La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

Alors que, lors de la précédente réunion, le Conseil de la BCE était resté en position d’attente, il a jugé cette fois-ci qu’il était temps d’agir. Elle l’a fait avec:

• Le recul d’un trimestre de la date probable de remontée des taux (repoussée à la fin de l’année), qui allonge aussi la période de réinvestissement;

• Le principe d’une nouvelle tranche de TLTRO, disponible en septembre, et dont les détails ne sont pas encore fixés;

• La baisse importante des anticipations de croissance (sans être une décision de politique monétaire, elle informe sur la position du Conseil) et l’abaissement de la trajectoire d’inflation, n’atteignant que 1,6% en 2020.

Ces annonces ont eu un effet immédiat sur les taux longs et la valeur de l’euro. En revanche, le pessimisme économique de la BCE a refroidi les marchés d’actifs risqués, dont le rattrapage depuis le début de l’année a été soutenu par la perspective d’une reprise rapide de la conjoncture.

La Chine revoit ses objectifs économiques

Le 13e congrès de l’Assemblée nationale populaire chinoise a été l’occasion de préciser les objectifs économiques du pouvoir et ses intentions en matière de politique économique et monétaire:

• Comme attendu, une fourchette de 6,0%-6,5% a été définie comme objectif d’activité pour l’année (marginalement plus bas que celui de 2018, qui était «autour de 6,5%»). Les autorités réussissent habituellement à atteindre leurs objectifs mais il faut garder à l’esprit que les statistiques – particulièrement celles d’activité en volume – sont sujettes à caution. Des estimations alternatives (consommation d’électricité, profits et défauts des entreprises, déflateurs alternatifs, …) montrent que le décrochage l’année dernière a été probablement plus marqué que dans les chiffres officiels, sans toutefois atteindre les niveaux alarmants de 2015.

• L’objectif de déficit budgétaire enregistre une légère hausse, de 2,6% à 2,8% du PIB. Il s’agit là d’un soutien assez modéré mais, dans ce domaine, les objectifs ont été souvent dépassés. Les collectivités locales voient leurs objectifs d’émission d’instruments de financement spéciaux (qui échappent au calcul du déficit budgétaire) croitre sensiblement.

• La Chine devrait intensifier son effort de stabilisation de la croissance par le lancement de projets d’infrastructures, qui seront financés en grande partie par les collectivités locales.

• Les impôts devraient continuer de baisser, en vue de soutenir les entreprises, sous pression du ralentissement de la croissance et de la guerre commerciale. Notamment par une baisse de la TVA ainsi que des cotisations sociales (laissée à la discrétion des collectivités locales), la diminution des prélèvements devrait avoisiner 2000Mds de Yuans.

• L’objectif d’inflation a été fixé à 3%, sans implication sur la politique monétaire. Celle-ci sera mobilisée en soutien au financement du secteur productif (réduction du taux de réserves, facilitation du financement des banques, …) particulièrement à l’attention des PME et du secteur manufacturier.

• Sur le plan de l’environnement des entreprises, une réforme des entreprises d’Etat est au programme, ainsi que des mesures visant à l’ouverture de l’accès aux entreprises et investisseurs étrangers. Les mesures spécifiques en réponse aux demandes américaines (interdictions des transferts forcés de propriété intellectuelle) font l’objet des négociations en cours. Le rapport est peu disert sur l’immobilier, ce qui reflète la tension existante entre la maitrise des risques systémiques (avec la croissance vertigineuse enregistrée ces dernières années) et le soutien à l’économie, qui nécessite de stimuler le crédit.