Depuis mars dernier, un seul et unique sujet monopolisait la une des médias: la pandémie de coronavirus et ses conséquences sanitaires, sociales ou économiques. Nous assistons cependant depuis quelques jours au retour de marronniers sans doute trop rapidement mis de côté: la rivalité sino-américaine et le divorce du Brexit.

Olivier de Berranger

Après l’accord « phase one » qui a mis un terme à plusieurs mois de conflits commerciaux entre les Etats-Unis et la Chine, un certain apaisement était perceptible depuis janvier. C’était oublier trop vite le tempérament explosif du président américain. Adepte du concept de réalité alternative et friand de thèses complotistes, il n’a pas attendu longtemps pour sortir son bazooka, non pas pour relancer l’économie et calmer les marchés financiers, mais pour le diriger vers l’une de ses cibles favorites: la Chine. Après avoir accusé la Chine d’être responsable du «Chinese virus» et d’avoir échouer à en stopper sa propagation, les Etats-Unis accusent à présent la Chine d’espionnage industriel sur chercheurs qui s’attèlent à développer un vaccin contre le Covid-19. En représailles, D. Trump menace de rompre les relations avec son partenaire chinois. L’accord de janvier semble ne plus tenir qu’à un fil, et la récession mondiale n’arrange rien à son exécution. Jusqu’ici, l’escalade n’est pas à l’ordre du jour, la Chine se contente de dénoncer la diffamation américaine. Mais la tenue de la réunion annuelle du Parlement chinois, à partir du 22 mai, pourrait être l’occasion pour l’appareil chinois de revoir en profondeur sa stratégie face à l’Oncle Sam. Côté américain, il est difficile de penser que les propos belliqueux d’un président en difficulté pour sa réélection vont se tarir. Reste à savoir s’il se limitera à des paroles et des tweets pour flatter son électorat, ou s’il ira jusqu’à prendre des mesures effectives.

L’autre feuilleton relégué à l’arrière banc jusqu’à il y a peu: le Brexit. Une nouvelle saison pourrait le propulser de nouveau en Une. En effet, après les douloureuses négociations qui ont débouché sur un accord et posé les contours du divorce, le calendrier pour fixer les détails de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne semblait ambitieux. Or en ajoutant les lourdeurs du confinement et les postures contradictoires des protagonistes, il semble hors de portée d’arriver à définir précisément la relation future d’ici au 31 décembre 2020. Pourtant, les Britanniques ne semblent pas pressés d’acheter du temps. Ils écartent un report de l’échéance, qui doit être demandé d’ici le 1er juillet. Quant aux négociateurs européens, ils déplorent la rigidité britannique sur les sujets les plus complexes. Tout porte à croire qu’il faudra se rapprocher-une nouvelle fois malheureusement-au plus proche du précipice pour que les postures changent et que des compromis soient envisageables.

Pour les marchés financiers, déjà volatils à cause de la récession inédite à l’œuvre, le retour durable de ces thèmes pourrait ancrer un stress durable sur les actifs financiers. Enfin, ce n’est sans doute pas un hasard si les gouvernements américain et britannique s’appuient sur les ressorts populistes, ils ont été largement critiqués pour leur gestion de la pandémie et tentent d’en détourner l’opinion publique au plus vite.

 

Rédaction achevée le 15.05.2020


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