La transition vers des énergies alternatives propres s’accélère, et cette accélération devrait prendre une nouvelle allure grâce à la flambée des prix du pétrole et la volonté occidentale de diminuer, voire de mettre fin à sa dépendance pétrolière le plus vite possible, notamment à cause de la guerre en Ukraine. Une migration vers les voitures électriques est donc un passage obligé vers un avenir idéalement plus vert.
Par Esty Dwek, CIO
Mais la montée récente des prix du carburant ne suffira certainement pas à booster la demande de véhicules électriques, si le prix d’autres matières premières nécessaires à leur construction montent également en flèche, entrainant une hausse des prix des véhicules du futur.
L’industrie des VE grandira encore plus vite
Près de 6.5 millions de véhicules électriques (VE)–y compris des voitures entièrement électriques et hybrides rechargeables–ont été vendus dans le monde en 2021, en hausse de 109% par rapport à 2020. Cependant, le marché automobile mondial total n’a augmenté que de 4% en 2021 en raison de la lutte contre les restrictions de Covid-19 et les pénuries de puces.
Les ventes de véhicules électriques représentaient déjà près d’un dixième de toutes les ventes de voitures particulières l’année dernière selon la société d’études de marché Canalys, et cette tendance ne fera que se renforcer avec la flambée des prix de carburant due à une explosion de de la demande postpandémique, une capacité restreinte des plus gros producteurs de pétrole notamment à cause de la pandémie et un sous-investissement dans le secteur avec une perspective de transition vers les énergie renouvelables, et la guerre en Ukraine.
Cependant, l’explosion du prix du nickel de la semaine dernière qui a conduit à une hausse de 250% des contrats à terme et à un arrêt des échanges à Londres, a fait craindre que les prix du métal puissent rester élevés pendant une période prolongée et menacer les marges bénéficiaires des fabricants de véhicules électriques, sachant que le nickel est un élément clé des batteries pour véhicules électriques, et la Russie figure parmi les trois premiers producteurs de nickel au monde.
Même avant la guerre, le PDG de Tesla Elon Musk disait qu’un déficit structurel en nickel était l’une de ses plus grandes préoccupations. Et voilà qu’une flambée des prix du nickel pourrait nuire aux affaires des fabricants de véhicules électriques qui souffrent déjà d’une pénurie mondiale des puces électroniques et des attentes bellicistes de la Fed américaine.
Les parts de marché
Tesla est en tête du marché mondial des véhicules électriques, mais SAIC qui comprend SGMW (la combinaison de SAIC, GM et Wuling) suit de près et le groupe Volkswagen investit de grosses sommes pour s’assurer une place parmi les leaders d’un marché fortement prometteur.
Il n’est donc pas surprenant qu’investir dans les véhicules électriques soit devenu une priorité pour de nombreux constructeurs automobiles traditionnels. Certains constructeurs automobiles se restructurent pour libérer du potentiel et augmenter leur capacité de financement, tandis que d’autres préfèrent s’associer à des sociétés technologiques pour bénéficier des synergies et le savoir-faire pour combler leur retard.
Ainsi, l’industrie automobile est en plein ébullition; les sociétés traditionnelles sont face à une compétition nouvelle. Que faire?
Où investir ?
Les efforts déployés à l’échelle de l’industrie automobile pour augmenter la vitesse d’électrification ont déjà donné un coup de pouce aux prix des actions des constructeurs de véhicules électriques. La bulle spéculative a initialement flambé les cours des actions des nouveaux fabricants de véhicules tels que Tesla, Rivian, Canoo ou Nikola, mais le rallye est resté de courte durée pour la plupart d’entre elles.
Aujourd’hui, les investisseurs trouvent prudent de se rediriger vers les constructeurs automobiles traditionnels, sachant la tendance positive des start-ups de véhicules électriques pourrait ralentir en raison de la pénurie de puces électroniques et des perspectives de resserrement des conditions monétaires dans le monde, en partie dues à la flambée des prix du pétrole.
Par conséquent, il est important de noter que si la hausse rapide des prix du pétrole donne un coup de pouce à l’industrie de VE, elle pourrait ne pas profiter aux cours des actions en raison d’une montée forte des prix d’autres matières premières et des conditions monétaires moins juteuses.
Cependant, nous savons que l’avenir des transports est électrique et les investisseurs recherchent les gagnants d’une industrie en plein essor.
Quoi de neuf chez les constructeurs automobiles traditionnels?
Volkswagen va laisser Porsche voler de ses propres ailes
Volkswagen, qui est un des joueurs les plus agressifs dans la transformation électrique prépare une introduction en bourse de son précieux Porsche, afin d’augmenter la valorisation de la compagnie et utiliser ces fonds pour financer une série d’investissement aggressive pour sa transformation électrique. En décembre dernier, Volkswagen a annoncé une augmentation des investissements dans les véhicules électriques de 50%; il faut des fonds pour suivre un rythme si soutenu.
Selon les estimations, l’introduction en bourse de Porsche pourrait être évaluée à 96 milliards de dollars, une somme impressionnante quand on pense que Volkswagen elle-même a une valorisation boursière de 117 milliards d’euros, soit environ 130 milliards de dollars.
Mobileye d’Intel va entrer en bourse, aussi
Intel veut rendre publique son unité de voiture autonome Mobileye alors que le géant des semi-conducteurs tente de susciter l’enthousiasme des investisseurs pour ses propres actions et de capitaliser sur la demande croissante de conduite automatisée.
La société a annoncé l’année dernière qu’il allait lister Mobileye, achetée en 2017 pour environ 15 milliards de dollars. Des personnes proches du dossier ont déclaré que l’unité pourrait atteindre une valorisation supérieure à 50 milliards de dollars.
Honda et Sony s’associent pour lancer une voiture électrique d’ici 2025
Honda, qui a pris du retard dans la course électrique accélère le pas également. Selon les dernières nouvelles, le géant japonais envisage d’unir ses forces avec Sony pour fabriquer une voiture électrique en tirant parti de l’expertise du géant de la technologie japonaise.
Honda et Sony vont établir une nouvelle société au courant de l’année 2022. Cette nouvelle société de véhicules électriques sera en charge de tout le développement, tandis que les lignes de production de Honda fabriqueront les véhicules électriques. Honda sera également en charge de l’entretien de ces voitures électriques alors que Sony contribuera au ‘développement et à l’application des technologies d’imagerie, de détection, de télécommunication, de réseau et de divertissement’.
Les premières ventes du premier modèle de véhicule électrique de la nouvelle société sont prévues pour 2025, une date cible assez éloignée pour permettre à ses concurrents de prendre une bonne longueur d’avance.
GM et POSCO s’associent pour la production de batteries
GM, de son coté, s’associe avec le sud-coréen POSCO Chemical pour constuire une usine de 400 million de dollars destinée à la production des matériaux de batterie au Canada alors que le constructeur automobile accélère ses plans pour produire principalement des véhicules électriques à l’avenir.
Conclusion
Même si les conditions macroéconomiques et géopolitiques sont peu propices à une croissance rapide, la volonté des pays développés de se défaire de l’addiction au carburant fossile renforcera certainement la tendance d’une croissance solide pour l’industrie des VE dans les trimestres à venir, malgré les défis.
Alors que les cours d’actions des start-ups des véhicules électriques et les constructeurs automobiles traditionnels restent sous une pression baissière, les vétérans du secteur se battront pour rattraper leur retard et prendre la tête de l’industrie dans les années à venir.
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