Alors que les marchés hésitent depuis fin juin, de bonnes nouvelles sur le front épidémiologique, un nouveau plan de relance aux Etats-­Unis et l'extension des mesures de soutien monétaire pourraient, au-­delà de la volatilité saisonnière, ouvrir la voie à une nouvelle phase de hausse.

par Wilfrid Galand, Directeur Stratégiste de Montpensier Finance

 

Bien sûr, rien n’est gagné et l’incertitude est toujours bien présente. Après une chute historique de l’activité au second trimestre, le rebond n’a pas suffi à redonner le sourire aux économistes. Nos indicateurs MMS Montpensier Market Scan de Momentum économique en témoignent, il y a du mieux mais l’élan n’est pas complètement revenu : sur une échelle de 0 à 100, le MMS Monde plafonne à 32, la zone euro à 33 et les Etats-Unis à 28. Nous revenons certes de loin après des creux historiques inférieurs à 10 pour certains pays, mais seule la Chine atteint le niveau de 50.

Ces deux mois d’été sur les marchés européens ont été à l’image des diagnostics sur l’activité: prudents et finalement sans grande tendance, à l’écoute surtout des nouvelles sur le front épidémique. Rien de très rassurant à première vue: le virus résiste et continue de perturber la vie quotidienne des citoyens et des entreprises et plus généralement la marche des affaires. Aux Etats-Unis, le climat boursier a été plus optimiste particulièrement pour les valeurs technologiques et Donald Trump a jusque-là bien pris garde à ne pas contrarier Wall Street.

Le momentum de croissance mondiale s’est repris depuis le 5 juin
Source : Montpensier Finance / Bloomberg au 31 août 2020

Pourtant, c’est bien du front sanitaire que pourrait paradoxalement venir un premier moteur de hausse des indices. Tout d’abord, même si les contaminations repartent ponctuellement à la hausse en Europe–sans toutefois peser, à ce stade, sur les systèmes de santé-la courbe s’infléchit aux Etats-Unis et la Chine vient même de supprimer l’obligation du masque en public. En Europe, malgré le regain du CoVid, les pouvoirs publics cherchent unanimement à éviter toute nouvelle mesure coercitive qui pourrait stopper l’élan économique.

Mais surtout, la recherche avance vite. Grâce à une coopération internationale et à une accélération sans précédent des procédures de validation scientifique, pas moins de six vaccins sont en phase finale de test et visent une validation avant la fin de l’année. C’est la première clé pour le retour de l’optimisme sur les marchés.

La deuxième clé réside dans un possible plan de relance additionnel aux Etats-Unis. La tension politique sur la scène américaine et la tenue, fin août, des conventions démocrates et républicaines pour désigner officiellement les candidats aux Présidentielles, a bloqué le processus au Congrès.

Pourtant les deux partis sont d’accord sur l’essentiel: prolonger l’aide aux classes populaires et moyennes pour éviter d’accroître les difficultés économiques et sociales. Les divergences portent sur le montant (Les Républicains considèrent 1000 milliards de dollars comme un plafond indépassable tandis que les Démocrates ont un objectif avoué de 3000 milliards de dollars) et surtout sur le budget alloué aux collectivités locales. Un compromis est attendu par les investisseurs qui ont porté Wall Street à un nouveau record.

Enfin, comme toujours depuis dix ans, la troisième clé est monétaire. Les banques centrales ont déjà beaucoup promis et beaucoup fait. La Fed à elle seule a propulsé son bilan de 4000 à plus de 7000 milliards de dollars en quelques semaines, et la BCE n’est pas en reste avec son plan «pandémie» (PEPP) de 1350 milliards d’euros.

Peuvent-elles en faire plus? Au symposium de Jackson Hole, Jerome Powell a manifesté une attitude très flexible: priorité à la croissance et peu importe l’inflation. Les conseils de politiques monétaires le 16 septembre pour la Fed et le 10 septembre pour la BCE, seront très attendus particulièrement ce dernier. Une fois n’est pas coutume, c’est cette dernière qui est la plus attendue.

D’abord parce que la proximité de l’élection présidentielle américaine rend moins probable une action ou une prise de position radicalement nouvelle de la banque centrale américaine. Mais surtout parce que la remontée très rapide de l’euro face au dollar depuis mi-juillet inquiète les milieux économiques et financiers du Vieux Continent.

C’est en effet souvent par l’instabilité des taux de change que les crises se propagent, la surévaluation du Franc Poincaré dans le cadre de la crise de 1929 est de triste mémoire en France. Eviter une trop forte remontée de l’Euro entre sans doute dans l’objectif de «stabilité financière», de la BCE même si elle ne l’avouera pas.

Aller plus loin dans les taux négatifs semble exclu : ils pèsent sur le système financier européen et donc sur la transmission, via le crédit, de la politique monétaire à l’économie. En revanche la redéfinition d’un objectif d’inflation au-delà de 2% ou une possible nouvelle extension du PEPP, pourraient stopper le mouvement d’appréciation de la monnaie unique. Rien n’a filtré à ce stade des intentions de de l’institution de Francfort mais les jeux nous semblent très ouverts.

Guettons donc le 10 septembre prochain: alors qu’ils accusent un retard très important sur leurs homologues américains depuis le début de l’année, le moment serait bien choisi pour redonner de l’air aux marchés européens et inverser la tendance. À Christine Lagarde de jouer!

 


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