Comme nous le redoutions depuis plusieurs semaines, la période des publications de résultats d’entreprises s’est ouverte sur un nombre non négligeable de déceptions, des deux côtés de l’Atlantique, notamment pour les secteurs de croissance ou défensifs, favorisés depuis le début de l’année.

Olivier de Berranger, CIO, La Financière de l’Echiquier

SAP, par exemple, a publié des chiffres inférieurs aux attentes, notamment sur la marge et l’excédent brut d’exploitation. Le groupe allemand a surtout annoncé un net recul de la croissance de son activité de cloud, à 15% contre 26% au 1er trimestre. RICHEMONT a, pour sa part, nettement déçu sur la croissance de son chiffre d’affaires, ressortie à 3% alors que le consensus attendait 5%. Le britannique ASOS a, pour la troisième fois en huit mois, fait un avertissement sur ses résultats, révisant, une nouvelle fois, ses prévisions à la baisse. Le géant NETFLIX a quant à lui perdu des abonnés aux Etats-Unis, une première de son histoire, tout en attirant qu’à peine la moitié du nombre de nouveaux clients anticipé à l’échelle mondiale. Enfin, on notera pêle-mêle la révision à la baisse des perspectives de BRENNTAG, les résultats trop justes de TEMENOS ou, à nouveau, le mauvais trimestre de PUBLICIS.

Certes, il y a eu aussi de solides publications, comme celles d’ASML, de BURBERRY ou encore de MICROSOFT. Mais globalement cette première semaine n’est guère encourageante. Pour autant, la réaction des marchés n’a pas été si négative. Malgré des valorisations élevées, si l’on excepte des cas exceptionnels comme ASOS, l’ampleur des corrections post-publication a été plutôt modérée. De plus, de nombreux titres concernés ont terminé la semaine dernière au-dessus de leur niveau post-publication. Comme si, au fond, les investisseurs ne trouvaient pas matière à inquiétude dans ces résultats qui, pourtant, font écho à des chiffres macroéconomiques dégradés.

Avec une absence d’originalité confondante, l’explication reste la même : l’action des banques centrales! Les garanties apportées notamment par la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (Fed) au cours du premier semestre continuent à faire office de filet de sécurité. Et ce d’autant plus que le caractère accommodant de leur positionnement a de nouveau été confirmé la semaine dernière. On a ainsi appris que la BCE réfléchissait à la révision de son objectif d’inflation. Autrement dit, l’institution pourrait, à l’avenir, considérer la cible de 2% comme une référence autour de laquelle fluctuer, et non plus comme un plafond à ne pas dépasser. Cela lui permettrait d’accepter temporairement une inflation supérieure à 2%, sans nécessairement agir, en maintenant donc plus longtemps sa politique accommodante.

La Fed n’a pas été en reste. Le président de la Fed de New York, John C. Williams, a plaidé en faveur d’une «action préventive forte», un discours appuyé par le vice-président de la banque centrale, Richard Clarida, qui a jugé inutile d’attendre une dégradation plus forte de l’économie pour «faire un geste fort sur les taux». Ces propos ont été interprétés par certains investisseurs comme l’annonce d’une baisse des taux de 0,50% à la fin du mois (et non de 0,25% seulement). La probabilité en faveur de cette option est passée à 36,5%, contre 17,5% une semaine auparavant.

Nous jugeons cette dernière hypothèse exagérée. Néanmoins, alors que la saison des publications bat son plein, les marchés semblent, finalement, n’avoir d’yeux que pour les réunions à venir de la BCE (25 juillet) et de la Fed (31 juillet).