Le monde vit une des plus grandes crises de l’après-guerre. Depuis 70 ans, il a connu bien des guerres et des catastrophes. Mais la mise à l’arrêt soudaine–et volontaire–d’une grande partie du monde économique, couplée à la rupture des échanges sociaux et commerciaux entre les individus et les pays, ainsi qu’à la menace d’une mortalité anormalement élevée en temps de paix, est inédite. En 2008-2009, la vie économique avait certes été freinée, mais pas brutalement arrêtée, sauf dans quelques banques.

Avant toute chose, La Financière de l’Échiquier exprime son profond soutien aux familles touchées par l’épidémie et ses plus sincères remerciements aux équipes soignantes.

 

Olivier de Berranger

Le monde vit une des plus grandes crises de l’après-guerre. Depuis 70 ans, il a connu bien des guerres et des catastrophes. Mais la mise à l’arrêt soudaine–et volontaire–d’une grande partie du monde économique, couplée à la rupture des échanges sociaux et commerciaux entre les individus et les pays, ainsi qu’à la menace d’une mortalité anormalement élevée en temps de paix, est inédite. En 2008-2009, la vie économique avait certes été freinée, mais pas brutalement arrêtée, sauf dans quelques banques.

Heureusement, les Etats ont cette fois rapidement mis en place des amortisseurs. Les plans de soutien aux entreprises, via notamment des garanties d’Etat aux prêts bancaires, des différés de loyer et de taxes, voire leur pure et simple annulation, se sont multipliés. En Europe, les entreprises qui seraient proches de la faillite seront soutenues, peut-être nationalisées pour certaines d’entre elles–on peut penser notamment aux compagnies aériennes. Inutile d’égrener en détail les milliers de milliards de dollars (ou d’euros) promis; les sommes dépassent l’imagination.

Les ménages n’ont pas été oubliés. Après Hong Kong, les Etats-Unis promettent eux aussi d’envoyer directement des chèques aux ménages, qui pourraient se monter à hauteur de 1 000 dollars par adulte. Ce n’est peut-être qu’un début. Le chômage partiel sera compensé par l’Etat.

Tous les pouvoirs en place s’évertuent à limiter la défiance des acteurs économiques, qui aggraverait encore le ralentissement. «Quoi qu’il en coûte» (dixit le Président français), il faut prestement donner aux acteurs économiques l’assurance qu’ils peuvent continuer à entreprendre, à travailler, à prêter, et qu’ils seront rétribués. Le prix pour les Etats en sera élevé, mais il le serait encore plus si la confiance s’écroulait. Et comme ce prix est payé à crédit, par de la dette d’Etat achetée notamment par les banques centrales, il n’est pas douloureux tant que les taux sont bas. Le mécanisme est bien huilé.

Les marchés eux aussi ont fait l’objet de soins intensifs. Grippés par la défiance, par la réduction des effets de levier, par les conditions opérationnelles délicates en raison du confinement, ils ont tout d’abord subi un choc de volatilité historique. Ainsi l’indice de volatilité implicite des produits dérivés, le VIX américain, a-t-il battu son record datant de 2008. Et la liquidité s’est un moment tarie sur les obligations d’entreprises de bonne qualité, y compris à court terme, qui sont pourtant les instruments parmi les plus sûrs a priori. Pour remédier à cela, la BCE a annoncé un gigantesque programme d’achat d’obligations, plus de 1 000 milliards d’euro sur 2020. La Fed de son côté injecte des monceaux de liquidité sur le marché interbancaire et monétaire afin de garantir la liquidité des fonds réputés les plus sûrs, qui paraissaient près de chavirer.

Tous les feux sont donc poussés pour arracher l’économie à la dépression qui vient. On ne l’évitera probablement pas pour autant, mais ses dommages seront moindres. Même si la coordination entre Etats est parfois imparfaite, on constate qu’elle finit par apparaître.

Il y aura un avant et un après mars 2020. Nous vivons un moment historique. Les mécanismes mis en place en 2008 ont été poussés bien plus loin qu’auparavant. Il faut s’en féliciter au nom de la préservation du système économique. Mais nous basculons dans un monde où la dette d’Etat sera encore bien plus élevée. Par contrecoup, les taux réels devront rester encore plus bas pour que la dette soit soutenable. Ce qui signifie une croissance potentielle encore plus faible pour la décennie à venir, qui devra en outre affronter d’autres défis, comme le défi environnemental.

Le combat pour préserver l’économie est donc ardu, mais les banques centrales ont montré qu’elles étaient bien au rendez-vous. On peut souffler un peu.

 

Article achevé de rédiger le 20/03/2020.

 


Les informations communiquées sont le résultat de recherches internes fondées sur la base des meilleures sources en notre possession et issues d’informations publiques. Elles ne sont pas constitutives d’un conseil en investissement.

La Financière de l’Échiquier décline toute responsabilité quant à la pertinence ou à la réalisation de ses prévisions.