Le prix du Bitcoin pourrait bientôt recevoir un coup de pouce conséquent venant de la politique : pour le CEO de Galaxy Mike Novogratz, le choix du prochain patron de la réserve fédéral américaine pourrait bien être le plus gros catalyseur à venir pour le marché crypto.

Si Donald Trump nomme un candidat favorable aux assouplissements monétaires comme beaucoup s’y attendent, le Bitcoin pourrait facilement sauter jusqu’à $200’000 selon Novogratz. Une première baisse des taux de la Fed a déjà été effectuée ce mois-ci, mais le marché reste pour le moment indécis. Les membres du conseil de la Fed sont divisés sur la question de baisses supplémentaires pour 2025, tandis que son patron actuel Jerome Powell n’a pas voulu se prononcer.

Toutefois, nombreux analystes restent optimistes. Selon Grayscale, 21Shares et Swyftx, des taux d’intérêt plus bas, des progrès réglementaires et le boom en cours des stablecoins sont autant de vecteurs pouvant continuer de faire affluer des capitaux importants dans la crypto pendant le 4ème trimestre.

Les marchés semblent donc se positionner sur un scénario prudemment optimiste. Novogratz conclut que si Trump finit bel et bien par choisir un candidat agressif pour diriger la Fed, cela pourrait créer des réactions brutales avec à la clé de fortes turbulences pour le dollar, faisant monter l’or et le Bitcoin en conséquence.

Ethereum en stress test

Ethereum a vécu la semaine dernière l’une des secousses les plus importantes depuis des années. Plus de $1.5 milliards de positions en levier ont été liquidées en quelques heures, le plus gros événement de la sorte depuis 2021. Plus de 400’000 traders ont été affectés, les positions longues étant particulièrement touchées.

Le cours d’ETH a chuté sous les $4’000 en milieu de semaine avant de se re-stabiliser rapidement au-dessus de ce palier. Historiquement, ce genre d’événement agit comme une valve de pression : les marchés en surchauffe sont ralentis, les intérêts ouverts diminuent et une structure de marché plus saine émerge. Les données montrent également que les investisseurs retirent de plus en plus leurs ETH des plateformes de trading, ce qui réduit l’offre dans les carnets d’ordre.

Malgré tout, le positivisme reste de mise. De nombreux investisseurs parlent d’un potentiel «super cycle» qui briserait le cycle traditionnel de quatre ans d’Ethereum. L’intégration croissante de la blockchain dans le monde financier est ce qui alimente le plus ces espoirs.

BitMine voit l’arrivée de Wall Street et l’utilisation croissante d’agents IA comme des catalyseurs: les systèmes d’IA ont besoin de plateformes neutres et d’argent nativement numérique pour opérer, ce qui place Ethereum comme réseau de choix. D’autres acteurs restent sceptiques, comme la banque Citi qui a baissé sa cible de prix pour cette année à $4’300 pour un ETH, bien en-dessous de son record de $4’953.

Du côté technique, la mise à jour Fusaka se prépare pour décembre. Elle permettra de doubler la capacité des blobs (un des modes de stockage de donnée du réseau) et de mettre en place un nouveau standard avec PeerDAS (Peer Data Availability Sampling) : au lieu de contenir l’intégralité des données de la blockchain, les nœuds ne garderont que des bouts et vérifieront leur intégrité par voie statistique. Cette architecture devrait soulager la charge du réseau de base, réduire les frais de transaction et améliorer les performances des réseaux layer-2. Les développeurs «core» d’Ethereum prévoient un lancement conservateur en deux forks BPO afin de graduellement augmenter la limites des blobs de 9 à 21. Des testnets et un bug bounty de $2 millions sont actifs pour s’assurer de la sécurité du code.

Pendant ce temps, la file d’attente pour sortir des ETH de staking est plus longue que jamais, ce qui dénote la confiance dans le réseau mais comporte également une possible pression vendeuse. Vitalik Buterin a défendu ces longs temps d’attente avec l’argument qu’ils garantissent la fiabilité de la chaîne. Tous ces facteurs permettent d’expliquer la volatilité à court terme, mais jettent également les bases d’une croissance à long terme.

La progression des stablecoins

Le marché global des stablecoins continue de croître rapidement, avec des implications monétaires et géopolitiques. Selon l’agence de notation Moody’s, cette progression mondiale des stablecoins représente une menace sérieuse pour la souveraineté monétaire de nombreux pays.

Les pays émergents sont particulièrement à risque, si leurs citoyens abandonnent les dépôts bancaires en faveur de stablecoins. La conséquence serait une perte d’influence des banques centrales locales sur leur politique de taux d’intérêt, de taux de change et de flux de capitaux. Le phénomène de «cryptoisation» – le remplacement graduel des devises nationales par des cryptomonnaies – menace de déstabiliser des économies entières, selon Moody’s.

Aux États-Unis, l’administration Trump a une vision opposée. Eric Trump a décrit les stablecoins commes les «sauveurs du dollar» et fait la promotion de son propre stablecoin, l’USD1, ce qui a provoqué des accusations de conflit d’intérêt flagrant. Pour Eric Trump, les stablecoins peuvent préserver le rôle global qu’exerce le dollar, par exemple au travers de paiements numériques entre gouvernements. Le gouverneur de la Fed est du même avis, ainsi que plusieurs patrons de fintechs américaines.

L’Europe suit un chemin différent, cherchant à trouver son autonomie stratégique. Neuf grandes banques de huit pays du continent développent actuellement un stablecoin euro commun, basé sur les règles MiCA. L’objectif : obtenir un instrument européen standardisé pour du paiement transfrontalier et des transactions programmables. En parallèle, la Société Générale a déjà lancé son USDCV, un stablecoin dollar régulé BaFin et MiCA ciblant les clients institutionnels. D’autres projets comme EURCV, EURAU et USDG montrent tous que l’Europe veut garder les stablecoins sous sa supervision exclusive sans laisser les leaders américains dominer ce marché.

La course des stablecoins est géopolitique, avec les États-Unis se focalisant sur la dérégulation, leur intérêt propre et la domination du dollar via la tokénisation d’un côté, et de l’autre l’Europe qui poursuit un modèle basé sur des règles et orienté pour les banques. Mais Moody’s avertit que sans harmonisation globale, il y aura des risques d’instabilité, de fuite de capitaux et de perte de souveraineté, et pas seulement pour les marchés émergents.