Le dernier épisode de la série Brexit, débutée le 23 juin 2016, s’est conclu par un nouveau cliffhanger1: alors que le vote était attendu samedi au Parlement réuni exceptionnellement le temps d’un week-end, les députés ont préféré repousser leur décision afin de forcer Boris Johnson à demander un nouveau report de 3 mois à la Commission Européenne.

Par Olivier de Berranger, CIO et Clément Inbona, Fund Manager à la Financière de l’Echiquier

 

Olivier de Berranger

La situation est donc plus confuse que jamais, avec un premier ministre britannique qui continue de déclarer sa ferme intention de sortir son pays de l’UE, tout en se retrouvant contraint par le Parlement de changer de plan. L’échéance du 31 octobre approchant rapidement, les rebondissements pourraient encore être nombreux, mais nul doute que l’impact du référendum a déjà marqué et marquera durablement l’économie britannique de stigmates. Si l’on compare la situation qui prévalait avant le vote avec l’actuelle, le constat est sans appel: l’économie du royaume est déjà affaiblie par ce choc politique et les actions britanniques ont davantage souffert que les actions du reste du monde.

Quelques chiffres suffisent à résumer l’impact de ce vote démocratique sur l’économie britannique : entre 2015 et 2019, la croissance du PIB pourrait être divisée par deux, passant de +2,4% en 2015 à seulement +1,2% attendu pour cette année, tandis que la livre sterling s’est dépréciée de près de 13% face à l’euro et de plus de 15% face au dollar.

Clément Inbona

En observant la valorisation des actions du Footsie, l’indice de référence du marché britannique, le bilan est tout aussi sombre. Avant le référendum, elles étaient quasiment aussi chères que les actions de l’indice MSCI World; après celui-ci, elles se sont dépréciées de 3 points, selon le ratio cours sur bénéfices anticipés à 12 mois.

Dans l’hypothèse où un accord serait conclu avant la fin de cette saison, le 31 octobre prochain, de nombreuses inconnues parsèment néanmoins la suite du feuilleton. L’intrigue devrait s’articuler autour des négociations commerciales que le Royaume-Uni mènera pour préparer la période post-transition qui s’achèvera fin 2020. Et si une fin claire venait à se dessiner, l’activité économique pourrait reprendre, offrant de la visibilité sur les valeurs britanniques, ce qui conduirait à un regain d’attrait pour ces sociétés délaissées par les investisseurs depuis longtemps. Par ailleurs, cette transition pour l’économie britannique invite plus largement le pays à repenser son modèle économique en redéfinissant sa relation future avec l’UE, ce qui pourrait aussi bien être une belle opportunité qu’un risque pour l’avenir.

 

Cette analyse correspond à l’opinion des gérants à une date donnée.


1. Le cliffhanger désigne, dans la terminologie des œuvres de fiction, un type de fin ouverte destiné à créer une forte attente. Il y a cliffhanger quand un récit s’achève avant son dénouement, à un point crucial de l’intrigue, quitte à laisser un personnage dans une situation difficile, voire périlleuse. Ce type de fin, très fréquent dans les feuilletons, implique souvent une suite. (Wikipédia)