ne procède pas à des acquisitions pour les revenus mais cherche en revanche à investir dans les talents : « Nous n’achetons pas de revenus, nous payons pour l’équipe… Vous ne nous verrez pas payer 200 à 300 millions de dollars pour acheter quelque chose (que nous pourrions construire) » a dit Guillaume Pousaz. L’entreprise aurait dépensé 40 à 50 millions de dollars pour les trois contrats que nous avons mentionnés.

A quand l’introduction en bourse?

Checkout.com envisage une introduction en bourse aux États-Unis, selon son PDG. Rien n’est encore sûr, mais si la société entre en bourse, il est fort probable que ce sera sur le NASDAQ plutôt que sur la Bourse de Londres. Le timing reste incertain. Mais avec une dernière levée de fonds (Série C) de $450 millions, la Fintech est désormais évaluée à $15 milliards de dollars, ce qui fait de Checkout.com l’une des «licornes» Fintech les plus en vue en Europe. Pour les fonds de capital-risque investis dans Checkout.com – Tiger Global Management, Insight Partners ou encore Coatue – une IPO fait probablement partie des stratégies de sortie envisagées à ce stade.

 

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