Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers.

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

Coup de chaud sur les marchés

La réaction actuelle des marchés en zone euro est peu intuitive. Alors que les indicateurs avancés sont au plus haut depuis la crise de 2009, les marchés sont en proie au doute et les actifs risqués, liés pourtant à la croissance, se déprécient. Plusieurs explications peuvent être avancées:

  • Les marchés anticipent les effets du tapering à venir de la BCE. A la différence de la plupart des épisodes de baisse vécus ces dernières années, les actions et les obligations souveraines baissent de concert, en raison d’une même crainte d’un reflux global de la liquidité.
  • Les indicateurs d’aversion au risque ont atteint des niveaux historiquement bas, ce que l’on est tenté d’interpréter comme une surévaluation des actifs risqués. Cette thèse peut être renforcée par l’idée que le soulagement causé par l’élection française a été « surpayé » par les marchés.
  • Des craintes sur la croissance américaines apparaissent, encouragées par l’évolution des profits des entreprises (en baisse), de leur endettement (au plus haut), de la création de crédit (en baisse), de la productivité (toujours très basse) ou de la faible pente de la courbe des taux, autant d’indicateurs qui suggèrent que nous ne sommes plus très loin de la fin du cycle.

Bien que nous suggérions également la semaine dernière une attitude plus prudente vis-à-vis des actifs risqués, la situation ne doit pas selon nous être exagérée:

  • La BCE, d’abord, est face à une tâche délicate mais pas impossible. Elle doit accompagner la reprise de l’activité et de l’inflation en normalisant le contexte monétaire, sans peser (outre mesure) sur cette reprise. Après un premier essai infructueux, la Fed y est bien parvenue et on a par ailleurs vu à quel point la BCE est soucieuse de ne pas laisser se dégrader les conditions financières.
  • Si l’on mesure la prime de risque action par rapport aux swaps d’inflation, qui est une mesure non polluée par les effets du QE sur les taux, on peut conclure que les valorisations actuelles des actions européennes sont sur la moyenne des trois dernières années, tandis que les perspectives de croissance bénéficiaire sont excellentes. Elles ne sont pas plus chères que sur la période 2004-2007 ou bien 2010.
  • Enfin, le débat sur la proximité de la fin de cycle aux US n’est tranché aujourd’hui par aucun indicateur. Le cycle actuel est atypique à bien des égards et les US bénéficient d’un dynamisme synchronisé de la demande dans le reste du monde.

 

L’Obamacare n’est toujours pas remplacé

Ce devait être un acte libérateur et unanime des républicains mais elle témoigne au contraire aujourd’hui de leur impuissance et de leurs divisions. La réforme de l’Obamacare s’enlise, avec une introuvable majorité au Congrès. Il est vrai que le risque politique n’est pas négligeable: sans système alternatif, 22 millions d’américains perdraient leur couverture. Les républicains se déchirent donc entre ceux qui veulent ménager leur électorat et les tenants d’un libéralisme dogmatique. Cet échec présage mal de la grande réforme annoncée de la fiscalité, un sujet plus complexe encore. Le FMI a d’ailleurs exprimé son scepticisme sur ce plan et les estimations de croissance du gouvernement. L’institution notait que des choix importants restaient encore à faire et que les réformes envisagées n’étaient probablement pas à même d’atteindre les objectifs déclarés.

 

Source : Ellipsis AM, Bloomberg