La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

Comme il en a le secret, Donald Trump a, en quelques tweets, radicalement modifié l’atmosphère des marchés. S’étant d’abord félicité de l’avancée des discussions commerciales, il a déclaré cette semaine que les chinois avaient «cassé» l’accord, en refusant de transcrire dans la loi certains engagements, et il a procédé à l’augmentation redoutée des droits de douane.

La hausse des marchés et de la conjoncture depuis le début de l’année, tant aux US qu’en Chine, a redonné de l’air aux belligérants et les incite à réviser leurs prétentions. En termes de calendrier, l’élection américaine est encore suffisamment éloignée pour que les US puissent prolonger les négociations. Pour autant, sa menace d’étendre les taxes à toutes importations (il en reste environ 300Mds) parait encore assez peu crédible car elle pèserait fortement sur le consommateur américain.

Va-t-il déterrer toutes les haches de guerre?

Ayant reçu un rapport détaillé sur les importations automobiles, le président américain doit décider la semaine prochaine des suites qu’il veut y donner. Si l’expérience suggère d’imaginer le pire, certains éléments pourraient modérer sa décision.

• D’abord, les tarifs douaniers augmentent les prix payés par les consommateurs car il n’y a pas de substitution parfaite avec des produits locaux. Il y aura donc perte de pouvoir d’achat et baisse de la demande d’automobiles, avec des implications négatives pour les distributeurs.

• Les interconnexions entre l’Europe et les US dans la chaine de production des automobiles font que des droits de douane américains pourraient avoir des effets domestiques indésirables. Ainsi, 25% des importations sont des composants de véhicules produits aux US et les droits pèseront donc aussi sur les producteurs américains. Au global, seule la moitié de la valeur ajoutée des automobiles est produite aux US, ce qui rend délicat de discriminer entre les voitures domestiques et étrangères.

• Inversement, les voitures exportées par l’UE comportent 13% de composants américains, de sorte que les droits pèseront sur la demande locale.

• Enfin, les répliques européennes aux décisions unilatérales américaines sont également un canal qui pénalisera globalement l’industrie américaine.

• Autre complexité du dossier, le fond même des demandes américaines est contestable: elles ne concernent que l’écart de droits sur les véhicules standard (2,5% aux US, contre 10% dans l’UE), alors que pour les vans, les pickups et les camionnettes, qui représentent 70% du marché, l’écart est inverse (25% aux US contre 10% dans l’UE, ce qui remonte à une guerre commerciale des années 60). L’UE pourrait donc proposer une baisse réciproque des droits, qui ne ferait pas l’affaire des US.

Il est donc encore concevable que le président diffère sa décision (il s’agira alors de novembre) et utilise la menace des autos dans le cadre d’une discussion plus globale.

Elections européennes: le test populiste

Un des enjeux des élections européennes sera le score des partis populistes. A l’image de la situation italienne, on pourrait voir la montée des partis de droite souverainistes et leur alliance possible avec la gauche anti-capitaliste. La balance des pouvoirs au Parlement, qui a été traditionnellement dominé par une coopération de centre droit et gauche, pourrait s’en trouver modifiée. Il faut noter qu’il suffirait d’un tiers des sièges pour influer, négativement, sur de nombreux dossiers:

  • élection du Président de la Commission,
  • accords commerciaux,
  • intégration de nouveaux membre,
  • politique migratoire et
  • poursuite contre des pays ne respectant pas les règles de l’Etat de droit (Hongrie, …).