Les actions technologiques, y compris les grandes compagnies technologiques américaines, ont subi une sévère correction à la baisse depuis la fin de l'année dernière, lorsque la Fed américaine a reconnu que l'inflation n'était plus transitoire aux États-Unis.

Par Esty Dwek, CIO

 

L’inflation a nécessité une action rapide de la part de la Fed. Ainsi, la Fed a commencé à relever les taux d’intérêt et à réduire ses achats mensuels d’actifs pour refroidir l’économie et ramener l’inflation vers son objectif de 2%.

Et comme les valeurs technologiques sont considérées comme des valeurs de croissance, leurs valorisations dépendent beaucoup des attentes de revenus futurs plutôt que des revenus actuels. Par conséquent, le rôle des rendements dans l’actualisation des bénéfices futurs jusqu’à aujourd’hui est plus important pour les actions de croissance que pour les actions value. C’est pourquoi la hausse des rendements américains a porté un sérieux coup aux valeurs technologiques américaines, qui ont été relativement plus durement touchées que leurs homologues non technologiques.

Ainsi, les actions technologiques américaines les plus populaires ont plongé au premier semestre. Apple a perdu 30% entre janvier et juin, Microsoft a reculé de 30% depuis le pic de novembre et Tesla a perdu 50% de sa valorisation par rapport au sommet historique de novembre. Les actions FAANG (Facebook, Amazon, Apple, Netflix et Google) ont perdu plus de 40% en moyenne.

2022.08.31.FANG
FAANG ont perdu plus de 40% au premier semestre 2022
Source : TradingView

Le rebond de l’été sera-t-il éphémère?

Mais l’été a été doux pour les actions technologiques américaines. Les attentes de la Fed sont soudainement devenues plus accommodantes alors que les craintes de récession ont pris le dessus et ont avancé l’idée que la Fed ne pouvait pas continuer à augmenter les taux d’intérêts à la vitesse actuelle, si elle veut empêcher l’économie de sombrer dans une récession.

Bien sûr, la Big Tech a été parmi les premières entreprises à profiter du rallye. Le S&P500 a rebondi jusqu’à 17% depuis sa baisse de juillet; quatre actions ont été responsables de 30% du rallye estival du S&P500. Ces quatre actions étaient Apple, Amazon, Tesla et Microsoft.

Le fait que les bénéfices des géants américains de la technologie aient pour la plupart résisté aux conditions de marché difficiles et que la saison des bénéfices ait été meilleure que ce que beaucoup craignaient a également aidé les géants américains à récupérer la majeure partie de ce qui avait été perdu au premier semestre.

Goldman Sachs a même révélé la semaine dernière que les fonds spéculatifs avaient intensifié les paris sur les méga caps technologiques américaines; ces fonds avaient, en fait, réduit l’ensemble des avoirs pour se concentrer sur les noms préférés au dernier trimestre. Dans la course aux actions bon marchés, Amazon aurait même détrôné Microsoft en tant que position longue la plus populaire.

Powell a martelé les espoirs lors de son discours à Jackson Hole

Le chef de la Fed a donné un message extrêmement clair lors de son discours à Jackson Hole; il a déclaré que la Fed continuera à lutter contre l’inflation même si cela signifie de la douleur pour les ménages et les entreprises. Powell a évoqué que la Fed pourrait ralentir et même arrêter les hausses de taux d’intérêt, mais que les taux d’intérêt américains resteront élevés pendant une période prolongée et que la Fed ne commettra pas les mêmes erreurs que par le passé : celles d’assouplir prématurément sa politique monétaire.

Les paroles de Powell ont laissé un goût amer dans la bouche des investisseurs technologiques. Les valeurs technologiques ont été durement touchées. Le Nasdaq est en baisse de presque 10% par rapport au pic de l’été. L’indice a cassé un support majeur de Fibonacci, celui de 38,2% sur le rallye de l’été, et d’un point de vue technique, il est déjà entré dans la zone de consolidation baissière. Mais combien de temps cela va-t-il durer?

Encore une inquiétude

Les investisseurs technologiques ne sont pas seulement inquiets par la hausse des taux américains, mais aussi par la contraction du bilan de la Fed.

Même si la Fed ralentissait le rythme des hausses de taux d’intérêt, l’enroulement du bilan, appelé le resserrement quantitatif (QT), accélèrera à partir de septembre, lorsque la Fed commencera à dénouer son bilan de 95 milliards de dollars par mois.

Tout n’est pas joué

Malgré les obstacles que les hausses de taux et le resserrement quantitatif représentent, la Fed arrive vers la fin de son resserrement monétaire, et un «soft landing» reste possible. En effet, les marchés obligataires ont peu bougé depuis vendredi, ne changeant pas leurs attentes. De plus, les bénéfices de la Big Tech devraient rester solides, soutenant leurs valorisations qui ont déjà bien baissé.

Reste à voir si le rebond de l’été ou la correction post-Jackson Hole prendra le dessus pour la fin de l’année. Pour l’instant, nous restons dans le premier camp.

 

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