Peu l'auraient parié en début d'année, mais finalement, quoi qu'il advienne d’ici fin 2018, la "guerre commerciale" aura été le grand sujet de l'année.

Le thème de la semaine

Olivier de Berranger, CIO, La Financière de l’Echiquier

A ce stade, il n’y a plus guère de place pour les positions tièdes, entre ceux qui pensent que la poursuite de l’escalade pèsera fortement, à moyen terme, sur la croissance mondiale, et ceux qui estiment que, les élections de mi-mandat en ligne de mire, Donald Trump lèvera peu à peu le pied et cherchera peut-être même un accord avec la Chine dont il pourrait s’enorgueillir.

Nous sommes davantage sur cette ligne, que la tendance des dernières semaines semble accréditer. D’une part, une nouvelle rencontre réunira rapidement les représentants américains, sous la houlette du Secrétaire d’Etat au Trésor, Steven Mnuchin, et leurs homologues chinois, emmenés par le vice-Premier ministre Liu He. Une première rencontre entre les deux hommes en mai dernier avait été à deux doigts d’aboutir à un accord… avant un énième tweet du Président américain. Ce nouveau tour de table pourrait s’avérer plus productif. D’autre part, alors que la période de consultation publique préalable s’est achevée le 5 septembre, on craignait que les États-Unis annoncent rapidement des taxes sur 200 milliards de dollars de produits chinois supplémentaires. Il n’en a rien été. D. Trump, qui n’a plus évoqué ce montant, a employé, dans un récent tweet au ton certes toujours véhément, le terme « d’accord ».

Un contexte qui a fait nettement rebondir les actifs émergents, grands perdants de ces tensions commerciales. Alors que certains indices d’actions émergentes sont officiellement entrés en bear market ces dernières semaines, cela pourrait-il marquer un point de retournement? Il est évidemment trop tôt pour le dire, a fortiori compte tenu du caractère imprévisible de M. Trump. Néanmoins, un accord entre la Chine et les États-Unis rebattrait probablement les cartes sur les marchés et corrigerait certains des excès de l’année.

Un dollar et des valeurs américaines de croissance, notamment technologiques, surachetés et des actifs émergents (actions, dette et devises) ainsi que des valeurs value européennes survendues: les écarts sont aujourd’hui tels qu’une détente sur la guerre commerciale entraînerait probablement des rotations relativement violentes, d’autant plus dans une période de fin d’année traditionnellement favorable à ce type de rééquilibrages.

Une manière de redonner des couleurs à une année boursière jusque-là on ne peut plus chahutée, mais qui ne lèvera pas, à terme, toutes les incertitudes, notamment pour les actifs émergents. Le risque a jusqu’ici été sans doute minimisé: l’impact de la normalisation monétaire de la Fed. A contrario, cette hausse des taux pourrait soutenir la thématique value dans les pays développés.