Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers.

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

Habemus Brexitam

Grâce à un accord de dernière minute sur la question de la frontière irlandaise, les discussions entre le UK et la Commission ont finalement abouti. Il ne reste plus aux dirigeants européens qu’à valider cette première phase lors du sommet de la semaine prochaine pour passer aux négociations commerciales. Un accord de transition assez long, préservant une large partie des relations commerciales actuelles devient plus probable.

Au-delà, cette situation pourrait même se solidifier, d’autant plus facilement que le référendum sera une histoire plus ancienne. Il s’agit donc d’une nouvelle favorable pour les actifs risqués européens.

 

La courbe des taux US s’aplatit

La courbe des taux est un concentré d’anticipations économiques. Or, sur l’année 2017 l’écart entre les taux courts et les taux longs s’est réduit très nettement. Sur l’intervalle 2-10 ans, on est passé de 1,3% en début d’année, à près de 0,5% aujourd’hui, un niveau jamais atteint depuis la crise. Beaucoup y voient le signe d’une récession prochaine aux US. Toutefois, si l’on calcule le taux forward, c’est-à-dire celui d’un placement à 8 ans à départ différé dans 2 ans, il s’établit à 2,5% aujourd’hui et sa tendance est restée stable sur les trois dernières années (crise chinoise et élection de Trump mis à part). Nous interprétons donc les mouvements récents ainsi:

  • la forte hausse du taux 2 ans correspond à la prise en compte progressive par le marché du rythme de resserrement de la Fed;
  • la stabilité du 8 ans dans deux ans anticipe une convergence de la croissance vers son potentiel, déprimé par la productivité et une inflation faible.

 

Les métaux industriels corrigent

Après une hausse de près de 25% sur les 10 premiers mois de l’année, les métaux industriels enregistrent une nette correction, de plus de 8% depuis début novembre. Celle-ci reflète les perspectives d’une moindre demande chinoise, elle-même suivant les mesures restrictives visant à freiner la croissance de l’endettement. Il existe d’ailleurs une corrélation frappante entre ces matières premières et l’indice boursier chinois. S’ils restent encore mesurés, ces mouvements doivent être suivis de près car ils constituent des indicateurs avancés de l’activité chinoise – dont la croissance mondiale dépend beaucoup.

 

La zone euro est-elle réformable ?

Profitant d’un contexte économique porteur et d’un calendrier politique peu chargé, la Commission a formulé des propositions pour l’évolution de la zone:

  • Mutation de l’ESM en un réel fonds monétaire, pour les états et les banques, qui assurerait à la zone son indépendance vis-à-vis du FMI;
  • Création d’une capacité fiscale pour le soutien des réformes et la relance contracyclique. Ce budget pourrait être réservé et administré par la zone euro;
  • Création d’un ministre des finances, qui veillerait au respect des règles budgétaires, qui superviserait l’eurogroupe et l’ESM et qui représenterait l’UE devant les institutions financières internationales.

Ces propositions n’ont pas suscité pour l’instant beaucoup d’enthousiasme, notamment car elles impliquent un pouvoir des instances européennes d’organiser des transferts, pouvoir que les pays d’Europe du Nord rechigneront à déléguer. En revanche, elles pourraient certainement améliorer la capacité de réaction de la zone en cas de crise.