Le 1er juillet 2020 entrera en vigueur le nouvel accord commercial entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Après deux ans et demi de négociation et une pression constante de Donald Trump, le Mexique espère pouvoir profiter de ce nouvel élan avec son principal partenaire commercial.
La construction du mur, soit le contrôle des migrations entre le Mexique et les Etats-Unis, a été un des catalyseurs de l’élection de Donald Trump pour son élection en 2016. Un pays qui est pourtant un des principaux partenaires commerciaux de l’oncle Sam et qui dispose de nombreux atouts.
Le Mexique à la table du G20
Etat fédéral, le Mexique avec ses 126 millions de citoyens est un pays jeune. Avec une moyenne d’âge de 26 ans (contre plus de 40 dans les pays occidentaux), le pays représente un trait d’union entre l’Amérique latine et les Etats-Unis.
15ème économie mondiale et 2ème économie d’Amérique latine, le Mexique génère un PIB annuel de 1’220 milliards d’USD. Son taux de croissance est néanmoins en baisse depuis le deuxième trimestre 2019.
Le Mexique est un pays peu endetté comparativement aux pays occidentaux. Toutefois avec une balance courante déficitaire depuis 2008, le ratio dette/PIB a eu tendance à augmenter sur la période.
La population mexicaine est principalement urbaine (80%), jeune et avec un taux de chômage faible, ce qui constitue un formidable atout.
Un pays producteur et exportateur de matières premières
Le pays est largement ouvert à l’international avec 12 accords commerciaux de libre échange incluant 46 pays. Ses exportations, en plus de la consommation de son vaste marché intérieur, représentent le moteur de la croissance. Le pays est classé 67ème économie selon l’indice de liberté économique de la Fondation Heritage, en baisse sur les 5 dernières années et continue d’attirer des succursales de sociétés étrangères.
Les exportations mexicaines engendrent depuis deux ans un solde positif de la balance commerciale. Les Etats-Unis sont le premier partenaire commercial du pays et concentrent même plus des trois quarts des exportations. On comprend dès lors l’importance du nouvel accord signé avec le voisin américain. Les transferts de fonds des migrants émis depuis les Etats-Unis soutiennent également largement la consommation nationale.
Les principaux produits exportés sont les voitures de tourismes ou les accessoires de véhicules. Tous les grands constructeurs disposent d’usines au Mexique, ce qui en fait le 4ème exportateur au monde.
Bien qu’étant le 11ème producteur mondial de pétrole, le Mexique est un importateur net. La production atteint plus de 100 millions de mètres cubes par an mais est en baisse de 45% depuis 2005.
Le pays est largement doté de ressources naturelles. Le Mexique est le premier producteur d’argent au monde avec 6’300 tonnes produites annuellement, soit 23% de la production mondiale. Il est le deuxième producteur mondial de fluorine, le 5ème producteur de plomb, le 7ème de zinc, 8ème de cuivre ou le 10ème d’or avec 110 tonnes extraites en 2019.
Ces productions minières vont bénéficier des plus faibles coûts de l’énergie, ce qui permettra aux sociétés de générer des profits supplémentaires.
Une monnaie sous pression
La crise du coronavirus frappe durement le Mexique. Le peso mexicain a été malmené contre USD depuis le début de l’année avec une baisse de l’ordre de 35%. Cette baisse du peso va par contre bénéficier aux exportations du pays.
Les taux d’intérêt restent élevés ce qui permettra aux détenteurs d’obligations de compenser en partie cette moins-value monétaire. Le différentiel de taux d’intérêt avec les Etats-Unis est très important, ce qui devrait permettre une normalisation à moyen terme par un phénomène de «carry trade», soit des investisseurs qui achèteront du peso pour bénéficier d’un rendement intéressant et vendront de l’USD. D’autre part, l’inflation est maîtrisée, autrement dit les taux d’intérêt réels sont largement positifs, au contraire de nombre de pays occidentaux.
Un pays en proie à des difficultés sociales mais avec un grand potentiel
Le Mexique a encore beaucoup à faire concernant l’insécurité et les violences. Le coût des violences est estimé à 21% du PIB en 2018 selon «l’indice de la Paix» élaboré par l’’ONG «Institut pour l’Economie et la Paix». Le coût de la corruption est quant à lui estimé à 10% du PIB contre 2% en moyenne mondiale. La crise du Covid pourrait encore renforcer les inégalités de revenu dans un pays où 50% de la population vit dans la pauvreté. Les écarts de richesse restent très importants.
Des opportunités à venir
La reprise du conflit tarifaire Etats-Unis – Chine pourrait être extrêmement bénéfique pour le Mexique qui peut faire valoir sa proximité avec son voisin et ses nouveaux accords commerciaux. Le pays dispose donc de nombreux atouts. Malgré des difficultés récentes de croissance, le Mexique a peu d’endettement et n’a pas de problème majeur dans sa balance courante ou dans sa balance commerciale.
Bien que la crise du coronavirus affecte le pays, il nous semble bien placé pour profiter des injections de liquidités de son principal partenaire commercial, les Etats-Unis. Si ces derniers devaient mettre en place un grand plan d’infrastructure comme le suggère Donald Trump, la position du Mexique et ses importantes exportations minières seront un atout indéniable.
Finalement, en tant que principal producteur d’argent et producteur important d’or, la crise actuelle, qui se transforme peu à peu en crise monétaire, ferait du Mexique et de ses sociétés, un des principaux bénéficiaires d’une remontée des cours.
Sources : Banque mondiale (2018), BP Statistical Review of World Energy (2019), Bloomberg, Comtrade, Heritage.org, US Geological Survey, XO Investments SA