Nowcasters et vues macro de l’équipe en charge de l'allocation dynamique des stratégies multi-assets d'Unigestion.

Les taux n’obéissent qu’aux banques centrales

L’évolution récente des prix des emprunts d’État a certainement été l’une des plus surprenantes parmi les diverses classes d’actifs. Tous les facteurs sont réunis pour que les taux montent: des nouvelles macroéconomiques solides, un appétit pour le risque accru et des valorisations chères. Pourtant, les taux restent obstinément bas. L’inflation attendue ET réalisée augmente mois après mois, sans le moindre effet sur les taux nominaux. Qu’est-ce qui empêche les investisseurs de sortir des obligations d’État? Les banques centrales. Mais la vraie question est : pour combien de temps?

Et maintenant?

Des conditions macro en amélioration constante

Nowcasters de croissance et d'inflationForte, généralisée et en amélioration. C’est ainsi que l’on peut décrire le contexte macroéconomique actuel. Nos Nowcasters de croissance exclusifs et nos Newscasters à haute fréquence indiquent tous une dynamique de l’économie mondiale bien supérieure à la moyenne et qui s’accélère. La dernière fois que des chiffres aussi solides ont été observés, c’était fin 2017, pendant la période dite de Goldilocks. Ce qui n’était autrefois que des prévisions s’est maintenant traduit par des données concrètes. Malgré des disparités marginales, la situation est homogène dans les pays développés et les retardataires (comme la zone euro) rattrapent leur retard à mesure que la réouverture s’accélère grâce au succès des campagnes de vaccination.

Historiquement, les fondamentaux macroéconomiques devraient justifier des taux d’intérêt plus élevés, et le décalage entre les deux a rarement été aussi important. La situation peut durer plus longtemps que prévu, mais chaque jour de nouvelles torpilles macroéconomiques frappent la digue des banques centrales.

Banquiers centraux: les architects du “lower for longer”

Heartbeat Fed et taux long termeLe principal facteur déterminant l’évolution des prix des emprunts d’État sont les banques centrales, la Fed en tête. Différents mandats ont été confiés aux diverses banques centrales : principalement la stabilité des prix (inflation), la croissance et l’emploi. L’action monétaire basée sur les résultats devrait permettre d’anticiper plus facilement le comportement des décideurs politiques et – dans une certaine mesure – la réaction des marchés. Aujourd’hui, le marché semble se concentrer sur les données qui confirment la rhétorique de la Fed quant à la nature temporaire de l’inflation, tout en écartant les données qui pourraient leur donner tort. Un bon exemple est la publication de l’IPC de la semaine dernière pour le mois de mai, qui a dépassé les attentes – déjà élevées -. Les chiffres ont surpris à la hausse, mais la croissance des salaires a été négative. Après une réaction initiale poussant les actions à la baisse et les taux obligataires à la hausse, les actions se sont retournées pour atteindre des niveaux record, tandis que les taux obligataires ont baissé. Dans le même temps, la BCE n’a pas évoqué une réduction de la taille de son programme PEPP malgré la révision des prévisions de croissance et d’inflation. Toutefois, des voix hawkish s’élèvent parmi les banquiers centraux et le niveau actuel des injections de liquidités ne fait plus l’unanimité. Notre indicateur « heartbeat » des banques centrales, qui agrège les avis hawkish et dovish dans le temps, a commencé à grimper pendant quelques semaines, et nous pensons que ce n’est que le début.

La déconnexion entre les fondamentaux et l’action monétaire s’accentue de jour en jour, et nous pensons que le moment de changer d’attitude arrive plus vite que prévu.

La valorisation des taux long est très chère…

Taux US 10 ansIl existe de multiples façons d’évaluer la valorisation fondamentale théorique des taux, mais elle devrait en principe tenir compte d’une prime de croissance, une prime d’inflation et une prime de terme. Compte tenu du niveau actuel de croissance et d’inflation, la juste valeur des taux américains à 10 ans devrait se situer autour de 3,6%. Le niveau actuel étant de 1,5%, nous vivons actuellement le plus grand écart par rapport aux fondamentaux depuis au moins le début des années 90. C’est exactement l’objectif de l’accommodation colossale des banques centrales: réduire l’attractivité des taux à long terme pour inonder le système financier de liquidités, réduire les coûts de financement pour inciter la consommation et l’investissement dans des alternatives plus risquées dans l’économie réelle ou – le plus souvent – dans des actifs financiers.

…mais il reste de acheteurs

carry 10 ansBien que les valorisations absolues fondamentales soient extrêmement élevées dans le cadre de l’expansion macroéconomique actuelle, le niveau actuel de portage offert par les bons du Trésor américain à long terme constitue une opportunité d’arbitrage pour les investisseurs obligataires. En effet, un portage de 3% semble aujourd’hui intéressant pour la plupart des acheteurs étrangers par rapport au portage de leurs obligations d’État nationales. Dans une certaine mesure, cela peut également être intéressant pour les allocateurs d’actifs qui investissent dans le domaine du crédit par le biais d’indices de spreads. Avec le spread actuel des obligations américaines à haut rendement autour de 300 points de base, descendre significativement dans la courbe de risque pour le même rendement attendu semble être attractif, tant que la Fed protége du risque de duration.

Bien que toutes les conditions soient réunies pour pousser les rendements à la hausse, les banques centrales gardent toujours la main sur les taux, et ce aussi longtemps qu’elles le souhaiteront. Nous pensons que les risques associés à cette « grande manipulation » sont croissants et que la détention d’obligations d’État offre des sources de rendement peu attrayantes et asymétriques pour le moment. Nous préférons rester sous-exposés à la classe d’actifs et surpondérer les primes de risque offrant un meilleur potentiel de hausse face aux pressions inflationnistes, comme les matières premières cycliques et les breakevens d’inflation.

 

Nowcasters

Nowcaster de croissance mondiale
Notre Nowcaster de croissance mondiale a encore progressé la semaine dernière, les États-Unis étant le principal catalyseur positif.

 

Nowcaster d'inflation mondiale
Notre Nowcaster sur l’inflation mondiale a également légèrement avancé, surtout en raison de l’inflation US.

 

Nowcaster de tensions sur les marchés
Les tensions sur les marchés sont restées faibles, les
sous-composantes restant stables à des planchers bas.

 

Sources : Unigestion. Bloomberg, au 11 juin 2021

 


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