Il se peut que le premier trimestre de 2021 ait pris de court quelques investisseurs dans le secteur du cannabis, car les actions qui ont généré les rendements les plus élevés en moyenne étaient celles des producteurs autorisés domiciliés au Canada plutôt que celles des opérateurs multiétatiques américains, malgré la ferveur qui anime les actions à la perspective d’une légalisation accrue aux États-Unis.

Cela s’explique en partie par le fait que le marché boursier, même en ce qui concerne les actions du secteur du cannabis, fonctionne toujours selon un mécanisme de prévisions boursières, et pendant la majeure partie de 2020, les actions des opérateurs multiétatiques américains ont eu le vent en poupe à la perspective de la légalisation américaine tandis que celles des producteurs autorisés canadiens ont plus ou moins manqué de dynamisme. La victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine et le message clair de son administration en faveur d’une certaine forme de légalisation fédérale – qui est également soutenue par le Sénat et la majorité démocrate du Congrès – pourraient ouvrir la voie à l’introduction des producteurs autorisés canadiens bien capitalisés sur le marché américain.

Sans la légalisation au niveau fédéral, la plupart des producteurs autorisés n’ont pratiquement aucun accès à l’expansion sur le marché américain, qui, en 2020, a dépassé les 17,5 milliards de dollars de ventes annuelles, selon BDSA Research. La légalisation permettrait aux producteurs autorisés d’augmenter rapidement leurs chiffres d’affaires en entreprenant une expansion agressive aux États-Unis, par le biais de fusions et/ou d’acquisitions, financées par leur capacité à accéder aux marchés financiers.

À notre avis, la capacité des producteurs autorisés à obtenir des cotations en bourse aux États-Unis a été un facteur clé de la hausse de leurs valorisations, étant donné qu’une grande partie de la croissance des investisseurs dans le secteur provient des investisseurs individuels américains dont les placements sont ordinairement constitués d’actions ou de FNB cotés aux États-Unis. On constate, par exemple, que les FNB cotés aux États-Unis, qui détiennent principalement des producteurs autorisés dans leurs portefeuilles sous-jacents, ont enregistré près de 1,8 milliard de dollars d’entrées au cours du premier trimestre de 2021 (source : ETF.com au 31 mars 2021). C’est une somme considérable pour un secteur dont la capitalisation boursière moyenne est relativement faible par rapport au secteur des actions au sens large.

Cela a créé un écart important entre les valorisations des actions canadiennes et américaines du secteur du cannabis. En 2020, les ventes canadiennes ont été robustes, dépassant la plupart des prévisions sectorielles et dépassant les 2,6 milliards de dollars de ventes pour l’année civile 2020, selon Statistique Canada. Ce chiffre est toutefois dérisoire par rapport aux 17,5 milliards de dollars de recettes générées par les États américains, la Californie, par exemple, ayant encaissé plus de 4 milliards de dollars pour les ventes à usage récréatif, selon Marijuana Business Daily.

ventes de cannabis

 

ventes annuelles de cannabis

Selon CIBC Capital Markets, les producteurs autorisés canadiens se négocient à un ratio valeur d’entreprise sur chiffre d’affaires («VE/CA») moyen de 14,3 fois le chiffre d’affaires, contre 6,3 fois pour les opérateurs multiétatiques. Cet écart de valorisation est stupéfiant, étant donné que les dix premiers opérateurs multiétatiques devraient générer plus de 10 milliards de dollars de revenus en 2021 contre 4 milliards de dollars de revenus pour les dix premiers producteurs autorisés.

Cette divergence n’est pas passée inaperçue, et des révisions à la baisse des producteurs autorisés sont susceptibles de se produire, d’autant plus qu’il semble que le rythme des ventes de cannabis au Canada pourrait ne pas progresser au même rythme effréné qu’en 2020, lorsque les ventes de cannabis étaient soutenues par les confinements et la demande refoulée pendant la pandémie de COVID-19. Même si la croissance des ventes reste relativement stable, les producteurs autorisés continuent d’être évalués en prévision d’une croissance sur un marché qui semble être potentiellement épuisé pour le moment, à l’exception des perspectives d’expansion aux États-Unis.

Pour l’instant, à moins d’un obstacle clair à la légalisation du cannabis aux États-Unis, la probabilité que ces actions aient un potentiel de hausse limité à court terme, en particulier par rapport aux opérateurs multiétatiques américains, semble assez faible. Les prix intègrent déjà de nombreuses bonnes nouvelles qui ne se sont pas encore concrétisées.

New York, New York

Tandis que les investisseurs qui investissent dans les producteurs autorisés comptent sur la légalisation pour ouvrir le marché américain, la croissance des marchés au niveau des États se poursuit à un rythme soutenu. Quinze États américains ont maintenant pleinement légalisé le cannabis à des fins récréatives ou pour adultes, dont New York, le 4e État le plus peuplé des États-Unis, depuis le 1er avril 2021. Marijuana Business Daily prévoit que les ventes rien que dans l’État de New York pourraient atteindre 2,3 milliards de dollars par an dès la 4e année du programme et près de 2,5 milliards de dollars la 5e année. On peut penser que la légalisation à New York pourrait inciter davantage de défenseurs à Wall Street à obtenir des réformes réglementaires autorisant un soutien financier accru des cultivateurs et distributeurs de marijuana aux États-Unis.

Il n’y a pas que New York qui ajoutera des revenus aux recettes croissantes générées par les États. L’Arizona et le New Jersey ont désormais des marchés entièrement licites et d’autres marchés d’États importants comme la Pennsylvanie et le Maryland pourraient être légalisés en 2021.

L’essentiel est que, même sans légalisation fédérale, le marché américain de la marijuana continuera de connaître une forte croissance, ce qui devrait favoriser les opérateurs multiétatiques.

états légalisant la vente de cannabis

 

Etats légalisant le cannabis

Valorisations 

Les consolidations et les investissements soutenus demeurent l’un des principaux facteurs de croissance des producteurs autorisés canadiens. Le 11 mars 2021, une division de British American Tobacco PLC a investi 221 millions de dollars canadiens (soit 176,6 millions de dollars américains) dans Organigram Holdings pour l’acquisition de 19,9 % de la société. Les deux sociétés concluront un partenariat stratégique axé initialement sur le développement de produits à base de CBD. Il faut garder à l’esprit que le CBD est un produit licite aux États-Unis, ce qui confirme une fois de plus que l’intérêt international pour les producteurs autorisés reste entièrement axé sur le développement de leur présence à l’extérieur du Canada.

Cette vision au-delà du Canada a également été le principal catalyseur de la fusion entre Aphria et Tilray, qui devrait être finalisée fin avril 2021. Selon CIBC World Markets, cette fusion envisagée créerait le plus grand cultivateur et distributeur de cannabis au monde, avec un chiffre d’affaires qui pourrait dépasser 1,2 milliard de dollars US.

Le principal objectif de cette fusion est une expansion mondiale, axée principalement sur l’Europe, et ultérieurement les États-Unis. Aphria se retirera du marché boursier canadien et ne conservera qu’une cotation américaine pour la nouvelle entité à l’issue de la fusion. Aphria occupe actuellement la pondération la plus forte du FNB Horizons Indice marijuana sciences de la vie (HMMJ).

Les titres en portefeuille de HMMJ affichent une croissance moyenne des ventes de 50,74 %. Vous trouverez ci-dessous les statistiques du ratio cours/valeur comptable et du ratio cours/chiffre d’affaires du FNB et de ses dix principaux titres.

titres cannabis
Source : FNB Bloomberg et FNB Horizons, au 31 mars 2021

Voici les mêmes données pour le FNB Horizons Indice marijuana États-Unis (HMUS). Vous pourrez constater que, bien que les chiffres d’affaires totaux soient légèrement inférieurs à ceux des plus gros producteurs autorisés, les opérateurs multiétatiques génèrent un taux de croissance du chiffre d’affaires plus élevé à des valorisations moindres par rapport à de nombreux producteurs autorisés.

titres cannabis
Source : FNB Bloomberg et FNB Horizons, au 31 mars 2021

HMUS est le seul FNB coté au Canada qui se consacre exclusivement à l’exposition à ce secteur sur le marché américain et offre des placements diversifiés dans toutes ces valeurs. Comme toujours, il y aura des gagnants et des perdants dans le secteur américain, mais comme le secteur croît dans l’ensemble, HMUS bénéficiera peut-être d’une croissance significative de cet essor global du marché.

La croissance du marché américain se refléterait probablement davantage dans HMUS, mais HMMJ pourrait également bénéficier d’une légalisation élargie aux États-Unis, et ce, pour plusieurs raisons:

  • HMMJ pourra ajouter des opérateurs multiétatiques américains qui participent à la culture et la production du cannabis (qui sont actuellement inclus dans son indice sous-jacent, sans toutefois être des titres détenus par HMMJ) lorsque la légalisation fédérale aura été adoptée, si tel est le cas.
  • Les grands titres détenus par HMMJ, comme Canopy Growth, ont une exposition potentielle au marché américain. Par exemple, Canopy serait en mesure d’acquérir à 100 % Acreage Holdings, un important opérateur multiétatique, dès la mise en œuvre de la légalisation fédérale aux États-Unis, d’après les contrats existants.

Dans un cas comme dans l’autre, comme nous l’avons vu au cours du dernier trimestre, une exposition diversifiée au secteur s’est avérée essentielle, le rendement des parts de HMMJ surpassant significativement celui des parts de HMUS sur une base trimestrielle, ce qui souligne la nécessité d’améliorer potentiellement la diversification en ayant une certaine exposition aux deux FNB.

 

 

 

 


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HMUS devrait investir dans le secteur du cannabis dans certains États américains qui ont légalisé le cannabis à des fins thérapeutiques ou pour les adultes, ce qui est interdit par la législation fédérale américaine actuelle. HMUS procèdera à des investissements passifs dans des entreprises exerçant des activités dans le secteur du cannabis aux États-Unis, là où la législation de l’État américain réglemente et autorise ces activités, ainsi que dans des entreprises actives dans le secteur du cannabis légal au Canada. Ni HMMJ, ni HMUS ne participera directement à la fabrication, à l’importation, à la possession, à la consommation, à la vente ou à la distribution du cannabis, que ce soit au Canada ou aux États-Unis. Veuillez lire la déclaration complète sur les risques contenue dans le prospectus avant d’effectuer un placement.

HMMJ n’investira pas sciemment dans des émetteurs constituants qui sont exposés au marché de la marijuana à des fins médicales ou récréatives aux États-Unis à moins que ces investissements ne soient ne légaux, et pas avant la légalisation effective. HMMJ ne participera pas directement à la fabrication, à la possession, à la consommation, à la vente ou à la distribution du cannabis, que ce soit au Canada ou aux États-Unis. Veuillez lire la déclaration complète sur les risques contenue dans le prospectus avant d’effectuer un placement.