Ces derniers mois, une croissance américaine supérieure à la moyenne a marqué le contexte macroéconomique. Mais cela va changer, car la croissance américaine devrait être plus faible par rapport au deuxième trimestre, et se rapprocher du rythme du reste du monde. Cette convergence pourrait faciliter le retour des placements dans les pays émergents.

Par Andrew Wilson, CEO EMEA et Head of Global Fixed Income and Liquidity Management Teams chez Goldman Sachs Asset Management

 

Une croissance à nouveau convergente …

La surperformance exceptionnelle du marché américain pourrait toucher à sa fin. Au deuxième trimestre, les Etats-Unis profitent largement des mesures de politique fiscale. Cet effet pourrait faiblir au cours du temps. Entre-temps, la croissance européenne se stabilise, à un niveau plus bas, mais plus durable qu’en fin d’année dernière. La reprise au Japon, plus modérée que nous le pensions, se poursuit. La Chine met en place un soutien politique fort, au vu des données conjoncturelles plus faibles et d’autres risques résultant des tensions commerciales. Ceci pourrait apporter des surprises positives pendant un certain temps.

Les fondamentaux de la plupart des autres pays émergents sont solides et pourraient bénéficier de la croissance aux Etats-Unis. La faiblesse des investissements dans les pays émergents résulte plutôt d’enjeux nationaux spécifiques que d’une crise générale de la zone. Au total, on constate une convergence de la croissance globale à un niveau sain, après une période marquée par les résultats positifs exceptionnels aux Etats-Unis.

… et une consolidation durable des taux américains à long terme

Au printemps, on pouvait s’attendre à ce que le risque de taux continue de progresser en fin d’année, après une phase de consolidation des taux d’intérêt à long terme. Actuellement toutefois, de nombreux éléments indiquent que cette consolidation pourrait durer encore jusqu’à la nouvelle année. Pour 2018, des hausses de taux par la FED pour environ 45 points de base sont intégrées dans les prix. Cela signifie que le marché ne sera pas surpris si la Fed procède encore à d’autres augmentations. L’inflation s’est développée à un niveau bas à moyen, la hausse par rapport à l’année précédente résultant surtout d’effets de base.

Compte tenu de l’évolution progressive de l’inflation et de l’affaiblissement probable de la croissance américaine, la Fed souhaite conserver ses options. Elle signalera au plus tôt juste avant sa séance de décembre un rythme renforcé pour les hausses de taux en 2019. Certains signes de renforcement de l’inflation apparaissent. Mais cela pourrait encore durer un certain temps avant qu’ils soient assez importants pour influencer la politique monétaire de manière importante.

Un environnement difficile pour les investissements …

Les marchés des capitaux pourraient rester difficiles dans un futur proche. En conséquence, une stratégie de placement dynamique reste de mise. Le commerce et la géopolitique apporteront une volatilité supplémentaire. Dans la mesure où la croissance américaine ralentit, on pourrait assister à des ventes provisoires d’actions américaines. La situation budgétaire en Italie et les perspectives de croissance de ce pays sont également inquiétantes. En dépit de ces difficultés, on peut s’attendre à ce que les actions des pays industriels se portent bien d’ici la fin de l’année, grâce à une expansion culturelle durable et à une solide croissance des bénéfices.

… et de bonnes chances d’un retour des pays émergents

On sous-estime l’influence de la récente surperformance économique américaine liée à la baisse de la croissance de nombreuses autres économies durant les derniers mois. Ceci vaut pour l’évolution des valeurs patrimoniales en général ainsi que pour la sous-performance des pays émergents en particulier. La transition vers une convergence de croissance liée à l’affaiblissement de la croissance américaine et à la stabilisation d’autres économies est significative. Les placements dans les pays émergents pourraient en être les principaux bénéficiaires, notamment en raison de craintes excessives concernant les tensions commerciales et un risque de contamination pour les pays émergents en général. Globalement, on peut s’attendre à ce que la reprise du dollar US faiblisse.

Implications en termes d’investissement

Les actions restent une catégorie de placement privilégiée. La reprise conjoncturelle durable et une solide croissance des bénéfices pourraient soutenir les rendements.

D’un point de vue stratégique, on peut toujours faire preuve de pessimisme pour les emprunts d’Etat. Les marchés n’intégreront pas totalement dans les prix l’ampleur des augmentations de taux par l’institut d’émission américain au cours des douze prochains mois. D’un point de vue plus général, les marchés sous-estiment aussi la mesure dans laquelle les rendements d’obligations bas sont liés aux cycles et dépendent moins de facteurs de long terme. Mais il faudra probablement encore du temps jusqu’à ce que cela se reflète dans les données et que les marchés adaptent leurs évaluations en conséquence. Au niveau tactique, on peut s’attendre à ce que les rendements des emprunts américains à dix ans évoluent dans une marge étroite à la fin de l’année.

Dans la mesure où les données fondamentales des entreprises et l’environnement macroéconomique créent un environnement positif, il est encore trop tôt pour se positionner sur un élargissent net des spreads pour les emprunts d’entreprises. Nous approchons du moment du cycle conjoncturel où un retournement de tendance est intervenu dans domaine par le passé. Mais il est peu probable que cela se produise encore en 2018.