La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

Après une stratégie de provocation qui semblait mener tout droit au hard Brexit, Boris Johnson aurait mis sur la table une solution acceptable pour l’UE, qui éviterait une frontière physique et protègerait le marché commun. L’idée serait, d’une part, d’aligner l’Ulster sur l’UE pour les normes partout où cela est nécessaire au libre-échange, comme l’agriculture. Ensuite, les entreprises nord-irlandaises se verront appliquer les droits de douane extérieurs comme s’ils étaient dans l’UE.

S’agissant des biens en provenance du UK, ces droits leurs seraient remboursés sous réserve de justifier qu’ils sont consommés localement. La province serait donc soumise à une frontière douanière avec le reste du UK, avec des contraintes administratives accrues pour les entreprises, mais celles-ci disposeraient d’un avantage, à savoir de pouvoir choisir, pour la consommation locale de biens importés du reste du monde, le plus bas des tarifs entre ceux de l’UE et ceux du UK.

Les obstacles à l’élaboration dans les temps et à la ratification d’un tel accord peuvent sembler insurmontables. Mais le fait que les deux parties les plus antagonistes sur ce dossier, Leo Varadkar et Boris Johnson, aient déclaré que cette solution leur conviendrait autorise tous les espoirs.

Du rififi à la BCE

La mise en oeuvre, le mois dernier, du programme de relance monétaire annoncé en juillet ne s’est pas faite sans encombres. Des sources de presse indiquent que le comité de politique monétaire (qui n’a pas de pouvoir exécutif mais regroupe les gouverneurs des 19 Etats membres) s’est prononcé contre la reprise des achats d’actifs, en raison, semble-t-il, de son hostilité à une nouvelle baisse des taux longs. La critique s’est étendue au-delà de la BCE, avec des commentaires acides de dirigeants respectés du secteur financier. Les effets secondaires de la baisse des taux longs (excès de valorisation, fragilisation des banques, dé-incitation des entreprises à innover et des réformes publiques) pourraient bien dépasser ses bienfaits. C’est surtout le risque de voir l’euro s’envoler avec la baisse des taux de la Fed qui impose, selon nous, de suivre le mouvement global d’accommodation.

Reprise des achats de titres par la Fed

Jerome Powell l’a clairement précisé, il ne s’agit pas d’une reprise du QE mais d’une mesure technique prise en réponse aux fortes tensions enregistrées récemment sur le marché monétaire américain, et qui avaient vu les taux des Fed Funds sortir largement de la bande objectif fixée par la banque centrale. Pour autant, on ne peut qu’être surpris de voir le système monétaire américain fragilisé par la réduction, pourtant très modérée, du bilan de la banque centrale, et ce alors que les réserves excédentaires sont très abondantes. Cela apparait comme l’un des aspects – mineur sans doute – de l’addiction des économies développées à la stimulation monétaire.

France : du soutien budgétaire

Les mesures fiscales en direction des ménages annoncées lors de la crise des gilets jaunes ont été entérinées dans le projet de budget pour 2020: baisse de l’impôt sur le revenu, baisse de la taxe d’habitation, reconduction de la prime exceptionnelle et ré-indexation des petites pensions. Les dépenses publiques augmenteront également, notamment en R&D et en investissement. Les objectifs de baisse des dépenses publiques et du déficit budgétaire – pourtant au coeur de la campagne du président – sont donc remisés. L’ensemble de ces mesures pourrait générer un supplément de croissance de l’ordre de 0,1%.